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Pollution dans le métro : pourquoi la RATP est-elle attaquée pour «tromperie aggravée» ?

L'association Respire a porté plainte contre la RATP. L'association Respire a porté plainte contre la RATP.[© Philippe LOPEZ / AFP]

Après avoir tiré la sonnette d'alarme le 27 janvier dernier, jugeant «préoccupante» la pollution de l'air dans le métro francilien, l'association Respire est passée à la vitesse supérieure et porte plainte contre la RATP pour «tromperie aggravée». Quels sont ses arguments ?

«La RATP s’abstient délibérément d’alerter les usagers de son réseau sur les risques qu’ils encourent», a fustigé l'association Respire dans un communiqué diffusé ce lundi 22 mars, soulignant que la régie des transports parisiens – qui gère les lignes de métro ainsi que certaines portions du RER A et B – connait pourtant parfaitement l'état de pollution de son réseau.

Pour preuve, l'association nationale pour l'amélioration de la qualité de l'air (Respire) explique, à titre d'exemple, que «dans la station Châtelet, les valeurs mesurées par la RATP elle-même dépassent presque tous les jours 50 µg/m3 pour les PM10, soit la valeur d'un pic de pollution en extérieur».

En janvier déjà, l'association avait dévoilé les résultats d'une étude réalisée dans dix stations de métro parisiennes, mettant à jour «d'importants écarts avec les données officielles, régulièrement communiquées par la RATP». Il en ressortait notamment que «les données à Châtelet [étaient] fausses, à cause d'un capteur encrassé qui donne des valeurs surévaluées et incohérentes» ou encore que «la station Auber [était] exposée à une pollution très importante, très au-dessus des valeurs habituelles».

«risques sanitaires considérables»

«L’ensemble des usagers des transports en commun parisiens sont exposés à des risques sanitaires considérables» dénonce Respire, qui a donc annoncé «avoir déposé plainte pour tromperie aggravée et blessures involontaires». «Cela fait 20 ans que les autorités sanitaires tirent la sonnette d'alarme», a ainsi souligné l'avocate de l'association, Me Julia Cancelier.

Pour l'association, «tous les usagers des transports en commun parisiens sont liés à la RATP par un contrat de prestation de service de transport» et devraient, «à ce titre», être parfaitement informés. Plus encore selon Respire, la RATP aurait «une obligation de sécurité de résultat, laquelle incombe à tout transporteur de voyageurs» envers ses usagers.

LES CONSÉQUENCES PASSÉES «SOUS SILENCE»

Mais la RATP préfère passer «sous silence les conséquences sanitaires auxquelles ces clients sont exposés» selon l'association, en ne communiquant pas ou mal sur l'état de pollution de son réseau. «Il s’agit également d’une tromperie sur les risques inhérents à l'utilisation service fourni», peut-on lire dans le communiqué de l'association.

«La RATP entretient une forme d’omerta sur la pollution de l’air dans le métro. Elle prétend qu’il n’y a pas de problème. Mais il faut dire la vérité aux gens. Le déni de la RATP est une composante essentielle du problème», s'est ainsi exprimé Olivier Blond, le directeur de l'association.

«Nous espérons que cette action fera réagir la RATP, afin qu’elle informe enfin véritablement les usagers et qu’elle mette en œuvre rapidement les moyens nécessaires pour les protéger», espère Olivier Blond.

Des mesures seulement «indicatives»

De son côté, la RATP a tenu à rappeler que la qualité de l’air était «une priorité» depuis «plus de 20 ans», alors que des «mesures en continu» y sont réalisées depuis 1997 et ce, sur «trois sites représentatifs des espaces souterrains». Les résultats de ces mesures sont même disponibles en ligne.

De plus, la régie a également souligné que «toute autre mesure réalisée avec des capteurs portatifs, qui ne sont pas les appareils de référence, ne sont pas comparables aux mesures réalisées sur site». Pour la RATP, «les résultats de ces appareils portatifs ne peuvent donc être qu’indicatifs et non véridiques».

Enfin, la RATP a également détaillé ses efforts pour réduire la pollution, grâce au «freinage électrique» des trains ou à des dispositifs expérimentaux de traitement de l’air en station, et investit dans la ventilation de son réseau.

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