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L'enseigne de prêt-à-porter Camaïeu de nouveau placée en redressement judiciaire

L'entreprise a été contrainte de suspendre une partie des loyers de ses magasins en juin 2021.[Damien MEYER / AFP]

En cessation de paiement, l'entreprise Camaïeu a demandé son placement en redressement judiciaire. La direction blâme entre autres la crise sanitaire.

A sa demande, le géant nordiste du prêt-à-porter, Camaïeu, a de nouveau été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lille, deux ans après sa reprise par la Financière immobilière bordelaise (FIB). L'enseigne, qui s'est déclarée en cessation de paiement lundi dernier, indique travailler «dès à présent au plan de continuation».

Avec 2.571 salariés dans 538 magasins à travers le pays, Camaïeu affiche son intention de «préserver l'activité de l'entreprise». Dans un communiqué, la division distribution de la FIB, Hermione People and Brands (HPB), explique que ce placement en redressement judiciaire doit permettre à la marque «de disposer d'une période d'observation puis de présenter un plan de continuation afin de poursuivre la transformation initiée par le groupe».

En août 2020, dans le cadre d'une restructuration pilotée par le tribunal de commerce, la FIB avait en effet repris 511 des 634 magasins Camaïeu de France, et environ 2.600 salariés sur plus de 3.100. La nouvelle direction s'était donnée deux ans pour remettre l'entreprise à l'équilibre, avec l'objectif de retrouver en 2022 un chiffre d'affaires de 552 millions, au niveau de celui de 2019.

Sauf que «la reprise s'est déroulée dans un contexte effroyable» selon Wilhelm Hubner, le président de HPB. Et, sur les 16 mois après l'opération, le chiffre d'affaires n'a atteint que 333 millions. L'enseigne a souffert de la crise sanitaire et, pour justifier sa demande, Camaïeu a notamment invoqué «les conséquences» d'un arrêt de la Cour de Cassation, daté du 30 juin. Ce dernier refusait «aux commerçants la baisse des loyers de la période Covid».

Une cyber-attaque d'«ampleur exceptionnelle»

Avant cela, l'entreprise était déjà sortie «largement fragilisée» d'une «période de plusieurs mois marquée par une série de difficultés exogènes», selon HPB. Le groupe, qui détient également Go Sport, La Grande Récré et 23 magasins affiliés Galeries Lafayette, évoque «une vague de crises successives majeures et sans précédent due à la crise Covid, aux confinements répétés [...] et à la désorganisation du transport mondial».

Camaïeu a également été mis en difficulté par une «cyber-attaque d'une ampleur exceptionnelle», ayant engendré des pertes atteignant 40 millions d'euros, selon la direction. La guerre en Ukraine et l'augmentation du prix des matières premières sont également invoquées. Selon Wilhelm Hubner, «une partie des loyers» ont été suspendus en juin 2021, pour enclencher des négociations avec les bailleurs, dont certains «sont allés au contentieux».

La situation est source d'inquiétude, notamment pour les salariés et syndicats. Thierry Siwik, délégué CGT de Camaïeu, est ainsi convaincu qu'«il y aura une réorganisation des effectifs, donc un plan social, donc de la casse sociale», même «si le tribunal valide un plan de continuité».

Il estime que les loyers non versés concernent «entre 250 et 300» magasins, pour un montant de «50 à 60 millions d'euros». Une dette «considérable» dont il espère pouvoir réduire les conséquences en construisant «une action avec la CGT HPB». De son côté, Nordine Misraoui, secrétaire CFDT du CSE, appelle l'actionnaire à «remettre de l'argent sur la table». Il en va, selon lui, «de sa crédibilité par rapport à toutes les enseignes qu'il porte».

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