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«On a plus peur du confinement que du virus en lui-même» : ils ont décidé de quitter Paris

Ils ont décidé de ne pas rester cloîtrés chez eux. Alors que l'hypothèse d'un confinement strict montait ces dernières heures sur les réseaux sociaux - hypothèse depuis confirmée par Emmanuel Macron - des Parisiens ont fait le choix de quitter la capitale afin de ne pas subir ces nouvelles mesures renforcées.

Les annonces du Premier ministre Edouard Philippe, samedi soir, ont donné le coup de feu. Marine, son conjoint et un ami, tous trois Parisiens, ont alors décidé de prendre la route. «Hier soir, on a commencé à regarder les trains en direction de Toulouse car les parents de mon copain habitent dans les Pyrénées» a confié à CNEWS la jeune femme.

Le but de cet exode ? Quitter Paris pour avoir «un endroit un peu plus grand» qu’à l’habitude et «la possibilité de mettre le nez à l’extérieur ou profiter du jardin» en cas de confinement.

«rester enfermés le temps d’être surs qu’on ait rien»

Mais les déclarations gouvernementales n’ont pas été les seuls éléments déclencheurs pour le petit groupe. «Mon ami est espagnol, donc il suit beaucoup l’actualité de son pays, a ajouté Marine. Et là-bas, ils sont en train de mettre des amendes aux gens qui ne respectent pas le confinement total. Donc on se disait «si nous aussi on prend des amendes de 100 euros parce qu’on va chercher la baguette de pain, ou trouver un supermarché avec des vivres, ca va être très compliqué pendant un ou deux mois».

Concernant le côté professionnel, la question a été vite réglée car les trois Franciliens ont la possibilité de pouvoir effectuer une bonne partie de leurs activités par télétravail : «que ça soit à notre domicile ou ailleurs, c’est pareil pour notre employeur».  

Une fois la décision prise, c’est un autre problème qui s’est posé. Celui de la location d’un véhicule. «On a téléphoné à deux agences de location de voitures mais il n’en restait plus dans Paris, seulement à l’extérieur». Une fois le véhicule trouvé, ils l'ont loué «pour une journée, juste pour se rendre dans le Sud Ouest, dans les Pyrénées».  

Après 24 heures de route, il n'y aura pas de contact avec la famille. «Ça nous inquiète car on va vivre dans la région des parents de mon conjoint, on a prévu de ne pas les voir, de ne pas les embrasser, juste de récupérer les clés et rester enfermés le temps d’être surs qu’on ait rien».

Le trio prévoit ensuite de «se mettre en quatorzaine». «On ne compte pas sortir une fois arrivés dans le logement». Pour passer le temps, quelques jeux de société et une « PS3 avec trois manettes ». Pour se nourrir, «des conserves et un peu de frais. On espère pouvoir aller s’achalander au supermarché ou dans les petits commerces».

«un vieux modèle de protection de l'aristocratie»

Dans l'imaginaire, «la ville reste le lieu des mauvaises odeurs, des maladies et des émeutes», observe le sociologue Jean Viard, pas étonné par cet exode précipité. «C'est un vieux modèle de protection de l'aristocratie», rappelle-t-il. «Historiquement, les bourgeoisies urbaines ont toujours eu une maison à une journée de cheval pour pouvoir mettre leur famille à l'abri en cas de peste ou de chaleur. (...) En 1939, nombre de bourgeois se sont achetés des demeures à la campagne, pour aller y passer la guerre en cas de victoire des nazis.»

Ce vieux réflexe est renforcé par le fait qu'il «faut se structurer psychologiquement : on risque d'être marqués par des morts, que ce soit de gens célèbres, d'amis ou de parents. Donc les gens essaient de se construire un projet positif.»

Pour autant, seulement cinq kilomètres de bouchons, contre environ 300 km en moyenne, étaient enregistrés ce mardi 14 mars autour de 8h30 sur les routes d'Ile-de-France, slon le site d'information routière Sytadin. Les embouteillages sont restés très largement en-dessous des niveaux habituels pendant la matinée.

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Une attitude critiquée par des médecins car, ce «mouvement pourrait risquer de disséminer un peu plus le virus. Ceux qui partent des régions à forte densité, probablement avec le coronavirus vont se retrouver dans des régions où le virus est pour l'instant moins présent», explique notamment Djillali Annane, chef du service réanimation de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches sur RTL.

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