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Roman Polanski : le cinéaste sera jugé en mars 2024 pour diffamation d'une actrice qui l'accuse de viol

Il s'agira de la première audience en France liée aux accusations de viols visant le réalisateur franco-polonais de 89 ans. [Lou BENOIST / AFP]

Le cinéaste Roman Polanski sera jugé pour diffamation le 5 mars 2024 à Paris pour avoir mis en doute la véracité des accusations d'abus sexuels portées à son encontre par l'actrice Charlotte Lewis, a décidé ce mardi 29 novembre le tribunal correctionnel de Paris.

Le tribunal correctionnel de Paris a décidé ce mardi que le cinéaste Roman Polanski sera jugé pour diffamation le 5 mars 2024. Il lui est reproché d'avoir mis en doute la véracité des accusations d'abus sexuels portées à son encontre par l'actrice Charlotte Lewis.

Il s'agira de la première audience en France liée aux accusations d'agressions sexuelles visant le réalisateur franco-polonais de 89 ans. Le cinéaste avait été mis en examen, en 2021, après une plainte déposée par l'actrice britannique Charlotte Lewis.

En 2010, la comédienne britannique de 55 ans, qui avait tourné dans le film «Pirates» réalisé par Roman Polanski en 1986, avait affirmé avoir été «abusée sexuellement» par le cinéaste dans son appartement parisien au début des années 1980, alors qu'elle avait 16 ans.

«un odieux mensonge»

Dans un entretien publié par Paris Match en décembre 2019, Roman Polanski avait mis en doute ce témoignage. «Voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever (ses) contradictions», avait déclaré le réalisateur.

L'accusant d'un «odieux mensonge», le cinéaste mentionnait notamment des propos attribués à la comédienne dans un entretien qu'elle avait accordé en 1999 au tabloïd britannique News of the World. Le cinéaste soulignait la phrase suivante attribuée à Mme Lewis: «je savais que Roman avait fait quelque chose de mal aux Etats-Unis mais je voulais être sa maîtresse (...) Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait». L'actrice a toutefois contesté dès 2010 la véracité de ces propos. «Nombre des citations qui me sont attribuées dans l'article de News of the World ne sont pas exactes», avait-elle dit.

A la suite de l'entretien dans Paris Match, les avocats de Charlotte Lewis avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile en mars 2020, conduisant au renvoi du cinéaste devant le tribunal correctionnel. En droit de la presse, ce renvoi est quasi-automatique et le fond des accusations est examiné à l'audience.

Le cinéaste y sera représenté par ses avocats tandis que la plaignante a prévu d'assister en personne aux débats, selon un de ses conseils, Me Benjamin Chouai.

«Mme Lewis se présentera au tribunal», a-t-il affirmé à l'AFP, jugeant «regrettable» l'absence du cinéaste alors qu'il «demeure très actif sur le terrain médiatique».

rattrapé par des accusations de viols

La première accusation contre Roman Polanski remonte à 1977. Le réalisateur est accusé d'avoir drogué et violé Samantha Gailey, 13 ans à l'époque, à Los Angeles. Depuis cette date, et malgré de nombreuses procédures, il fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par les États-Unis, qui lui a valu plusieurs menaces d’extradition.

Le réalisateur né à Paris en 1933 et détenteur de trois Oscars et d'une Palme d'Or à Cannes est notamment visé par quatre accusations d'agressions sexuelles ou de viol. «Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre», avait-il déclaré dans Paris Match.

Une femme l'a accusé en août 2017 d'agression sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans, en 1973. En septembre 2017, Renate Langer, une ancienne actrice, a déposé une nouvelle plainte pour viol, affirmant avoir été agressée en 1972 en Suisse alors qu'elle avait 15 ans. Toujours en 2017, une artiste américaine, Marianne Barnard, a elle aussi accusé le réalisateur de l'avoir agressée en 1975, alors qu'elle avait 10 ans. En novembre 2019, une Française, Valentine Monnier, l'a également accusé de l'avoir violée en 1975 alors qu'elle avait 18 ans.

En 2020, l'attribution de son prix de meilleur réalisateur aux Césars pour «J'accuse» avait provoqué le départ de la cérémonie de l'actrice Adèle Haenel, un geste fort pour toutes les victimes de violences sexuelles. 

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