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La poignée de main, grande absente de la campagne du second tour

Et vous, comment vous saluez-vous désormais ? Et vous, comment vous saluez-vous désormais ?[David GANNON / AFP]

Vous avez sûrement dû les croiser depuis la crise sanitaire. Quoi ? Ces situations gênantes où ni vous ni votre interlocuteur ne savez comment vous saluer. En pleine campagne pour le second tour des élections municipales, l’interrogation traverse également les candidats au poste de maire, habitués à s’empoigner à tour de bras.

«Dans la vie d’un élu, on fait des bises et on se serre la main», décrit Wilfrid Pailhes, conseiller d’opposition et candidat (PS) à la mairie de Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Sauf que, comme l'a dit Christophe Castaner vendredi 5 juin à l'Assemblée nationale, «les poignées de main ne sont pas préconisées» durant la campagne du second tour des élections municipales. «Je ne voudrais pas les interdire non plus», a ajouté celui qui a été maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) pendant 16 ans. Sans doute que les candidats n'ont pas eu besoin de cette recommandation du ministre de l'Intérieur pour bannir ce geste de leur quotidien. 

Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, les gestes invasifs sont prescrits pour les militants au risque de braquer les citoyens. «C’est une perte de convivialité, de proximité et ça change la façon de faire campagne», se désole l’élu drômois pour qui ce simple geste «manque». 

«On sent moins les gens, on ne voit pas leurs mimiques, c’est plus compliqué de les sonder», abonde Valentin Rouffiac, présent sur la liste d’Agnès Evren (LR) dans le 15e arrondissement de Paris, pour qui le masque est également responsable de cet éloignement entre candidats et citoyens. 

Perdre l'habitude de se toucher pour se saluer, «c’est le plus compliqué pour moi», juge Yannick Ohanessian, tête de liste du Printemps marseillais dans le 11e et 12e arrondissement à Marseille. Selon lui, le contexte local rend la situation encore plus délicate : «ici, plus qu’ailleurs, c'est bizarre de se saluer sans une marque d’affection comme la poignée de mains ou la bise. A Marseille, on a ce côté latin et on aime cette proximité».

En plus de permettre un contact physique avec l'électeur, en politique, la poignée de main est très symbolique : elle scelle les alliances et défait les animosités. Ainsi fut le destin de celles entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat sous les auspices de Bill Clinton, entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler et entre François Mitterrand et Helmut Kohl par exemple. Bref c'est un formidable outil de communication politique, qui n'a pas pu être utilisé pour la période politique actuelle (et ne devrait pas l'être dans l'immédiat).  

Habituellement, elle sert notamment pour mettre en images les accords passés entre les listes dans l'entre-deux-tours. Mais cette année, pas de poignée de main publique entre Philippe Goujon et Agnès Evren, par exemple, pour marquer l'alliance entre ces deux listes de droite dans le 15e arrondissement de Paris. Valentin Rouffiac, qui n'a que 20 ans mais parle comme un vieux routier de la politique, fait un vœu : «j'espère que c’est exceptionnel et que ce sera la seule élection de ma vie dans ces conditions». 

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