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Coronavirus : les prisons inquiètes face à l'épidémie

Les prisons françaises tentent de se préparer en cas de propagation du coronavirus dans leurs murs. Les prisons françaises tentent de se préparer en cas de propagation du coronavirus dans leurs murs. [DOMINIQUE FAGET / AFP]

Alors que l’épidémie de coronavirus ne cesse de se propager en France, les prisons tentent de s’organiser en cas de contamination à l’intérieur de leurs murs. Si aucun malade n’a été signalé comme porteur du Covid-19, les établissements pénitentiaires restent inquiets face à la propagation du virus.

Le syndicat Force Ouvrière Pénitentiaire a été reçu vendredi dernier par la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris afin d'établir des mesures préventives au coronavirus. «Si nos détentions et les personnels pénitentiaires ont pour habitude de gérer ce genre de maladies infectieuses comme la tuberculose ou la gale, bon nombre de collègues s’interrogent et sont inquiets devant ce virus qui gagne du terrain de jour en jour», avait déclaré le syndicat dans une lettre ouverte publiée le 28 février. 

Les différents centres préparent alors le passage au stade 3 de l’épidémie. Les préoccupations se concentrent sur les «nouveaux entrants» dans les établissements. Pourtant, aucune mesure supplémentaire n’a été décidée pour la visite médicale d’entrée en détention. Les nouveaux détenus ne seront pas testés au covid-19, mais l’administration reste vigilante en s’assurant qu’aucun d’entre eux ne vient d’une zone à risque. Aucune disposition particulière n’est envisagée pour les visiteurs. 

Pour se préparer à une éventuelle quarantaine, les établissements vident des cellules individuelles, à l’écart du reste de la détention, pour pouvoir isoler les personnes infectées. «On pourra procéder ainsi pour quelques cas, mais les prisons manquent déjà de place. On ne pourra pas libérer des dizaines de cellules», assure Erwan Saoudi, délégué de FO Pénitentiaire.

Si les prisons ont reçu des stocks de masques de protection FPP2, elles n’échappent pas à la pénurie de gel hydroalcoolique dans l’Hexagone. Les détenus ont tout de même à leur disposition des serviettes en papier et du savon dans leurs cellules pour se laver les mains.

toujours dans l'incertitude 

Des seuils de contaminations vont être établis, indique Erwan Saoudi, à «cinq, dix, vingt, cent contaminés…» En fonction de ces seuils, les établissements pénitentiaires pourront mettre en place des mesures de plus en plus restrictives : le port obligatoire du masque de protection, la diminution, voire l’interdiction des visites extérieures et de l’accès au parloir, allant potentiellement jusqu’au confinement total des détenus à l’intérieur des bâtiments. Les centres ne savent cependant pas encore à partir de quel moment ils pourront enclencher ces restrictions. 

L’épidémie du nouveau coronavirus met en lumière des problématiques quotidiennes pour le secteur pénitentiaire. «Les prisons sont déjà en pénurie d’agents en temps normal», déplore Erwan Saoudi, qui affirme tout de même que certains établissement pourront fonctionner en «mode dégradé», c’est-à-dire a minima avec les seuls effectifs disponibles, si l'épidémie atteint les agents.  La surpopulation carcérale risque aussi d’aggraver la situation. Avec plus de 70.000 détenus pour seulement 61.000 places de prison en France, les établissements ne disposent pas d’assez de cellules individuelles pour la mise en quarantaine si le virus se propage chez les détenus. 

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