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Coronavirus : des jeunes témoignent de symptômes longs sur Twitter

Ces jeunes se sentent souvent démunis. [JOEL SAGET / AFP].

Touchés par le coronavirus, de nombreux jeunes, pourtant parfois officiellement guéris du Covid-19, continuent de faire part de symptômes persistants de la maladie plusieurs semaines après leur contamination. Selon certaines études, ils pourraient même être jusqu'à un jeune adulte sur cinq à souffrir de ce qu'ils appellent un «Covid long». Et sur les réseaux sociaux, les témoignages sont légion.

«Je pense que j'ai rarement été aussi mal psychologiquement de toute ma vie. Il ne faut pas nier le fait que ce virus est dangereux aussi pour les jeunes», avertit par exemple d'emblée Pierre dans une interview accordée au média Loopsider et particulièrement relayée sur Twitter.

Âgé de 25 ans, le jeune homme a contracté le Covid-19 en avril dernier et trois mois après que ses symptômes soient apparus, le coronavirus continue indirectement de lui jouer des tours, le faisant alterner entre périodes «normales» et rechutes, qui handicapent son quotidien du matin au soir.

«Environ une fois par jour, ou une fois tous les deux jours, j'ai des coups de fatigue, c'est-à-dire que d'une seconde à l'autre je sens un coup de fatigue très spécifique», explique-t-il notamment.

Plus préoccupant encore, à cette fatigue persistante s'ajoutent des difficultés respiratoires incessantes. Pierre, qui se décrit comme un jeune homme sportif, en reste ainsi encore aujourd'hui profondément déstabilisé, lui qui, de son propre aveu, ne pensait pas vraiment être concerné par le SARS-CoV-2.

Son témoignage est à rapprocher de beaucoup d'autres, apparaissant souvent et alternativement sur les réseaux accompagnés du hashtag #apresJ20, #apresJ60, ou encore #apresJ100 en référence aux nombres de jours où les symptômes du Covid-19 sont apparus et se font toujours ressentir.

Parmi eux, toujours sur Twitter, la publication de Pauline a elle aussi été particulièrement remarquée et relayée eu égard à la situation exceptionnelle que la jeune femme dit être en train de traverser.

Agée de seulement 23 ans, Pauline dit ainsi en être à son cinquième mois de Covid-19 et n'en être toujours pas guérie, ce qui l'empêche de travailler. Pauline assure aussi que de nombreux jeunes sont dans cette situation et, ce faisant, elle exhorte tous ceux qui la lisent à porter les masques et à limiter leurs contacts. «Ca n'arrive pas qu'aux autres. Arrêtez d'être égoïste», résume-t-elle.

Des patients qui se disent abandonnés

Une rapide recherche sur les réseaux sociaux avec les hastags appropriés permet de lui donner raison tant elle fait remonter d'innombrables témoignages allant dans le même sens. Une parole ici, un appel à l'aide par-là, entraîne souvent une traînée de réponses tantôt pour réconforter, plus rarement pour s'échanger des conseils.

De là peut se développer une certaine camaraderie, voire même une véritable solidarité, alors que beaucoup de malades disent se sentir «abandonnés» par un corps médical «sourd» à leur souffrance, qui les laisse souvent avec du paracétamol pour seul traitement.

«Vous n'avez rien, c'est dans la tête», s'entendent même dire certains patients parfois. Et si leur charge virale a disparu, il n'en est pourtant rien de leurs souffrances qui, elles, sont toujours là et bien réelles.

D'ailleurs, si la fréquence des symptômes tels que fatigue et autres manifestations reste difficile à évaluer, elle semble loin d'être rare, comme le montrent les estimations du CHU de Rennes, qui a eu l’idée de suivre les malades du Covid-19 non hospitalisés grâce à une application mobile destinée en temps normal à la surveillance de la chirurgie ambulatoire.

Interrogés six semaines après l’infection au coronavirus, il est ainsi apparu que 10 % à 15 % des 400 patients de cette cohorte présente toujours des troubles gênants.

«C’est une proportion très inattendue après une infection virale respiratoire. Mais, après bilan clinique et, pour certains, avec des examens complémentaires, nous n’avons pas trouvé de cause évidente à ces symptômes, ni de profil particulier chez ces malades», concède auprès du journal Le Monde Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de référence de la région Bretagne.

«Nous ne connaissions pas ce virus il y a six mois»

«Nous ne connaissions pas ce virus il y a six mois. Des symptômes psychosomatiques sont souvent évoqués quand on ne trouve pas une explication anatomique à ce que l'on voit. Ça ne veut pas dire que ça l'est» dit encore Pierre Tattevin, cette fois à franceinfo.

De ces constations, la même question revient encore et encore. Est-ce que ces symptômes pourraient s'installer sur le très long terme, voire à vie ? Pour d'autres médecins, comme Jean-Benoît Arlet, de l'Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), «on va probablement voir arriver des syndromes de fatigue chronique ou de douleurs chroniques post-Covid, comme c’est le cas après d’autres infections virales, notamment à EBV [virus d’Epstein-Barr], qui est un modèle de fatigue persistante post-virale», prédit-il dans le Monde. Reste à savoir, si cela se vérifie, dans quelle proportion, et si ces syndromes surviendront sur des terrains particuliers.

Dans ce contexte, la proposition très remarquée du professeur Eric Caumes, infectiologue à l'Hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, de «laisser les jeunes se contaminer entre eux» dans le but d'arriver à une hypothétique «immunité collective» semble quoi qu'il en soit avoir un peu plus de plomb dans l'aile. 

Le président du Conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, le dit lui-même : «l'épidémie de cet été touche beaucoup les sujets jeunes». Les laisser se contaminer au mépris de toutes les règles relatives aux gestes barrières et à la distanciation physique reviendrait donc à accroître la proportion de cas de «Covid longs», en plus de fragiliser un peu plus les personnes les plus vulnérables, comme les personnes âgées, qui seraient d'autant plus en première ligne si le virus devenait incontrôlable.

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