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Les infirmiers libéraux se mobilisent ce samedi pour réclamer notamment une revalorisation de leurs tarifs

Ce samedi 17 février, les infirmiers multiplieront, partout en France, des actions pour réclamer une augmentation de leur rémunération, et une meilleure considération. Le mouvement pourrait se poursuivre pendant une bonne partie des vacances scolaires.

Une augmentation des salaires et une meilleure reconnaissance de la pénibilité. Telles sont les principales revendications des infirmiers libéraux, qui se mobiliseront dans le pays dès ce samedi 17 février, début des vacances de la zone A, pour dénoncer leurs conditions de travail, dans le sillage des manifestations des agriculteurs, qui ont conduit à l'annonce de mesures. Sont notamment prévues manifestations, blocages de péages, opérations escargots et distributions de tracts sur la voie publique, pour sensibiliser le public à la cause infirmière, et ce, sur une grande partie des vacances scolaires.

«Vous nous avez applaudis tous les soirs à 20h pendant le confinement pour notre dévouement face à une des plus grosses crises sanitaires. Voyez un peu maintenant la réalité du terrain...», réclame d’emblée le collectif Infirmiers en colère dans une lettre ouverte adressée au nouveau ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, qui vaut aussi pour pétition.  

Et de poursuivre : «Nous nous relayons 365 jours par an pour assurer le maintien, le retour à domicile de vos ainés, de vos enfants, de vos proches mais aussi l’accompagnement jusqu’au dernier souffle pour d’autres. Nous sommes parfois l’une des seules personnes que les patients voient au cours de leur journée». 

Un «épuisement psychologique et physique» 

«Nous aimons notre métier, mais aujourd’hui, nous faisons face à un épuisement psychologique et physique», déplore le collectif. «Nous manipulons des patients plus ou moins lourds, plus ou moins grabataires mais ce n’est pas reconnu en tant que tel», détaille-t-il. «De nombreuses infirmières souffrent de pathologies du rachis, des articulations, des membres supérieurs ou inférieurs», poursuit le collectif. «L’espérance de vie d’une infirmière est diminuée de 7 ans par rapport aux autres personnes dans notre pays», peut-on lire dans la lettre.   

Un chiffre édifiant qui s’explique entre autres par des conditions de travail très exigeantes. Les IDE (infirmiers diplômés d’État) affirment se voir régulièrement chargés de tâches dépassant largement leurs prérogatives. «Quel infirmier n’est pas allé chercher un traitement à la pharmacie parce que cette dernière ne peut pas livrer ?», cite pour exemple le groupe d’infirmiers. Ou encore : «Quel infirmier n’a pas passé un appel pour commander une ambulance ou pris un rendez-vous chez un spécialiste ou un examen pour son patient ?». 

«Les processus sont de plus en plus complexes et chronophages», synthétise la lettre, alors que les infirmiers dénoncent le poids croissant des démarches administratives dans leur pratique.   

Une différence de traitement avec le reste du corps médical 

C’est aussi la différence de conditions de travail par rapports aux autres professionnels de santé que dénonce la pétition. Contactée par CNEWS, la responsable du collectif, Gaëlle Cannat, explique d'emblée : «Nos salaires n'ont pas été revalorisés depuis 15 ans, c'est là notre revendication principale. D'autant plus étant donné l'inflation que nous avons connue».

En outre, «les indemnités kilométriques sont passées de 2,30 € en 2009 (avenant 1) à 2,50 € en 2012 (avenant 3) et ont depuis été réévaluées de 25 centimes», fait savoir la pétition. «Le coût du déplacement des kinésithérapeutes s’élève à 4 €. Le coût du déplacement des médecins en fonction de l’horaire d’intervention varie entre 10 € et 43,5 €», peut-on lire. Gaëlle Cannat insiste toutefois sur un point : «Tous les professionnels de santé font face à d'importantes difficultés».

La pétition dénonce également les montants de rémunération des différents actes, appelés BSI. Parmi eux : le BSA, correspondant à une prise en charge à domicile légère. «Le tarif du BSA s’élève à 15,5 € brut soit 7,75 € net», perçu par un infirmier. «Pour un patient grabataire, avec un alitement strict, nous faisons une prise en charge en 2 passages pour 33,7 € brut soit 16,85 € net pour la journée», fait savoir la pétition.  

«En comparaison, selon l’Insee sur l’année 2009, le prix moyen du gazole était de 1,01 € contre 1,86 € en 2022», rappelle le collectif. «Le prix de l’essence augmente de 85% quand le tarif de nos déplacements augmente de 8,7% sur la même période», relate la pétition. 

«Comment expliquez-vous cette différence par rapport à nous, infirmiers ?», interrogent les infirmiers dans leur lettre, qui mentionnent également que «d’autres corps médicaux ou paramédicaux font des pansements à [leur] place de manière programmée», notamment «des injections de vaccins» et des «tests antigéniques», ciblant «médecins généralistes» et «pharmaciens».  

Outre leurs propres conditions de travail, c’est aussi les conditions de soins des patients que pointent du doigt les signataires de la pétition : «La prise en charge de patients avec soins post opératoires ambulatoires est périlleuse avec des patients qui sortent sans prescription» fait savoir la pétition. «Nous nous rendons compte de problèmes de cicatrisation ou d’infection tardivement», peut-on même lire.  

«Quel est le but des prescripteurs (ou des instances qui le leur imposent) : une économie sur la santé et la prise en charge du patient ?», interroge aussi la pétition. Une critique formulée par une frange croissante du corps médical, dans un contexte de réduction des moyens. D'ici à cinq ans, 58% des cabinets infirmiers libéraux pourraient fermer, selon un sondage mené auprès des professionnels concernés, fait savoir Gaëlle Cannat. 

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