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Présidentielle 2022 : pourquoi Marine Le Pen et son camp ne sont pas emballés par le soutien d'Eric Zemmour

Marine Le Pen et ses proches prennent leurs distances avec Eric Zemmour. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Si Eric Zemmour a annoncé dès dimanche soir soutenir Marine Le Pen pour le deuxième tour, face à Emmanuel Macron, la candidate du Rassemblement national et son camp multiplient les messages pour prendre leurs distances.

Questionnée ce lundi matin sur la possibilité de faire entrer Eric Zemmour dans son gouvernement si elle était élue, la finaliste a répondu très clairement que «non, ce n’est pas une possibilité». Avant de préciser : «il n’en n’a pas le souhait, je n’en n’ai pas le souhait non plus».

Au même moment, Robert Ménard, maire de Béziers et soutien de Marine Le Pen, réagissait aux appels de Marion Maréchal et Eric Zemmour à voter pour la candidate RN, en estimant qu’«on peut s'en passer». S’adressant à eux, il s’est justifié : «vous avez dit tellement de conneries (sic) sur un tel nombre de sujets, vous avez été tellement durs, tellement cassants».

Une image adoucie à conserver

Marine Le Pen étant parvenue à lisser son image, en profitant notamment de la présence d’Eric Zemmour dans la campagne, son intérêt n’est plus à cliver. «Les Français, aujourd’hui, ont besoin d’être câlinés», a décrit Robert Ménard. Il faut faire «attention à eux», a-t-il ajouté.

Suivant cette analyse, s’associer au camp Reconquête risquerait d’être dommageable. «Je ne suis pas sûr qu’elle (Marine Le Pen) soit très preneuse d’images dans l’entre deux tours où elle serait à côté d’Eric Zemmour», analysait il y a peu pour CNEWS Bruno Cautrès, politologue au CNRS et au Cevipof de Sciences Po.

D’autant que les proches de la finaliste n’ont pas oublié que son concurrent nationaliste «a axé sa campagne sur le fait qu’elle n’arriverait jamais à se qualifier au second tour», expliquait le spécialiste. «C’est allé trop loin dans les noms d’oiseaux entre les deux camps».

Séduire des électeurs de gauche

Les cadres du Rassemblement national ne sembleraient donc pas prêts à pardonner à ceux qui les ont quittés pour rejoindre Reconquête. D’autant que leur stratégie a fonctionné et qu’ils sont désormais en position de force, dans le courant identitaire. Ils savent aussi que le tapis rouge n’a pas à être déroulé devant Eric Zemmour pour récupérer les voix de ses électeurs du premier tour. En effet, le baromètre OpinionWay pour CNEWS indique que 90% de ceux-ci ont l’intention de voter pour Marine Le Pen, dimanche 24 avril.

En revanche, l’équipe de campagne de la candidate RN a identifié que d’habituels sympathisants de gauche pouvaient la rejoindre, en jouant sur la corde de l’anti-Macron. «Il y a beaucoup d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ne veulent pas de la retraite à 65 ans, qui ne veulent pas remettre la politique de la France entre les mains de McKinsey et d’autres cabinets privés et qui, je pense, (…) voteront pour Marine Le Pen au second tour», a ainsi appuyé Jordan Bardella, président par intérim du RN. Le baromètre OpinionWay indique en effet que 29% d’entre eux envisagent de glisser le bulletin Le Pen dans l’urne.

La troisième place de Jean-Luc Mélenchon constituant une importante réserve de voix (21,95%, soit 7,7 millions de personnes), le but est donc de parvenir à en récupérer le plus grand nombre. De fait, s’allier ou s’associer frontalement avec le camp Zemmour risquerait d’être contre-productif pour Marine Le Pen.

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