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Human Rights Watch dénonce les contrôles «au faciès» de la police française

Selon l'ONG, ces contrôles mènent souvent à «une palpation corporelle intrusive» Selon l'ONG, ces contrôles mènent souvent à «une palpation corporelle intrusive». [FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Human Rights Watch dénonce dans un rapport publié ce jeudi des «contrôles abusifs et racistes» de jeunes noirs et arabes, souvent mineurs, par la police française, selon des témoignages récoltés par l'ONG.

Ce rapport de 44 pages sur la pratique dite du «contrôle au faciès» a été réalisé pendant plus d'un an auprès d'une centaine de jeune noirs et arabes de plusieurs villes de France et documente des contrôles policiers «sans fondement ciblant les minorités, y compris des enfants âgés de seulement dix ans, des adolescents et des adultes».

Selon l'ONG de défense des droits de l'Homme, ces contrôles comprennent souvent «une palpation corporelle intrusive et humiliante ainsi que la fouille des effets personnels».

Ainsi à Lille, Abdul, 18 ans, raconte un contrôle par une patrouille de quatre policiers lui barrant la route alors qu'il se rendait à son entraînement de karaté. «Un agent a retourné mon sac sans prévenir et jeté toutes mes affaires au sol. J'avais vraiment la haine, je lui ai demandé : "Pourquoi tu fais ça ?". Je me suis mis à quatre pattes pour ramasser mes affaires. Quand je me suis relevé, un policier m'a poussé contre la voiture, il m'a écarté les jambes et m'a touché partout», témoigne le jeune homme.

«Fracture aigüe et profonde entre la police et la population»

A Paris, Dabir, 15 ans, déclare avoir été contrôlé avec sa bande de copains devant un supermarché, contrôle durant lequel les agents «ont touché les poches de tout le monde, sauf du (garçon) blanc...Ils ont vérifié si notre téléphone était volé ou non. Ils nous demandaient de l'allumer et de mettre le code. Ils nous ont demandé notre âge».

Pour Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch, cette pratique est au cœur «de la fracture aigüe et profonde entre la police et la population, tout en n’ayant quasiment aucun effet en matière de prévention ou de détection de la criminalité».

HRW appelle le président Emmanuel Macron à réformer le cadre légal des contrôles policiers. Dans une récente interview à l'AFP, le Défenseur des droits Jacques Toubon avait lui aussi estimé que la traçabilité des contrôles était nécessaire, et possible, comme l'a montré la récente période de confinement.

Demande récurrente des partis de gauche et des ONG de défense des droits de l'Homme, et promesse de François Hollande lorsqu'il était candidat, le système de récépissé après chaque contrôle n'a jamais été mis en place. Les syndicats de police s'y opposent.

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