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Deux ans après, les Gilets jaunes peuvent-ils trouver un second souffle ?

Au plus fort de la mobilisation, lors de l'acte I, les manifestations des gilets jaunes ont rassemblé jusqu'à 288.000 militants, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.[FRANCOIS LO PRESTI / AFP]

Le 17 novembre 2018, les Français découvraient la couleur de la colère : le jaune. Né de la contestation de la hausse du prix de l’essence, le mouvement des gilets jaunes investissait les rues pour de longs mois, rassemblant jusqu’à 288.000 manifestants au plus fort de la mobilisation. Forcés au silence par la crise sanitaire, les militants annoncent une nouvelle journée de lutte, ce samedi 12 septembre.

Presque deux ans après leur première mobilisation, les gilets jaunes sont-ils de retour ? Un appel national leur est en tout cas parvenu de la part de Jérôme Rodrigues, devenu l’un des symboles du mouvement après avoir perdu un œil lors d’une manifestation, le 26 janvier 2019.

Le militant a créé un événement Facebook consacré au rassemblement prévu à Paris qui compte, pour l’heure, 2.300 inscrits pour 6.900 intéressés. Ceux qui ne pourraient pas se rendre à la capitale sont invités à rejoindre les cortèges organisés en province. Sur les réseaux sociaux, les différents groupements de gilets jaunes signalent des manifestations à Lyon, Toulouse, Montpellier, Marseille, Lille et un peu partout en France.

Quel que soit l’endroit, le mot d’ordre énoncé par Jérôme Rodrigues est clair : la «désobéissance civile complète». Si l’on en croit le militant, la pandémie de coronavirus n’a pas émoussé la colère jaune. En ce qui le concerne c’est même le contraire puisque, sur Facebook, Jérôme Rodrigues évoque une «répression» désormais «renforcée par la mise en place d’une dictature sanitaire qui vise à contraindre chaque jour un peu plus la parole et la vie des citoyens».

Un discours qui n’est pas sans rappeler celui des anti-masques, potentiels alliés des gilets jaunes pour le grand retour annoncé. C’est en tout cas un scenario jugé plausible par Antoine Bristielle, professeur agrégé de Sciences sociales. Auteur d’une étude sur les militants anti-masques, il leur a adressé un questionnaire en ligne et a recueilli les réponses de 1.000 d’entre eux, du 10 au 20 août 2020.

Les résultats montrent que les anti-masques sont généralement plus vieux que les gilets jaunes et issus de «classes sociales supérieures». Les premiers sont plutôt marqués à droite quand les seconds relèvent d'un «tropisme de gauche». Reste qu’«environ 20%» des anti-masques interrogés se désignaient également comme des gilets jaunes, tandis que «60% disaient avoir soutenu» le mouvement, sans participer. Motivés par leur défiance commune envers les institutions, ceux qui n’étaient que soutiens viendront-ils grossir les rangs des manifestants le 12 septembre ? 

Si c’était le cas, pas sûr que cela suffise pour que les gilets jaunes trouvent un second souffle. Dans le contexte sanitaire actuel, leurs rassemblements pourraient rencontrer une opposition plus grande en raison du risque de contamination, surtout si les masques sont absents des cortèges.

Les commerçants, déjà fragilisés par le confinement, ne pourront sans doute pas supporter de nouvelles fermetures forcées en cas de débordements et l’Etat lui-même, dévoué à la reprise économique, risque de durement réprimer la mobilisation. Trois arrêtés d’interdiction de rassemblement et manifestations ont d’ailleurs déjà été pris par le préfet de police de Paris. De retour ou non, les gilets jaunes reprennent certaines de leurs vieilles habitudes.

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