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Julien Bayou estime que Sandrine Rousseau «est allée trop loin»

Visé par des accusations de violences conjugales relayées par Sandrine Rousseau, Julien Bayou nie les faits.

Mis en retrait de la coprésidence du groupe écologiste à l'Assemblée nationale après des accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne, Julien Bayou conteste les faits. Dans un entretien au Monde publié ce mardi 4 octobre, il reproche à sa collègue députée Sandrine Rousseau, qui avait relayé ces accusations sur un plateau de télévision, d'être «allée trop loin».

«Tout le monde le mesure», assure l'ancien secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui était absent ce lundi, à la rentrée parlementaire. Plaidant sa cause, il évoque un «dévoiement du féminisme» et un «spectacle pathétique».

«Féminisme, oui évidemment, toujours. Le maccarthysme est un tout autre sujet. C'est dire : "J'ai des listes d'hommes", c'est porter des accusations que vous ne pouvez contredire car il n'y a pas d'enquête», insiste Julien Bayou.

Il estime que «le privé ne doit pas être instrumentalisé à des fin politiciennes» et reproche à Sandrine Rousseau son initiative. «On ne balance pas à une heure de grande écoute la situation psychologique de quelqu’un qui souffre ou des accusations sans éléments».

L'ancienne compagne de Julien Bayou désignée par Sandrine Rousseau comme victime de violences avait écrit un mail à la cellule d'enquête interne d'EELV contre les violences faites aux femmes. Créée à la suite de l'affaire Baupin, cette structure s'était alors auto-saisie de l'affaire. Julien Bayou affirme avoir demandé à quatre reprises à être entendu dans ce cadre.

Aujourd'hui, il juge cette cellule «nécessaire» mais «fondamentalement insuffisante». Elle «ne remplace pas la justice, souligne-t-il. La sanction la plus grave qu’elle puisse prononcer est l'exclusion d'EELV. Elle ne peut prétendre ni dire le droit ni prononcer de réparation. Nous butons sur une impasse.»

L'ancien secrétaire national d'EELV craint en outre que l'efficacité de cette cellule soit compromise lorsqu'elle s'intéresse au dirigeant du parti. A lui, donc. «Serais-je blanchi, qu'on dirait qu'il y a eu collusion. Serais-je sanctionné, ce serait interprété comme un règlement de comptes avant le congrès» du parti en décembre, prédit-il.

Un «a priori de respect»

Interrogé sur les révélations de Libération, qui le dit «mis sous surveillance» par un groupe de militantes féministes, Julien Bayou confirme. Assurant avoir «hésité à déposer une main courante» en 2019, il dénonce «une instrumentalisation en vue d'un règlement de comptes». «J'ai dû demander à une femme militante de cesser d'enquêter sur moi et surtout de colporter rumeurs et accusations sans preuves», affirme-t-il.

Sandrine Rousseau avait indiqué qu'elle n'était «absolument pas au courant» de l'existence de ce collectif féministe. Invitée sur France Inter lundi 3 octobre, elle a récusé le fait que ses membres aient ouvert «une enquête» sur Julien Bayou afin de le mettre «sous pression». Selon elle, «ce sont des femmes qui se parlaient et qui cherchaient à protéger de nouvelle conquêtes» de l'ex-coprésident d'EELV. «Elles l'ont sans doute fait maladroitement, mais les femmes ont le droit de se parler, les femmes ont le droit de se prévenir», a déclaré la députée.

Concernant l'ex-compagne de Julien Bayou et les accusations qu'elle a elle-même relayées, Sandrine Rousseau considère qu'«il n'y a pas de présomption de vérité» mais une «présomption de respect de la parole». «La révolution qui est en train de se faire, c'est un a priori de respect, de dire "si elle le dit, on doit l'entendre". Ca ne veut pas dire qu'elle a raison [...] c'est la construction d'un espace dans lequel cette parole a sa place».

Lundi, l'ex-compagne de Julien Bayou a officiellement saisi la cellule d'enquête d'EELV contre les violences faites aux femmes. Pour l'heure, aucune plainte n'a été déposée et aucune enquête judiciaire n'a été ouverte. Mais, selon son avocate, Me Elodie Tuaillon-Hibon, la jeune femme a indiqué son intention d'être entendue «sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages».

Elle se dit «contrainte et forcée par le tempo médiatique qu'on lui a imposé [...] au mépris de sa santé mentale» et veut «récupérer sa parole, [...] totalement confisquée dernièrement». Dans un communiqué, elle précise que «ses idées suicidaires et son passage à l'acte ne sont en aucun cas liés à l'action de militantes féministes» invoquée par Julien Bayou.

Au travers de son avocate, l'ex-compagne de ce dernier dénonce «des comportements qui seraient toxiques, contraires aux valeurs du féminisme censé être au coeur des valeurs d'EELV». Elodie Tuaillon-Hibon décrit sa cliente comme une adhérente du parti qui «déplore une campagne interne et externe misogyne, psychophobe et validiste, indigne de personnes qui se disent progressistes».

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