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En colère, les syndicats de police reçus par Christophe Castaner

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, le 9 juin. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, le 9 juin.[Ludovic MARIN / POOL / AFP]

Opération déminage. Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, doit recevoir aujourd'hui et demain, à tour de rôle, les syndicats de police, qui ont mal réagi à ses annonces du lundi 8 juin.

Dans son discours, entre autres mesures, Christophe Castaner a déclaré vouloir la «suspension systématique des auteurs de propos racistes» dans la police, l'abandon de «la méthode de la prise par le cou, dite de l'étranglement» (technique à l'origine de la mort de George Floyd par exemple) et le renforcement de «l'indépendance» de l'IGPN (Inspection de la police nationale), décriée pour sa partialité en faveur des policiers.

Les syndicats de police, unanimes, ont réagi vivement à ces mesures : les déclarations du ministre, «c'est comme si on nous avait mis un coup de poing au foie», a déclaré à l'AFP Patrice Ribiero, secrétaire général de Synergies Officiers (CFE-CGC).

La méthode de l'étranglement protégerait les policiers selon le syndicat Alliance

Particulièrement dans le viseur des représentants syndicaux, l'interdiction de la méthode de l'étranglement : selon un tract créé par le syndicat Alliance, cette technique d'interpellation a «pour objectif de minimiser le temps de lutte et d’éviter l’opposition frontale avec des contacts violents». «Ces techniques protègent les policiers face aux plus récalcitrants, véritables dangers pour eux-mêmes et autrui». En conséquence, le syndicat a écrit à la Place Beauvau pour lui demander la conservation de la technique en attendant la création d'une nouvelle. 

Autre point d'inquiétude, le sentiment qu'un «police bashing» monte dans la société française alors qu'ils ont été mis à contribution à de nombreuses reprises ces derniers mois.

«Le gouvernement a utilisé les policiers pour faire barrage à un certain nombre de choses : les «gilets jaunes», les manifestations contre la réforme des retraites, le confinement, etc. Et là, il y a un problème aux Etats-Unis et on le transpose en France. Il faut arrêter de tout mettre sur le dos des forces de l'ordre», embraye Philippe Capon, secrétaire général Unsa-Police (gardiens de la paix), qui dénonce «une stigmatisation systématique» de la police.

Pour certains, le ressentiment envers le ministre est tellement fort qu'ils enjoignent leurs collègues à faire une grève du zèle. Le syndicat Alternative Police préconise carrément «un retour au poste pour rédiger une saisine en cas de confrontation avec un individu récalcitrant», de «réclamer une caméra individuelle» et de «déposer plainte systématiquement pour tout outrage ou menace». «Tout doit être judiciarisé», soulignent les auteurs de ce tract.

 

Trois manifestations d'ampleur contre les violences policières en l'espace de 15 jours

Pour les responsables syndicaux, le comportement raciste de certains policiers, notamment révélé par plusieurs articles de presse, serait le fait de «quelques brebis galeuses» et en aucun cas la partie visible du racisme de l'institution, comme le jugent certains.

Une théorie reprise par Didier Lallemant, le préfet de police de Paris, dans une lettre qu'il a adressée aux policiers et qui a été rendue publique, jeudi 11 juin. «Oui, il peut y avoir des racistes dans nos rangs comme il y en a malheuresement, dans toutes les professions, mais ni plus ni moins», ajoute-t-il en jugeant que ces gens-là «doivent être écartés». Le préfet exhorte ensuite les forces de l'ordre à ne pas douter : «ne doutez pas de vous, qui avez choisi un grand et beau métier au service de l'intérêt général et la Nation vous doit beaucoup en raison de ce que vous faites pour elle».

En l'espace de 15 jours trois manifestations d'ampleur ont été organisées à Paris pour dénoncer les violences policières, dont deux par le collectif «Justice pour Adama», devant le Palais de justice le 2 juin et une marche le samedi 13 juin. Un rassemblement pour rendre hommage à George Floyd, un Américain noir tué par des policiers le 25 mai après avoir été étouffé au sol pendant 9 minutes, a également eu lieu le mardi 9 juin à l'initiative d'SOS Racisme.

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Le 9 juin, place de la Républiques à Paris. Plusieurs centaines de personnes étaient venues rendre hommage à George Floyd, tué par des policiers aux Etats-Unis. Martin Fort/CNews

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