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Colère des agriculteurs : pourquoi la fronde inquiète-t-elle autant le gouvernement ?

La colère ne tarit pas chez les agriculteurs, partout en Europe, et notamment en France. Le gouvernement se mobilise sur cette question à l'approche des élections européennes, pour ne pas laisser le champ libre au Rassemblement national.

Afin d’éviter l’explosion d’un nouveau conflit social quelques jours à peine après son arrivée à Matignon, Gabriel Attal est allé à la rencontre des agriculteurs en colère, qui bloquent l’autoroute A64 depuis plusieurs jours. Les actions coup de poing se sont multipliées, notamment en Occitanie, et inquiètent le gouvernement. L'agriculture est «un sujet absolument majeur (...) que je prends très au sérieux», a assuré le nouveau Premier ministre lors d’un déplacement à Saint-Laurent-d'Agny (Rhône), ce samedi.

Allemagne, Roumanie, Pologne… Dans de nombreux pays d’Europe, les agriculteurs se mobilisent avec différentes revendications, mais dénoncent globalement les normes imposées par l’Union européenne, dont beaucoup d’entre eux dépendent, qui sont parfois difficiles à respecter, ainsi que des normes environnementales qui peuvent parfois les pénaliser.

En France, les agriculteurs protestent notamment contre la fin de l’avantage fiscal du gazole non routier, utilisé pour les engins agricoles, dont ils bénéficiaient, mais également contre l'augmentation de la redevance sur l'eau et les produits phytosanitaires. Les agriculteurs réclament donc au plus vite les débats concernant la future loi sur l’Agriculture.

Un enjeu crucial pour les européennes

Le Rassemblement national, qui arrive en tête des intentions de vote pour les élections européennes, s’est immédiatement saisi de cette problématique. Jordan Bardella, le président du parti et tête de liste aux européennes, était lui aussi en déplacement en Gironde auprès d’agriculteurs ce week-end. «Je pense qu'il y a un mouvement de colère qui est en train de se lever, aujourd'hui, partout en Europe. Et ce mouvement de colère, ce sont l'Union européenne et l'Europe de Macron, qui veut la mort de notre agriculture», a-t-il déclaré.

Selon Jordan Bardella, les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron n’ont pas montré «énormément de preuves d'amour depuis 2017» à l’égard du monde agricole. L’exécutif craint donc que la colère des agriculteurs, historiquement plutôt ancré à droite et très loin des extrêmes, puisse se traduire par des votes supplémentaires pour le RN en juin prochain. Ne pouvant se résoudre à voir les agriculteurs se tourner vers Marine Le Pen, les membres du gouvernement multiplient donc les déplacements et prises de paroles concernant le monde agricole depuis quelques jours.

Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, était lui-même en déplacement dans le Cher ce weekend, à la rencontre des responsables d’un élevage laitier. L’Élysée a demandé aux préfets d’aller à la rencontre des agriculteurs et de leurs syndicats, «au plus près du terrain». Gabriel Attal doit par ailleurs recevoir lundi soir le patron de la FNSEA et le syndicat allié Jeunes agriculteurs. À l’approche du salon de l’Agriculture, du 24 février au 3 mars, le gouvernement souhaite d’autant plus mettre le thème de l’agriculture au centre des débats.

Projet de loi encore reporté

Le ministre Marc Fesneau a cependant annoncé ce dimanche le report de la présentation de ce projet de loi de «quelques semaines», qui devait être dévoilé mercredi en Conseil des ministres. «Le projet de loi devait être présenté la semaine prochaine. Pour adjoindre quelques mesures réglementaires - il y a quand même des sujets juridiques qu'il faut qu'on pose - donnons-nous quelques semaines», a-t-il déclaré.

La FNSEA avait toutefois mis en garde Emmanuel Macron en cas de retard sur ce texte, et avait menacé de chahuter la visite du chef de l'État au Salon de l'Agriculture si les avancées n'étaient pas assez rapides.

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