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«Ateliers en non-mixité raciale» : la demande de dissolution du syndicat Sud Education 93 rejetée par la justice

Les ateliers en non-mixité raciale avaient eu lieu en 2017 et 2019. [Photo d'illustration / Thomas SAMSON / POOL / AFP]

Le tribunal judiciaire de Bobigny (93) a rejeté ce jeudi 2 juin la demande de dissolution du syndicat Sud Éducation 93, attaqué par cinq parlementaires Les Républicains pour avoir organisé des ateliers en «non-mixité raciale» en 2017 et 2019.

Les juges de Seine-Saint-Denis ont tranché. Le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté ce jeudi 2 juin la demande de dissolution du syndicat Sud Éducation 93, attaqué par cinq parlementaires Les Républicains pour avoir organisé il y a quelques années des ateliers en «non-mixité raciale».

Dans leur décision les juges de la 9e chambre du tribunal de Bobigny ont estimé que «l'objectif poursuivi par le stage litigieux n'était pas de prôner la discrimination entre les personnes mais au contraire de critiquer de prétendues discriminations raciales à l'école.»

En décembre 2017, dans le cadre du stage «Au croisement des oppressions, où en est-on de l'antiracisme à l'école ?», ce syndicat minoritaire de l’Éducation nationale avait proposé aux enseignants plusieurs ateliers, dont deux en «non-mixité raciale».

Ceux-ci visaient les «enseignant.e.s non-blanc.he.s», le premier pour élaborer «des outils pour déconstruire les préjugés de race, de genre et de classe», le second pour un partage d'expérience sur leur «vie professionnelle différente». En parallèle, l'atelier «interroger nos représentations et nos postures dominantes» était destiné aux «enseignant.e.s blanc.he.s».

En 2019, Sud Éducation 93 avait à nouveau proposé un atelier en non-mixité.

«LUTTE ANTIRACISTE» CONTRE «DISCRIMINATION INDIRECTE»

«Ces deux ateliers en miroir, partant du constat, exact ou erroné, de situations différentes des enseignants dans l'institution selon qu'ils sont blancs ou non, proposent une réflexion sur cette situation (...) plutôt qu'ils ne révèlent une volonté de la pérenniser ou de l'aggraver au détriment du principe de fraternité», ont tranché les juges.

L'examen de ce dossier devant le tribunal, le 17 mars, avait réactivé le débat sur deux visions opposées de la lutte antiraciste.

Pour les demandeurs, cinq parlementaires Les Républicains, dont un n’est plus en mandat, ces ateliers produisaient de «la discrimination indirecte contraire aux valeurs de la République» via «l'injonction morale» faite aux enseignants blancs de ne pas se présenter, a soutenu leur avocat Me Poujol.

«Personne n'était là pour dire ‘tu n'as pas à être là, tu t'en vas’», avait rétorqué Me Raphaël Kempf, le conseil de Sud Éducation 93. L'avocat avait par ailleurs soutenu que les ateliers en non-mixité étaient «un outil de lutte et réflexion collective très utile», notamment utilisé dans la lutte féministe.

L'ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait déposé deux plaintes pour «diffamation» puis pour «discrimination» à la suite de ces stages. Elles avaient été classées sans suite par le parquet de Bobigny.

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