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William Leymergie : les souvenirs d'un "petit blanc"

William Leymergie, auteur du récit "Les Dents du bonheur" William Leymergie, auteur du récit "Les Dents du bonheur"[© DR]

Présentateur mythique du petit écran, William Leymergie sort "Les Dents du bonheur", un recueil d’anecdotes drôles et attachantes, non pas, comme on aurait pu s’y attendre, sur le monde de la télé, mais sur ses vingt premières années passées entre l’Afrique noire et l’Afrique du Nord. L’animateur de Télé Matin avoue que c’est par hasard qu’il s’est lancé dans l’aventure.

 

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Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce livre?

Le hasard. Je n’ai jamais eu l’intention de parler à la première personne. J’avais gardé ça dans un coin de ma mémoire considérant que tout ça ne devait pas être passionnant. C’est un éditeur, surpris par mes souvenirs d’enfance, qui m’a proposé de les partager avec le public. C’était aussi pour ne pas oublier qu’il y a eu des petits Blancs qui ont passé leur enfance en Afrique Noire dans les années 1950. On ne doit plus être très nombreux.

 

A-t-il été difficile de retrouver vos souvenirs? 

C’est un peu comme si j’avais mis mon short de l’époque pour me remettre dans le jus. C’est curieux comme tout a vite refait surface. C’était enfoui, mais peu profond. Il a suffi de remuer l’eau pour s’apercevoir de ce qu’il y avait au-dessous : les lieux, les odeurs, les personnages, même les noms.

 

Justement, vous arrivez à écrire à hauteur d’enfant…

C’est un monde qui ne m’est pas totalement étranger. Le monde de l’enfance m’a toujours intéressé. J’ai produit des émissions pour enfants pendant de nombreuses années.

 

Pourquoi une construction autour d’anecdotes?

C’était le projet de l’éditeur de séquencer l’ouvrage ainsi. Il fallait qu’il y ait une histoire qui commence et qui s’achève à chaque chapitre. Ce n’est pas le livre d’un homme qui réfléchit sur son passé. C’est un récit qui fait cohabiter des petites histoires. 

 

Votre père est très présent dans l’ouvrage. Est-ce une façon de lui rendre hommage ?

Je n’ai pas de dettes envers mon père. Il savait toute l’admiration que je lui portais. Quand il a disparu, il n’avait pas non plus de dettes envers nous. Et surtout pas envers moi parce qu’il s’était très bien occupé de nous et en particulier du dernier, en l’occurrence moi. C’était une manière de dire par écrit ce que j’avais simplement dit avec les yeux.

 

Avez-vous eu l’occasion de retourner en Afrique ?

Je suis retourné en Afrique du Nord une à deux fois par an, que ce soit au Maroc ou en Tunisie. J’espère un jour aller en Algérie. J’aimerais organiser un séjour suffisamment intéressant pour y emmener mes enfants. Il y a quelques années je suis aussi retourné au Sénégal et au Mali. Mais je n’y retourne pas assez... Tout est prétexte pour moi à parler de l’Afrique. C’est là où j’ai mes plus beaux souvenirs d’enfance. J’ai une bibliothèque avec beaucoup de livres qui se rapportent à ces pays-là. Le fait qu’ils soient éloignés, que je ne puisse pas y aller tous les jours, cela leur confère une dimension mythique. Dans ces pays d’Afrique où j’ai habité, dans ces capitales, que ce soit Bamako ou Dakar, le cœur de la ville n’a pas changé. La périphérie a augmenté parce que la population a augmenté. Quand je suis retourné à Dakar, dans la maison où j’habitais, 55 ans après y avoir vécu, rien n’avait changé. La peinture avait été refaite mais la rue était la même, les arbres étaient les mêmes. C’était très étonnant. C’était comme si j’avais été téléporté dans mon enfance.

 

Dans l’ouvrage, vous utilisez l’expression « nostalgie teintée de joie ».

J’ai eu de la chance. Je suis tombée sur des parents qui étaient extrêmement présents, qui s’occupaient de leurs enfants. Je sais que d’autres n’ont pas eu cette chance. J’ai été heureux dans des pays qu’on aurait dit tout droit sortis d’un film. Maintenant quand je me penche là-dessus et que je vois comment j’ai élevé mes enfants au jardin public sous la pluie à Paris, ce n’est pas tout à fait aussi glamour.

 

Une fiction vous tenterait-elle ?

Peut-être pas un roman. Je ne me suis jamais risqué à ça. En revanche, écrire pour le théâtre, ça m’amuse. Car le théâtre est une autre de mes passions. J’y vais une fois par semaine. Je m’y suis déjà essayé d’ailleurs, mais pour l’instant il n’y a que ma poubelle qui lit mes pièces. Mais un jour, quand je serai grand, j’y arriverai.

 

Et raconter les coulisses de Télé Matin ?

Je suis convaincu que ça n’intéresserait personne. A part un cercle restreint de gens qui travaillent ici. On me pose souvent cette question mais je crois que la télé ça se regarde, ça ne se lit pas.

 

« Les Dents du bonheur », de William Leymergie, Editions Albin Michel, 19,80 €.

 

Lire un extrait : 

 

Son parcours professionnel :

1970 : il commence sa carrière audiovisuelle à l’ORTF à la direction des affaires extérieures et de la coopération (RFI).
1980 : il devient responsable éditoriale de l’émission jeunesse Récré A2. 
1985 : il présente Télé Matin, la nouvelle émission matinale d’Antenne 2, qu’il anime encore aujourd’hui.
1986 : il anime pendant quatre ans le journal télévisé de 13h sur Antenne 2, face au JT de TF1 animé par Yves Mourousi.

 

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