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Ligne Lyon-Turin : tout comprendre au projet de TGV qui mobilise les militants écologistes

De nombreux militants écologistes s’opposent au projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, estimant que le projet est «démesuré» et «écocidaire». Bien qu'interdite, une mobilisation de leur part est prévue ce week-end. Voici les clés pour comprendre ce projet qui divise.

«Gaspillage d’argent public», «écocidaire» pour les uns et «essentiel» pour les autres… Le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin cristallise des tensions entre les associations écologistes, certains députés de l’opposition, et les défenseurs du chantier. 

De quoi s’agit-il ? 

Le projet ferroviaire Lyon-Turin, autrement appelé La Transalpine, a pour objectif de construire une ligne à grande vitesse reliant les deux villes française et italienne en creusant un tunnel à travers les Alpes. L’objectif est de désengorger les routes, et surtout de réduire le nombre de camions à travers les Alpes au profit du rail en créant une sorte «d’autoroute ferroviaire» combinant fret et trafic de voyageurs. La nouvelle ligne à grande vitesse comprendra 70% des voies en France et 30% en Italie, avec un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse - soit 45 km creusés en France et 12,5 km en Italie. Au total, 162 km de galeries doivent être creusées (le tunnel à double sens ainsi que des accès intermédiaires, des voies de services et de communication). 

Ce projet a été lancé en 1992, et est en grande partie financé par l’Union européenne pour désengorger les routes. Son coût total était estimé à 26 milliards d’euros en 2012, selon la Cour des comptes, répartis entre l’UE, l’Italie et la France. Le tunnel a commencé à être creusé dans les Alpes françaises et italiennes, et son coût est estimé à lui seul à 9,6 milliards d'euros, stipule un rapport de la Cour des comptes européenne publié en 2020. 

Les réflexions sont toujours en cours du côté français quant au tracé ferroviaire, et le ministère des Transports a commencé à chiffrer le coût des 150 km de voies d'accès au tunnel. 

Ce projet devrait être achevé en 2030. 

Pourquoi les militants écologistes sont contre ? 

Plusieurs associations écologistes contestent le bien-fondé du projet, notamment les Soulèvements de la Terre, mouvement que le gouvernement souhaite dissoudre, et les No-Tav italiens. Ils estiment que la création d’un tunnel à travers les Alpes est un désastre écologique. Les militants soulignent notamment l’artificialisation de nombreux hectares de terres agricoles, ainsi que la destruction de forêts ou l’utilisation de très importantes ressources en eau. «De par les chantiers qu’il engendre, le Lyon-Turin aura des impacts considérables sur la ressource en eau : drainage de quantités considérables d’eau, réduction du débit des sources et cours d’eau, perturbations irréversibles des cycles hydrogéologiques, etc.», ont estimé les Soulèvements de la Terre dans un article

Les associations ne sont pas les seules à s’opposer à ce projet : les maires écologistes de Lyon et Grenoble, Gregory Doucet et Éric Piolle, sont également hostiles au projet. Des députés insoumis et écologistes ont également annoncé cette semaine le lancement d'une «commission d'enquête populaire» pour dénoncer le coût «démesuré» et la nocivité du projet. «C'est un projet écocidaire et de gaspillage de l'argent public», selon la cheffe de file de La France insoumise à l'Assemblée, Mathilde Panot. 

Un grand week-end de manifestation est prévu ce samedi 17 et dimanche 18 juin dans la vallée de la Maurienne. Cependant, la préfecture de Savoie a pris un arrêté d'interdiction «de toute manifestation ou rassemblement sur la voie publique» de vendredi à dimanche dans neuf communes de Maurienne «afin d'assurer la sécurité des personnes et des biens».

Les autorités craignent une mobilisation internationale «de plus de 3.000 personnes, dont plus de 400 radicaux, susceptible de provoquer de graves troubles à l'ordre public». Les organisations militantes ont cependant décidé de maintenir la manifestation malgré l’interdiction et de saisir la justice. S'ils ont eu beau déposer un recours devant le tribunal administratif de Grenoble, la juridiction l'a cependant rejeté vendredi soir. De quoi, peut-être, galvaniser les plus radicaux.

Qui défend le projet ? 

Le projet est jugé «essentiel» par Bruxelles, et est également soutenu par certains élus locaux en France. Une quarantaine de maires du Grand Lyon ont appelé à «l'union sacrée» pour défendre le projet de liaison ferroviaire, dénonçant les positions du maire de la métropole. 

«Nous refusons de tourner le dos à l'Italie», avait déclaré début juin Gilles Gascon, maire de Saint-Priest, lors d'une conférence de presse consacrée à cet «appel solennel» signé par les édiles de 42 des 59 communes du Grand Lyon, principalement de droite et du centre. Le projet est également soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes et par le gouvernement. 

En Italie, le projet est quant à lui soutenu par la plupart des forces politiques, exceptée le M5S, parti eurosceptique. 

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