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Roanne : quelle peine pour le père de famille qui s’était fait justice lui-même ?

L'affaire avait fait débat dans la classe politique et médiatique. [LOIC VENANCE / AFP]

Le tribunal correctionnel de Roanne doit rendre ce mardi 7 mars le jugement concernant le père de famille et ses complices, accusés d’avoir retrouvé puis passé à tabac un mineur soupçonné d’avoir agressé sexuellement la fille de ce premier.

Peine lourde ou légère pour un père de famille qui s’en est pris, avec des complices présumés, à un mineur soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa fille ? Telle est la question qui se pose, quelques heures avant le jugement que doit rendre le tribunal correctionnel de Roanne, ce mardi 7 mars.

L’affaire de Roanne, qui avait fait débat dans les médias et même la classe politique, puisque soulevant l’idée de faire justice soi-même, avait pris sa source le 22 octobre dernier. Cette nuit-là, un homme de 28 ans, qui a reconnu les violences, avait mis la main sur un garçon de nationalité guinéenne, suspecté de s’être introduit vingt-quatre heures avant dans la chambre de sa fille de 6 ans pour l’agresser sexuellement.

«J’ai commencé à taper, j’étais fou de rage»

A la barre, il avait expliqué : «dès que j’ai vu cette personne, j’étais sûr que c’était lui. Je l’ai pris en photo, ma femme me confirme que c’était lui. J’étais dans un état où je ne voyais plus rien. J’ai couru derrière lui, j’ai sauté sur lui, je suis tombé sur lui. Là j’ai commencé à taper, j’étais fou de rage». Et de poursuivre : «j’ai vu un balai, j’ai mis un coup. Je ne voyais plus rien, je ne voyais que lui. J’ai appelé la police. Je trouvais ça long. Le temps que la police arrive, je ne pouvais pas m’en empêcher. J’ai trouvé un câble, je l’ai frappé avec».

Il avait ensuite reconnu ne pas avoir à «faire justice soi-même» et expliqué qu’il ne le referait pas s’il fallait revenir en arrière, tout en affirmant n’avoir fait que «l’appréhender». Un point sur lequel avait appuyé son avocat, qui avait souligné que «cette intervention (…) était salutaire. Le degré de violence de mon client est certes illégitime, (…) mais il était sous une pression insupportable, avec un sentiment d’abandon».

«Quand bien même le jeune serait coupable, (...) vous n’aviez pas le droit de commettre sur lui des faits de violence»

De son côté, le procureur avait rappelé que «nous ne sommes pas dans le cadre de la légitime défense, avec une riposte conditionnée par le caractère immédiat et proportionnée à l’agression subie par l’enfant de ce monsieur». «Si ça s’était passé à votre domicile, j’aurais applaudi et j’aurais même accepté une violence appuyée sur le moment», avait-il toutefois reconnu, pour mieux appuyer sur le fait que les violences ont été commises la nuit suivant l’agression sexuelle présumée. «Quand bien même le jeune serait coupable, je vous le dis les yeux dans les yeux, quelle que soit la décision finale, vous n’aviez pas le droit de commettre sur lui des faits de violence», avait-il asséné.

Pour le père de famille, par ailleurs déjà connu de la justice pour vol en réunion, violences en réunion, vol par effraction ou refus d’obtempérer et conduite sous emprise de stupéfiants, il avait ainsi requis une peine de 18 mois de prison, dont 6 à 9 mois de sursis probatoire. Un an de prison, dont six mois avec sursis, ont également été requis contre un des complices présumés, et deux ans de prison, dont un avec sursis pour un deuxième, en état de récidive. La relaxe au bénéfice du doute a été demandée pour le troisième.

En détention provisoire après sa mise en examen pour agression sexuelle, l'adolescent, qui n'a pas assisté au procès pour des raisons de sécurité, nie toute agression.

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