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Paris : la municipalité dévoile le nouveau visage de la ZAC Bercy-Charenton

Le jardin de la Petite Ceinture serait un élément central de la future ZAC de Bercy-Charenton. Le jardin de la Petite Ceinture serait un élément central de la future ZAC de Bercy-Charenton. [© Loukat Leclercq Associés]

Le réaménagement de la ZAC Bercy-Charenton est un vieux dossier à l'étude depuis plus de seize ans. Mus par l'ambition de relancer ce projet urbanistique d'envergure, les élus de la majorité municipale en ont présenté, ce jeudi 21 avril, une toute nouvelle version «entièrement revue».

«Ce projet, qui date du milieu des années 2000, est ancien et complexe [...] mais nous avons réussi à nourrir un dialogue extrêmement fructueux avec la Société d'économie mixte d'aménagement de Paris (SEMAPA), la SNCF et la mairie de Charenton-le-Pont», a ainsi expliqué le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, qui entend – grâce à cette nouvelle version du projet – faire face à «deux défis majeurs» que sont la crise climatique et la crise du logement.

«Créer un quartier plus accueillant»

L'objectif de la municipalité parisienne ? «Créer un quartier plus accueillant et laisser une large place à la nature en ville», avec au programme : des logements, dont du logement social, un grand parc boisé et des équipements publics.

Car si le site de Bercy-Charenton est aujourd'hui «une emprise ferroviaire enclavée» entre le 12e et Charenton-le-Pont, il sera d'ici à 2028 un quartier métropolitain ouvert sur Charenton, composé de «40 % de logements, 40 % de bureaux et 20 % d'activités mixtes», avec «un objectif de 3.500 habitants et 3.900 emplois».

Pour ce faire, le premier adjoint chargé de l'urbanisme a énuméré les 6 grandes orientations à donner à ce futur quartier, qui devra être «à l'écoute des usages», «en harmonie avec le vivant», «sobre et économe en ressources», «accueillant et inclusif», «attentif à la santé» et «100 % réversible». Car tout l'enjeu de relancer ce vieux projet est de l'améliorer et de le rendre compatible avec le futur PLU bioclimatique [Plan local d'urbanisme, ndlr].

Concrètement, le projet prévoit donc d'ouvrir la rue Baron-Le-Roy (12e) – qui se termine aujourd'hui en cul-de-sac, juste derrière le musée des Arts Forains – jusqu'à la ZAC de Bercy-Charenton, en traversant d'abord le boulevard Poniatowski et en passant ensuite sous le boulevard périphérique. Là, un jardin public de 3,5 hectares sera créé le long de la Petite Ceinture et jusqu'au bois de Vincennes, exclusivement réservé aux mobilités douces (piétons, cyclistes et bus à haut niveau de service).

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En outre, 5.000 m2 seront dédiés à des projets d'économie sociale et solidaire, 6.000 m2 à des commerces de proximité, 12.000 m2 à des équipements publics (dont deux écoles, un collège, deux piscines, deux crèches et un gymnase) ainsi que 17.000 m2 à un projet de logistique urbaine, portée par La Poste et la logistique urbaine du Grand Paris Sogaris, qui bénéficieraient ainsi d'un accès direct aux lignes ferroviaires existantes.

Une concertation publique lancée cet été

Un projet ambitieux, mais qui a finalement été divisé de moitié, avec une surface de construction qui passe de 515.000 m2 à 230.000 m2. Estimé initialement à 200 millions d'euros, il pourrait finalement coûter moins cher : 150 millions d'euros. Emmanuel Grégoire explique en effet que des économies ont été rendues possibles, notamment avec l'abandon de la construction d'une passerelle à 80 millions d'euros.

Côté calendrier, une concertation publique sera lancée cet été, en même temps que l'inauguration d'un tiers-lieu baptisé «Bercy Beaucoup, Initials BB» et géré par le collectif des Grands Voisins. L'ouverture provisoire de la rue Baron-Le-Roy est quant à elle prévue pour le «second semestre 2023». Les travaux de construction de la ZAC, eux, ne débuteraient pas avant «au mieux» 2025, pour une livraison des premiers bâtiments entre 2028 et 2030.

Reste à l’exécutif parisien de convaincre l'ensemble des élus, alors que cette toute nouvelle version du projet sera soumise au vote du Conseil de Paris, lors de la dernière séance avant l'été qui se tiendra du 5 au 8 juillet prochain. A ce sujet, la municipalité parisienne peut déjà compter sur le soutien du groupe des écologistes et des communistes au Conseil de Paris. 

D'abord opposés au projet, les élus écologistes se félicitent aujourd'hui de ce «contre-projet». «La ZAC Bercy Charenton est une des dernières grandes emprises urbaines à aménager dans Paris et offre des continuités écologiques et urbaines remarquables [...]. C’est pourquoi nous nous sommes opposés à la bétonisation, à la création de tours, à la création de tours, à la densification et à la perte de biodiversité locale du site...», ont-ils rappelé dans un communiqué.

Pour les communistes au Conseil de Paris, qui se félicitent également par la voix de l'élu PC dans le 12e Nicolas Bonnet-Ouladj, ces «nouveaux objectifs permettent de rassembler la majorité municipale», et ce, même s'il leur a fallu faire «une concession majeure sur la construction de logements [...] divisée par trois pour laisser place à de nouveaux espaces verts».

De nouveaux espaces verts loin d'être suffisants en revanche pour les élus de la droite parisienne Changer Paris. «Il y a une avancée, il faut le reconnaître, mais on est quand même loin du compte : pourquoi reste-t-on sur des bâtiments de 50 mètres de haut, concentrés sur des îlots centraux et sur une parcelle assez limitée ?», s’interroge Valérie Montandon, élue Changer Paris dans le 12e arrondissement.

Et de déplorer le peu de place laissé à la nature : «3,5 hectares, ce sont trop peu d'espaces verts, surtout si proches du périphérique». Citant une étude de l'Atelier parisien de l'urbanisme (APUR) datant de 2008, l'élue «regrette que la Ville ne s'oriente pas sur une couverture partielle des voies ferrées», qui aurait permis, selon elle, de réaliser des constructions moins hautes et plus étalées dans l'espace.

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