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Mortalité : entre canicule et Covid-19, la France a connu son été le plus meurtrier depuis 2003

La France a connu trois épisodes caniculaires entre la mi-juin et la mi-septembre pour un total de 2.816 morts supplémentaires enregistrés sur la période. [Loic VENANCE / AFP]

Selon les données de Santé publique France, l’été 2022 a été particulièrement meurtrier dans l'Hexagone. Au total, entre le 1er juin et le 15 septembre, 10.420 décès supplémentaires ont été comptabilisés, toutes causes confondues. Une grande partie de ces décès sont imputables à la canicule et au Covid-19.

Un été meurtrier. Plus de 10.420 décès de plus que la moyenne attendue sur la période estivale, du 1er juin au 15 septembre 2022. C’est le bilan annoncé par Santé publique France dans son dernier rapport, qui désigne les deux principales causes de cette surmortalité : la canicule, et l’épidémie de Covid-19. Rien que pour le Covid, on ne dénombre pas moins de 5.735 décès supplémentaires observés, par rapport aux décès attendus.

C’était le deuxième été le plus chaud depuis le début du XXe siècle. La France a connu trois épisodes caniculaires entre la mi-juin et la mi-septembre pour un total de 2.816 morts supplémentaires enregistrés sur la période. C’est le bilan le plus important depuis la tristement célèbre canicule de 2003, qui avait causé près de 15.000 décès en l’espace de trois semaines, et qui avait provoqué la création d’un plan national canicule, souligne Santé publique France.

Une part de la surmortalité de l’ensemble de l’été 2022 est aussi «vraisemblablement due à une exposition à de fortes chaleurs» sous «les seuils d’alerte canicule», précise le rapport. Autrement dit, une part des décès observés sur la période s’expliquent par la chaleur, sans pour autant qu’il s’agisse d’une période officiellement recensée comme caniculaire.

Interaction entre Covid et canicule 

La canicule et l'épidémie de Covid-19 ont joué un rôle dévastateur, se mêlant parfois l'une à l'autre. Santé publique France précise en effet qu’il est difficile de dissocier les deux : «Il y a une interaction complexe, le Covid-19 a pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur pour certaines personnes, et réciproquement», précise Guillaume Boulanger, responsable de l’unité «Qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations» de SpF. Par ailleurs, d’autres éléments comme des accidents de la route ou des noyades ont pu influencer «mais à la marge», l’excès de mortalité.

Concernant les victimes, les personnes âgées et notamment les plus de 75 ans ont majoritairement été touchées, tant par la canicule que par le Covid. Un décès supplémentaire sur six concerne cette tranche de la population (2.272 décès, soit une augmentation de 20,2 %).

Géographiquement aussi les effets ont été inégaux. Quatre régions, principalement du sud de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur) ont cumulé près des deux tiers de l’excès de décès lors des canicules. Trois autres régions ont affiché les plus fortes proportions d’excès de mortalité : la Bretagne, moins acclimatée aux canicules car peu affectée jusqu’à cette année, l’Île-de-France, densément peuplée et urbanisée, ainsi que le Grand-Est.

L'Europe comme la France

Ce bilan confirme que les canicules, dont l’accumulation est un effet du réchauffement climatique, sont meurtrières et que le phénomène s’accélère. Sur les huit derniers étés, les canicules ont occasionné «plus de 10.500 décès en excès» en France, a observé Santé publique France. Quant aux grosses chaleurs en général, elles ont occasionné plus de 17.000 passages aux urgences et 3.500 consultations de SOS Médecins, rien qu’en métropole, de début juin à mi-septembre.

Même constat sur tout le continent européen, où des températures records ont été observées au Royaume-Uni, et où une première estimation publiée le 7 novembre par l’OMS à l’occasion de la COP27, faisait état d’au moins 15.000 décès en Europe liés aux vagues de chaleurs cet été. Le continent européen est celui qui se réchauffe le plus vite, enregistrant une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire lors des trente dernières années, précise l’ONU.

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