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Quelles sont les raisons de la vive colère des agriculteurs européens ?

Mobilisés depuis début janvier, les agriculteurs allemands bloquent les routes pour exprimer leur colère et faire réagir leur gouvernement. Une fronde agricole qui a été observée dans d'autres pays européens ces derniers mois.

Lancés dans une série de grèves et mobilisations, les agriculteurs allemands ne décolèrent pas. Ils cherchent à faire pression sur le gouvernement Scholz et s'inscrivent ainsi dans un malaise agricole plus large, qui s'étend en Europe depuis des mois.

En Allemagne, c'est la fin des subventions au diesel agricole qui a mis le feu aux poudres. Selon Joachim Rukwied, le président de l'Union des agriculteurs allemands (DBV), sa suppression équivaut à un milliard d'euros de coûts en plus pour les professionnels du secteur.

Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a pris cette mesure après qu'une décision de justice de la Cour constitutionnelle a annulé 60 milliards d'euros d'investissement d'avenir en novembre, forçant l'exécutif à réduire ses dépenses pour 2023 et 2024.

Face à la colère des agriculteurs, qui avaient déjà manifesté par milliers le 18 décembre dernier à Berlin, le gouvernement a tenté de trouver un compromis, jeudi 4 janvier. L'avantage fiscal accordé sur le gazole agricole, qui devait être annulé d'un coup, sera donc finalement supprimé progressivement jusqu'en 2026. L'avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l'agriculture, lui, sera maintenu.

Mais ces concessions n'ont pas satisfait les agriculteurs, qui ont investi les grandes villes du pays à bord de leurs tracteurs depuis plusieurs jours. 

Ailleurs en Europe, cette colère est notamment partagée en Pologne. Jusqu'à récemment, des agriculteurs polonais bloquaient un important poste frontalier avec l'Ukraine, affirmant souffrir de la chute des prix à la suite des importations de céréales ukrainiennes, au début de l'année dernière.

Ils ont levé leur blocage samedi 6 janvier, après avoir signé un accord avec le ministre polonais de l'Agriculture. Cet arrangement prévoit la mise en place d'un sytème de subventions et de prêts bon marché pour la production.

La question de l'azote aux Pays-Bas

La perspective d'une intégration de l'Ukraine à l'Union européenne et l'entrée des produits agricoles ukrainiens au sein du marché commun inquiètent d'autres Etats membre, notamment d'Europe de l'Est.

A la faveur des «corridors de solidarité» mis en place par l'UE après l'invasion russe de l'Ukraine, les marchés agricoles de la Pologne, la Bulgarie, la Slovaquie, la Roumanie ou encore la Hongrie ont été envahis par les céréales ukrainiennes. Depuis, les producteurs locaux dénoncent des prix en chute libre et peinent à vendre leur propre production.

Au Pays-Bas, le début de l'année 2023 a aussi été marqué par la grogne des agriculteurs, qui s'opposent aux projets gouvernementaux de réduction des émissions d'azote. Ce gaz à effet de serre est notamment émis par les engrais et les effluents liés à l'agriculture, ce qui a conduit l'exécutif à prendre des mesures pour réduire l'élevage.

Les panneaux retournés en France

Le gouvernement a prévu de débloquer 25 milliards d'euros d'ici 2035 pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions d'azote, mais cela n'a pas calmé la fronde des agriculteurs, puisqu'elle a abouti à la création d'un nouveau parti politique : le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB). Le drapeau néerlandais à l'envers, devenu symbole de leur colère, s'est affiché partout dans le pays.

Une initiative qui n'est pas sans rappeler celle des membres des Jeunes Agriculteurs et de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), en France. En novembre, ces derniers ont retournés plusieurs panneaux signalétiques d'entrée de villes pour dénoncer les «incohérences» de certaines politiques nationales et européennes.

Cela concernait notamment l'augmentation de la redevance sur l'eau et les produits phytosanitaires, la fin progressive de la défiscalisation du gazole non routier, utilisé pour les tracteurs, mais aussi la potentielle signature d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur.

Les agriculteurs français étaient aussi particulièrement ulcérés par les reports successifs de la future loi d'orientation agricole, qui vise notamment à assurer la transmission des exploitations, l'installation de jeunes agriculteurs et la transition environnementale du secteur. D'abord annoncée pour l'été 2023, puis décalée à septembre, puis décembre, elle est désormais attendue en 2024.

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