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Déserts médicaux : le maire de Nevers met un avion à disposition pour faire venir des médecins de Dijon

Confronté à un manque criant de médecins sur son territoire, le maire de Nevers (Nièvre) a décidé d'établir un pont aérien entre sa ville et Dijon (Côte-d'Or), afin de faire venir plus facilement les soignants jusqu'à ses administrés.

Entre alourdir son empreinte carbone et subir la désertification médicale, le maire de Nevers (Nièvre) a fait son choix. Pour pallier le manque de médecins, Denis Thuriot a décidé de les acheminer en avion depuis Dijon, la capitale régionale. Le premier vol est prévu ce jeudi 26 janvier.

Depuis son élection à la mairie de Nevers, en 2014, Denis Thuriot assure avoir tout tenté pour faire venir médecins, infirmiers et internes dans son centre hospitalier. Un internat pour les étudiants en médecine a été construit, une formation pour les infirmiers a été envisagée... en vain.

L'hôpital de Nevers souffre de la distance qui le sépare de son CHU de référence, situé à Dijon, mais aussi du manque d'attractivité de son territoire. Résultat : l'établissement manque aujourd'hui d'une vingtaine de médecins et d'une dizaine d'infirmiers.

Certains font l'effort de venir de Dijon pour renforcer ponctuellement les équipes, mais les 2h30 à 3h de route sont globalement dissuasives. Le temps de trajet est similaire en train et cette option n'est de toute façon pas plus pertinente puisqu'en raison de travaux de réfection, la ligne ferroviaire reliant Dijon à Nevers est suspendue jusqu'à mars 2024.

L'argument écologique balayé

L'hôpital a largement recours à l'intérim mais cela coûte une «fortune», 3,5 millions d'euros chaque année selon Denis Thuriot, qui témoigne auprès de France 3. D'après ses calculs, la rotation en avion revient moins cher, avec environ 5.200 euros déboursés pour un aller-retour. Sans compter que, par la voie des airs, les soignants peuvent relier Dijon et Nevers en seulement 35 minutes.

Pour l'heure un avion de 8 places est mobilisé, mais le maire n'exclut pas de monter en gamme si nécessaire. Cette idée d'un pont aérien avait déjà été émise auparavant «par le centre de cancérologie Georges-François Leclerc de Dijon», avant d'être «mise sous le tapis», selon Denis Thuriot. Le coût écologique d'une telle mesure constitue un frein pour beaucoup, mais l'édile ne veut pas en entendre parler.

«Il faut arrêter "l'avion bashing", estime-t-il. J'ai voyagé dernièrement à titre personnel, je n'ai jamais vu autant d'avions pleins. Et entre laisser mourir les gens parce qu'ils n'ont pas les bons soins et utiliser un avion, le choix est vite fait.»

Les représentants CFDT de l'hôpital de Nevers sont plus mesurés, jugeant l'idée «recevable [...] uniquement sur le court terme». Cette liaison aérienne constitue selon eux une solution ponctuelle mais elle ne permet pas de résoudre le problème de fond, celui de la «gestion de la santé en France».

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