L’Afrique du Sud a déposé une plainte contre Israël auprès de la Cour pénale internationale la semaine dernière, l’accusant de génocide contre les populations palestiniennes.
Trois mois après les attentats du 7 octobre 2023, qui ont causé la mort de 1.300 civils israéliens et 149 otages, le bilan du conflit entre Israël et le Hamas ne cesse de croître. En trois mois, le bilan des morts palestiniens a dépassé les 23.350 tués, essentiellement des civils.
Dans ce contexte, l’Afrique du Sud a intenté une procédure pour génocide contre l’État d’Israël devant la Cour pénale internationale de La Haye (CPI), dont les auditions se sont tenues jeudi et vendredi dernier.
Plusieurs chefs d’accusation contre Israël
Dans son réquisitoire, l’Afrique du Sud a accusé Israël d’avoir fait déplacer les populations du nord au sud de la bande de Gaza et d’avoir bombardé les zones «sûres». Ces bombardements ont notamment causé la destruction du système de santé palestinien (hôpitaux, ...) et ont donc visé à entraîner leur «destruction physique totale ou partielle.»
Ensuite, l’Afrique du Sud accuse l’État hébreux «d’avoir infligé des dommages corporels et mentaux» aux populations de Gaza, en avançant le chiffre de 60.000 Palestiniens blessés ou estropiés depuis le mois d’octobre 2023.
Enfin, en bloquant ou en réduisant drastiquement l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, Israël aurait empêché la naissance d’enfants.
Si la procédure initiée par l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide aboutissait, l’État hébreux pourrait être contraint d’interrompre ses combats contre le Hamas, si elle était condamnée pour génocide par la CPI.
C’est en tout cas ce qu’espèrent les Sud-Africains, qui n’ont pas manqué d’accabler Israël pour son bilan humanitaire dramatique à Gaza, au cours de leur journée d’audience, jeudi dernier.
Un soutien de l’Afrique du Sud au Hamas dénoncé par Israël
Dans sa réponse aux accusations graves de l’Afrique du Sud, vendredi, le représentant de l’État d’Israël, Tal Becker, a rétorqué avec virulence, en accusant à son tour le Hamas de génocide.
Il a aussi dénoncé l’intention de l’Afrique du Sud derrière ce procès. Faire en sorte que «la cour ordonne l’interruption des opérations [à Gaza] contre les attaques d’une organisation qui poursuit un agenda génocidaire». C’est une perspective que craint beaucoup Israël, car elle laisserait ainsi les mains libres aux terroristes du Hamas pour se réorganiser à Gaza.
L’avocat de la partie israélienne, le britannique Malcolm Shaw a dénoncé de son côté le soutien de l’Afrique du Sud aux populations de Gaza : «L’Afrique du Sud a apporté, au minimum, son secours et son soutien au Hamas» a-t-il rappelé.
Le président de la Cour pénale internationale a mis fin aux plaidoiries vendredi soir et a annoncé qu’il publierait sa décision dans les prochains jours.
Les Sud-Africains devront encore prouver le caractère intentionnel de génocide de la part d’Israël, une condition sine qua non pour qu’une condamnation pour génocide puisse être prononcée.