Votée contre l’avis du gouvernement dans la soirée du mardi 26 juillet, la revalorisation des pensions de retraite à hauteur de 500 millions d’euros a finalement été annulée après une seconde délibération des députés dans la nuit. Une manœuvre qui a largement irrité l’opposition, menée par le RN et LFI.
Un revirement de situation qui a provoqué un scandale de l’opposition à l’Assemblée nationale. Votée ce mardi soir à la majorité absolue, la revalorisation des pensions de retraites à hauteur de 500 millions d’euros a été annulée par un second vote dans la nuit de mardi à mercredi, à la demande du gouvernement. L'amendement, voté par 224 voix contre 121 en fin d'examen du projet de budget rectifié pour 2022, a annulé la revalorisation initialement prévue contre l’avis de l’exécutif.
A l’origine de cette seconde délibération, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a regretté le mode de financement de la mesure, à savoir «en prélevant les sommes sur les pensions de retraites civiles et militaires de l’Etat». «Cela ne me paraît pas juste dans son financement et inutile étant donné la revalorisation de 2023», a justifié ce dernier afin de voter une seconde fois.
La colère du RN et de la Nupes
Une méthode qui a été largement décriée par l’opposition, menée par le RN et la Nupes. La députée LFI Caroline Fiat a regretté l’attitude du gouvernement. «Le temps est venu d'admettre les votes de cette Assemblée», a assuré cette dernière lors de sa tribune à l’Assemblée.
Seconde délibération sur les pensions de retraite : "Il est venu le temps d'admettre les votes de cette assemblée", réagit @CarolineFiat54 (LFI).#PLFR2022 #PouvoirdAchat #DirectAN pic.twitter.com/OMBV5Cg4Ux
— LCP (@LCP) July 26, 2022
Dans la même veine, le député socialiste Jérôme Guedj a évoqué, pendant sa prise de parole à l’Assemblée nationale, «le match retour des mauvais perdants», évoquant un «aveu d’échec et de fébrilité» du gouvernement.
Cette demande de 2nde délibération après un vote contre l’avis du Gouvernement hier est un aveu d’échec et de fébrilité . Pour ceux qui juraient respect des parlementaires et compromis. La prochaine étape, c’est le vote bloqué, puis le 49-3. La minorité présidentielle, ça se voit https://t.co/grewKJEHr9
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) July 27, 2022
Enfin, le député RN Sébastien Chenu a pointé du doigt la responsabilité du groupe LR dans l’amendement du projet de loi. «C'est la mort des Républicains comme parti d'opposition», a affirmé ce dernier, évoquant sur Twitter une trahison du groupe envers ses électeurs.
Cette nuit 3 perdants:les retraités pour lesquels nous avions obtenu 500 millions d’aides;les électeurs des @lesRepublicains trahis par leurs élus (en pleine nuit c’est moins voyant!)et la démocratie piétinée par la brutalité de la Macronie-la fameuse nouvelle methode sans doute!
— Sébastien Chenu (@sebchenu) July 27, 2022
La revalorisation initiale dans le détail
A l’origine du projet de loi, la revalorisation des prestations sociales et des pensions de retraite devait être de 4%. Au-delà des pensions de retraite et d’invalidité des régimes de base, ce texte englobait le RSA, l'Allocation adulte handicapé (AAH), l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) et les bourses étudiantes sur critères sociaux.
Si certaines de ces prestations sociales avaient déjà été augmentées de 1,8% en avril dernier, la revalorisation initialement prévue devait entrer en vigueur dès le 1er juillet 2022 de façon rétroactive, sans attendre la date de revalorisation automatique annuelle.