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L'hypothèse de la fin de l'épidémie est-elle crédible ?

La France compte plus de 28 600 morts du Covid-19, au 29 mai 2020. [FREDERICK FLORIN / AFP]

La France continue son déconfinement progressif, avec le passage à une deuxième étape prévue le 2 juin. Néanmoins, le virus continue de se propager, alors l'hypothèse de la fin de l'épidémie de Covid-19 est-elle crédible ou devrions-nous apprendre à vivre avec ?

«La bonne réponse est qu'on ne sait pas, on n'a pas les moyens de le savoir pour l'instant, car chaque virus a ses propres règles», répond l'épidémiologiste et directrice de recherche émérite à l'Inserm Ségolène Aymé. Plusieurs scénarios sont possibles : «On est en phase d'extinction de l'épidémie dans une région, mais elle pourrait s'y réactiver dans les mois qui suivent car elle circule encore dans d'autres. De plus, le virus pourrait aimer les températures plus basses et donc être plus virulent à l'automne et à l'hiver. Mais sa propagation pourrait aussi diminuer jusqu'à ne plus circuler», explique-t-elle.

Même son de cloche du côté de l'infectiologue et médecin au CHU de Strasbourg Stéphane Gayet : «Il est probable avec le peu que l’on connaît que la Covid-19 s’éteigne tout doucement et qu’il y ait de nouveaux épisodes épidémiques, mais il y a aussi la possibilité qu’on n'entende plus parler du virus». Par ailleurs, si le virus s'éteignait puis réapparaissait, le nombre de cas serait moindre, explique-t-il : «On pense qu'une immunité collective est en train de progresser en France comme dans d’autres pays et à partir du moment où elle atteint 70 % de la population, celle-ci est protégée. Ainsi, l'épidémie ne reprendrait pas comme celle que l’on a connue». 

Que le virus continue de se propager ou qu'il disparaisse, il est plus envisageable que son sort soit le même dans le monde entier selon Ségolène Aymé : «Il y a une intensité de circulation des hommes et une concentration de l'habitat dans des mégapoles qu'on n'avait pas il y a 50 ans ou 200 ans, c'est difficile de penser qu'il y aura des régions épargnées». Un point de vue partagé par Catherine Hill, également épidémiologiste mais aussi chercheuse émérite à l'Inserm : «Cela sera probablement partout pareil, car le virus semble peu sensible au climat».

Des epidemies disparaissent quand d'autres restent

«En général, la partie majeure de l'épidémie s'éteint, mais très souvent il reste des foyers qui continuent à donner des cas, sans qu'il n'y ait de gravité ni de rapidité», explique l'infectiologue Stéphane Gayet. En effet, des épidémies du passé ont disparu, mais pour autant certains virus sont restés présents avec une moindre intensité de circulation : «Il y en a qui se terminent définitivement par extinction, car il n'y a plus assez de contaminations. Mais il y a aussi des épidémies saisonnières, où le virus reste présent tout le temps en raison de conditions environnementales qui se modifient», indique Ségolène Aymé. C'est par exemple le cas de la grippe saisonnière «dont le virus trouve des températures favorables dans d’autres régions et revient par les mouvements des populations».

Par ailleurs, il est difficile de savoir quand une épidémie est véritablement terminée : «Prenez le virus Ebola, l'épidémie semble terminée pour l'instant, mais c'est probablement temporaire, il suffit que quelqu'un aille en brousse et soit contaminé pour qu'elle recommence», explique l'épidémiologiste Catherine Hill. «Les nouveaux virus chez l'homme sont des virus qui circulaient chez des animaux sauvages. C'est un processus qui continuera car nous sommes de plus en plus en contact avec ceux-ci», conclut Ségolène Aymé.

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