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Paris : les terrasses estivales font leur grand retour ce 1er avril, en version «rabougrie»

Les terrasses estivales sont autorisées du 1er avril au 31 octobre. Les terrasses estivales sont autorisées du 1er avril au 31 octobre. [© Martin BUREAU / AFP]

Même le froid hivernal prévu ce week-end ne saurait venir gâcher la fête, alors que ce vendredi 1er avril signe le grand retour des terrasses estivales dans la capitale. Pour autant, pas question de commettre les mêmes erreurs que l'an passé : seulement environ 40 % des demandes traitées par la mairie ont été validées.

Installées devant un bar ou un restaurant, le long du trottoir ou sur une place de stationnement payant, ces terrasses d'abord appelées «éphémères» ont finalement trouvé leur place à Paris. Renommées «estivales» après avoir été pérennisées, elles doivent désormais répondre à un cahier des charges strict, dont les règles sont répertoriées dans le Règlement des étalages et terrasses (RET) entré en vigueur le 1er juillet 2021. Seules celles qui auront obtenu l'aval de la mairie – et de sa direction de l'urbanisme – pourront être installées, du 1er avril au 31 octobre.

Jusqu'à 155 terrasses ont d'ores et déjà obtenu leur autorisation dans le 18e, et 149 dans le 17e. D'autres arrondissements, plus petits, comme les 5e, 6e et 7e arrondissements, ne seront pas aussi bien dotés, avec respectivement 31, 33 et 40 terrasses autorisées à ce stade (chiffres de la mairie de Paris à date du 23 mars). Au total, seules 1.600 autorisations avaient déjà été délivrées à cette date, sur environ 11.000 demandes.

Des «chiffres très sévères» par rapport à l'été passé

«Les chiffres sont très sévères», confirme en effet Jean-Pierre Lecoq. Le maire du 6e reconnaît en effet que «très peu d’accords ont été délivrés», mais ne s'en étonne pas pour autant. «Le Règlement des étalages et terrasses (RET) est très cadré et très long [...] J’ai le sentiment qu’un certain nombre de restaurateurs ne l'ont absolument pas respecté», justifiant ainsi que les demandes non conformes aient été systématiquement retoquées.

Une déception pour les restaurateurs et les professionnels du secteur qui avaient bien profité de cette mesure «coup de pouce» mise en place par la municipalité parisienne, au lendemain du tout premier confinement de 2020. Aujourd'hui, certains d'entre eux se retrouvent le bec dans l'eau après avoir déjà investi dans du matériel (planches de bois, tables et chaises...), sans parler de la valeur du fond de commerce, sachant qu'une terrasse peut rapporter gros.

Une réalité que déplore Frank Delvau, le président de l'Union des métiers de l'hôtellerie (Umih) Paris Ile-de-France, qui juge que «le RET est beaucoup plus contraignant» cette année «par rapport à ce qu’on a pu constater lors des deux étés précédents». «Cette année, si on a 3.000 terrasses estivales, ce sera un grand max», regrette celui qui estime que «le nombre de terrasses va être divisé par 4».

Alors pourquoi avoir resserré la vis ? Tout simplement à cause des débordements causés par le manque d’esthétisme de ces terrasses mais surtout par le bruit des clients et constatés quasiment partout dans Paris. A tel point que des collectifs de citoyens – tels que Droit au sommeil – se sont organisés pour recenser et dénoncer tous les comportements contraires au RET : ouverture des terrasses après 22h, enceintes de musique installées dehors ou encore des installations bien plus importantes que prévu.

Des chartes spécifiques à certains quartiers

Alors pour gérer au mieux les spécificités de certaines rues ou quartiers, une dizaine de «chartes locales spécifiques» ont été adoptées par les maires d'arrondissement qui le souhaitaient. Parmi eux, le maire du 11e, François Vauglin, a par exemple tout simplement décidé qu'aucune place de livraison ne pourrait être remplacée par une terrasse cette année, comme ce fut toléré l'année dernière.

De son côté, la maire du 9e, Delphine Bürkli, a également fait savoir qu'il n'y aurait pas d'autorisations pour les «contre-terrasses excédant les largeurs des devantures», les «contre-terrasses désaxées ou du côté opposé de la chaussée» ou encore pour les «terrasses sur les zones de livraison (ZDL) dans les rues à forte densité commerciale», ainsi qu'un «traitement au cas par cas» concernant les places de livraison.

Dans le 6e, le maire Jean-Pierre Lecoq assure qu'aucune autorisation n'a été ou ne sera délivrée pour des terrasses qui seraient «installées dans des rues étroites» ou «là où il y a eu du tapage l'année dernière». «A l'anarchie des deux années précédentes doit succéder une remise en ordre encadrée», prévient l'élu. Et d'assurer que sur «environ 800 demandes [reçues dans le 6e], s'il y en a que 300 acceptées, ce sera déjà le bout du monde».

«Il est plus que temps qu'on rentre dans le droit commun», fait aussi savoir Ariel Weil, le maire de Paris Centre, qui a déjà annoncé que certains restaurateurs ne pourraient pas étendre leur terrasse déjà existante. C'est notamment le cas du quartier Montorgueil, où un «règlement particulier» s'applique depuis le 26 mars, interdisant l'installation de terrasses sur le trottoir d'en face, devant l'immeuble voisin ou dans les rues de moins de six mètres de large.

Résultat, à Paris Centre, sur plus de 1.800 demandes de terrasses estivales reçues pour les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, il n'y avait que 221 autorisations délivrées (en date du 23 mars).

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