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Covid-19 : vers une hécatombe dans les Ehpad ?

Au moins 884 personnes sont mortes dans des Ehpad depuis le début de la crise sanitaire. Au moins 884 personnes sont mortes dans des Ehpad depuis le début de la crise sanitaire. [AFP]

Principale zone grise depuis le début de l'épidémie, les décès dans les établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad) étaient jusqu'à présent exclus du décompte officiel. Un premier bilan a été dévoilé jeudi 2 avril, alors que la mutliplication des cas dans ces structures laisse présager une véritable hécatombe.

Au moins 884 personnes sont mortes dans des Ehpad depuis le début de la crise sanitaire, selon une première estimation donnée jeudi par Jérôme Salomon, le directeur général de la santé.

Un chiffre important qui n'est cependant pas exhaustif puisque le décompte du gouvernement, attendu depuis plusieurs jours, concerne 7.400 établissements sur 10.600 pour le moment. Derrière ce recensement partiel se cache donc un bilan réel bien plus lourd. 

«Il s'agit d'un premier chiffre partiel, avec de grandes inégalités dans le recueil entre régions et un travail important est en cours pour regrouper l'ensemble de ces données», a précisé Jérôme Salomon. «L'ensemble des établissements de type Ehpad n'a pas remonté la totalité des cas et des décès (...) les données sont donc toujours en consolidation», a-t-il précisé. 

Une population particulièrement vulnérable face au virus

Au-delà d'un bilan sous-estimé, la vulnérabilité des personnes âgées par rapport au redoutable virus et sa circulation actuelle dans les Ehpad laissent craindre une hausse dramatique de la mortalité. Jérôme Salomon a indiqué que 14.638 cas «confirmés ou possibles» avaient été recensés parmi les pensionnaires d'établissements pour personnes âgées. Un chiffre là aussi partiel. 

En Ile-de-France, région la plus peuplée, plus de la moitié des quelque 700 établissements ont déclaré au moins un cas de contamination au coronavirus, a indiqué un porte-parole de l'ARS Ile-de-France.

Or, la population âgée de 75 ans et plus est sureprésentée parmi les victimes du nouveau coronavirus. Ces dernières sont 78% à appartenir à cette classe d'âge. 

La généralisation des tests avancée

Dans toute la France, la situation dans les Ehpad est source d'inquiétudes. D'autant qu'un confinement strict, en chambre individuelle, a été mis en place récemment dans de nombreux établissements et que les visites extérieures sont interdites depuis plus d'un mois.

Résultat : de nombreux acteurs du secteur regrettent le manque de dépistage. Seuls les deux premiers cas suspectés de Covid-19 sont testés dans les Ehpad, les suivants qui présenteraient un état symptomatique ou proche étant alors présumés infectés, ce qui rend difficile d'établir avec certitude les causes du décès chez des personnes âgées, déjà fragilisées.

En Paca, le bilan de l'Ehpad La Riviera de Mougins (Alpes-Maritimes) s'est alourdi de 19 à 24 morts entre mercredi et jeudi. Cela représente près d'un résident sur quatre. «Ils ont fait ce qu'il faut mais le problème est que le virus est entré là-dedans et a ravagé toutes les personnes en difficultés physiques avec des comorbidités», a expliqué le maire de la commune, le Dr Richard Galy. Lui aussi défend la généralisation des dépistages : «la seule façon de freiner le système c'est de tester tout le monde, le personnel et les résidents».

Manque de personnels et de médicaments en filigrane

Sur Internet, une pétition sur le site change.org pour demander au gouvernement «un comptage pour empêcher que nos aînés meurent dans l'indifférence nationale» réunissait vendredi matin plus de 50.000 signatures numériques. Là aussi, le recours massif  aux tests est avancé pour répondre à la crise sanitaire. «Nous demandons à ce que les EHPAD puissent accéder dès que possible au dépistage de leurs résident».

Philippe Naszályi, président du Conseil Territorial de Santé Essonne, alerte quant à lui sur le manque de moyens dont disposent les Ehpad ainsi que sur les conditions de travail des auxiliaires de vie. «A l’heure actuelle, nous savons que des dizaines d’établissements manquent gravement de personnels et ne sont plus ou risquent de ne plus être approvisionnés en médicaments morphiniques», a-t-il prévenu dans un communiqué diffusé le 1er avril. Avant de conclure, gravement : «Le sort réservé aux patients touchés par le Covid-19 dans ces établissements dépasse l’entendement».

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