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Un médium opère sans asepsie et soigne des milliers de malades

Le médium brésilien Joao de Deus, chez lui à Abadiania, près de Brasilia, le 4 avril 2012[AFP]

Joao de Deus, un médium consulté par l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva quand il était soigné pour un cancer, reçoit toutes les semaines des milliers de malades du monde entier à Abadiania, près de Brasilia, où il opère sans asepsie, avec des ciseaux, un couteau ou un bistouri.

"Je vais te soigner", dit-il à une jeune femme. Le médium en transe lui saisit la plante des pieds et y insère une aiguille de quatre centimètres.

"Tu vas avoir mal, ne regarde pas", lui dit-il alors qu'il enfonce l'aiguille plusieurs fois.

Elle semble ne rien sentir et quand c'est terminé, le médium de près de soixante-dix ans, presque analphabète, ébauche un grand sourire. Emue, elle affirme qu'elle est guérie d'un mal chronique que les médecins n'arrivaient pas à traiter.

Né le 24 juin 1942 sous le nom de Joao Teixeira de Faria, Joao de Deus (Jean de Dieu) se dit "spirite", adepte de la doctrine fondée au 19e siècle par le Français Allan Kardec, qui compte aujourd'hui près de trois millions de fidèles du Brésil.

Ce guérisseur affirme incorporer des esprits quand il est en transe. Il diagnostique des maladies, prescrit des traitements et réalise des opérations, parfois avec les mains, d'autres fois avec des couteaux de cuisine, des bistouris ou des ciseaux.

"Sans asepsie et sans anesthésie, avec la même main que celle qui avait touché des centaines de patients, Joao de Deus a ouvert l'oeil de l'un d'eux et a commencé à le gratter avec un couteau, on pouvait entendre le raclement. Le patient n'a pas bronché et il lui a dit: +Tu es guéri, tu peux partir+", raconte à l'AFP Reinaldo da Her, un médecin orthopédiste qui vient d'assister à la séance.

"Depuis l'âge de huit ans, Dieu m'a transmis cette énergie. Je ne soigne pas, c'est Dieu qui soigne", explique le médium à l'AFP lors d'un bref moment de repos.

Joao de Deus reçoit quelque mille personnes par jour, trois fois par semaine, et plus de la moitié sont des étrangers. Le rituel est toujours le même: le guérisseur s'asseoit dans un grand fauteuil, les pieds sur un coussin. Devant lui et dans des salles attenantes, plusieurs centaines de fidèles méditent pour former un cercle d'énergie.

Un par un, tous les patients défilent devant Joao de Deus qui les traite souvent en moins d'une minute.

Beaucoup sont déçus par la médecine traditionnelle et s'accrochent à ce dernier espoir. Certains viennent en quête d'emploi ou de spiritualité. Et nombreux aussi sont ceux qui viennent simplement le remercier.

"Tout le monde va être reçu", clame dans un micro un bénévole. Les instructions et messages spirituels sont diffusés en anglais, français, espagnol, allemand, russe et portugais au milieu d'un murmure de plus de mille personnes revêtues de blanc et aidées par des dizaines de traducteurs.

"Je suis arrivée en 2006 avec une sclérose en plaques. J'étais sur une chaise roulante depuis 1999. Et tu me vois, je suis guérie et je marche. Je n'ai plus de symptômes", explique Marina, une femme d'origine russe installée à New York et qui, aujourd'hui, est médium et guide à Abadiania.

Joao de Deus officie depuis 35 ans dans cette petite ville dont l'économie tourne autour du centre du médium. Il y a plus de quarante auberges et des dizaines de taxis font l'aller et retour depuis l'aéroport de Brasilia.

Il soigne gratuitement. Ses gains, assure la direction du centre, viennent de dons, de la vente de remèdes naturels et d'eau purifiée.

Le médium a rendu visite plusieurs fois à l'ex-président Lula à l'hôpital de Sao Paulo où il était en traitement pour un cancer du larynx, selon ses proches. Lui garde le silence.

D'autres se demandent si Joao de Deus est un faiseur de miracle ou un charlatan, notamment le milieu médical.

"Les opérations en ambiance contaminée, les prescriptions thérapeutiques indues sont des manifestations religieuses qui, naturellement, sont illégales", a affirmé le vice-président du Conseil fédéral de médecine du Brésil, Carlo Vital, dans une interview à la chaîne Globo.

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