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Procès de Valérie Bacot : 5 ans de prison dont 4 avec sursis requis

Surtout, ne pas crier. «Parce que, sinon, c'est encore pire». Voilà ce qu'il reste à Valérie Bacot des années passées avec Daniel Polette, son beau-père devenu son violeur, son mari et son proxénète. Celui qu'elle a assassiné le 13 mars 2016. Une affaire jugée aux Assises de Saône-et-Loire depuis le 20 juin et dont le verdict doit être connu ce vendredi 25 juin.

Ce matin, le ministère public a requis cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, à l'encontre de la mère de famille. Une peine qui, si elle était confirmée lors du verdict, lui permettrait de sortir libre du tribunal, Valérie Bacot ayant déjà effectué un an de détention provisoire.

Selon notre journaliste sur place, les réquisitions ont suscité une vive émotion dans la salle d'audience. Bouleversée, l'accusée a fait un malaise. 

Cette semaine d'audiences a permis aux jurés de mesurer, non sans effroi, la terrible violence qui a jalonné la vie de l'accusée. Valérie Bacot n'était qu'une enfant lorsqu'elle a rencontré Daniel Polette, alors le compagnon de sa mère. Elle avait 12-13 ans lorsqu'il l'a agressée sexuellement pour la première fois. Condamné en 1995 pour ces faits, l'homme est pourtant revenu au domicile familial, en septembre 1997.

Un non sens absolu pour la défense de Valérie Bacot, qui souligne les nombreux dysfonctionnements des autorités dans cette affaire. «Une assignation en responsabilité pour faute lourde» a d'ailleurs «été déposée au tribunal de Paris», a indiqué Me Nathalie Tomasini, l'une de ses avocates.

«Il avait dit à ma mère qu'il ne ferait plus rien, se souvient Valérie Bacot. Mais ça a recommencé.» A force de viols, elle est tombée enceinte de Daniel Polette à l'âge de 17 ans. A ce moment-là, le beau-père est devenu compagnon : Valérie Bacot l'a suivi et s'est installée en couple avec lui. Lors de son passage à la barre, la mère de l'accusée a assuré que cette dernière était «amoureuse» de son bourreau. Mais l'intéressée considère plutôt ne pas avoir eu le choix. «Je voulais garder mon enfant. J'avais personne. Où je pouvais aller ?», a-t-elle lancé.

A partir de là, Valérie Bacot a connu une vie de sévices. «Au départ, c'était des claques, puis c'est devenu des coups de pied, des coups de poing et il m'étranglait. Au fil du temps, il y a eu des menaces avec l'arme», se souvient-elle. En 2004, Daniel Polette exige qu'elle se prostitue pour «ramener de  l'argent». Il aménage le monospace familial et vend le corps de sa femme aux clients de passage. Toujours présent, voire spectateur, l'homme l'oblige à s'équiper d'oreillettes pour pouvoir lui donner des «consignes» pendant les passes.

«Ce n'est pas lui la victime, c'est elle»

Pour Alain Polette, le témoignage de Valérie Bacot, aussi glaçant soit-il, n'est pas surprenant. Lui-même dépeint son frère, Daniel, comme un être «ignoble». «J'habitais la maison du diable car le diable était dedans, lâche-t-il. Ce n'est pas lui la victime, c'est elle. Elle ne mérite que la liberté». Ses deux soeurs, Mireille et Monique, vont dans le même sens. La première indique avoir «toujours pensé que [son] frère était un pervers». La seconde assure avoir été violée par Daniel Polette et regrette «de ne pas l'avoir tué».

Pour Valérie Bacot, la goutte d'eau a été une énième relation sexuelle tarifée et violente, imposée par son mari. Ça, et une discussion avec sa fille, Karline, âgée de 14 ans à l'époque. La jeune fille lui avait confié que son père, Daniel Polette, lui avait demandé «comment elle était sexuellement». Craignant que l'homme ne s'en prenne à l'adolescente, l'accusée affirme avoir voulu «la sauver». Le 13 mars 2016, elle a abattu Daniel Polette d'une balle dans la nuque. Deux de ses enfants l'ont aidée à enterrer le corps, qui n'a été découvert qu'en octobre 2017.

Durant l'expertise psychiatrique de Valérie Bacot, le médecin a décrit «l'emprise totalitaire d'un tyran domestique», qui a changé la jeune femme en «une marionnette dans les mains de son mari». Il a également souligné l'impossibilité du recours à la loi dans ce cas là, non seulement parce que «l'emprise est permanente, pas seulement quand il est présent», mais aussi parce que la justice s'était déjà montrée défaillante auparavant.

Une première fois en laissant Daniel Polette revenir au domicile familial alors même qu'il avait agressé l'accusée adolescente. Et à nouveau lorsque les «tentatives de signalement» des violences, notamment de la part du fils de l'accusée en février 2016, n'ont pas été suivies d'effet. Aujourd'hui, Valérie Bacot encourt la prison à perpétuité, les jurés devront trancher ce vendredi 25 juin, dernier jour du procès.

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