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Jacques Séguéla : "Mon métier, créer du rêve"

Jacques Séguéla fouille ses souvenirs de publicitaire Jacques Séguéla fouille ses souvenirs de publicitaire[©ThomasRaffoux]

La publicité est l’histoire de sa vie. Jacques Séguéla raconte ses souvenirs dans un livre. 

 

Dans Coups de pub, récit truffé d’anecdotes toutes plus savoureuses, Jacques Séguéla livre avec espièglerie ses anecdotes, ses grandes rencontres et les campagnes qui ont jalonné sa carrière retraçant par la même un demi siècle d’histoire de la publicité.

 

Avec Coups de pub, vous revenez à vos fondamentaux. 

Il était temps que je revienne à mes racines. Le combat de ma vie a toujours été de faire rayonner la publicité française dans le monde. Ce livre est une grande lettre d’amour à la publicité. C’est un peu si la pub était contée à la manière de Sacha Guitry.

 

C’est aussi le recueil de vos souvenirs. Comment les avez vous choisis ?

Quand j’écris, comme quand je fais une campagne, je ne fais pas de plan. Je laisse courir l’inspiration. Mais tous ces récits partent d’une rencontre : Prévert, Dali, Gainsbourg ... J’ai toujours penser que la pub était un art, mineur mais un art et que plus on pouvait faire collaborer les artistes, plus on enrichissait cet art.

 

Quelle fut la rencontre la plus marquante ? 

François Mitterrand. Il a été mon second père. Il m’a donné de vraies leçons de vie sur les valeurs qui doivent mener le monde. Et puis, il adorait la publicité. C’était un bonheur de voir un Président devenir fils de pub.

 

Votre livre fourmille d’anecdotes …

Il y en a pratiquement une par rencontre.  Comme celle avec Onassis qui voulait créer le buzz pour lancer sa compagnie Olympic Airways et sa ligne directe Paris Athènes. C’était  un 1er avril et avec mes copains de France Soir, j’ai affiché à la Une du journal que la tour Eiffel allait être démontée et prêtée à la Grèce pour trois mois annonçant en fin de journal que c’était un canular. Cela a fait le buzz, les gens se rendaient au pied de la Tour Eiffel. Pour me remercier, Onassis me téléphone et me dit « je vous envoie un cadeau par mon avion personnel ». C’était une bouteille de champagne et hélas le champagne  était grec.

 

Pourquoi avoir choisi d’évoquer vos succès comme vos échecs ? 

Si on reste prisonnier de ses regrets, on n’avance pas. Il n’y a que les rêves qui peuvent nourrir le lendemain.

 

Le culot est-ils votre marque de fabrique ?

Plutôt le courage des idées. Ne jamais laisser tomber. Quand je présentais une campagne, j’étais près à m’allonger sur la moquette du directeur général - à l’époque c’était eux qui prenaient les décisions - jusqu’à ce qu’il accepte d’au moins entendre mon idée. Quand les créatifs ont une idée je fais tout pour qu’elle soit entendue.

 

Le métier a-t-il changé depuis l’arrivée des réseaux sociaux et la multiplication des écrans ? 

Je sens une redécouverte de la publicité par le grand public et un engouement des jeunes qui après une décennie de publiphobie sont en train d’ouvrir une décennie de publiphilie grâce au net. Ce dernier est un outil idéal pour véhiculer les publicités. A titre d’exemple, le spot des bébés d’Evian a été vu 200 000 millions de fois. En racontant l’histoire d’un demi siècle de publicité, je lance aussi les bases de la publicité de demain.

Publicité Evian Baby & Me, le dernier spot de la marque mettant en scène des bébés date d'avril 2013. 

Comment accueillez-vous le fait qu’un personnage du prochain « Astérix » s’inspire de vous ? 

Cela me fait rire. Je sais aussi que je suis le voyou de l’affaire parce que je conseille César. Mon métier de publicitaire étant de faire rire, de créer du rêve si ma modeste personne triturée par les caricaturistes peut servir à cela, c’est une bonne nouvelle. •

Coups de pub, Jacques Séguéla, Pygmalion, 19, 90 €. 

Repères : 
1964. A 30 ans, il se lance dans la publicité et réalise sa première campagne avec Jacques Prévert. 
 
1970. Il crée son agence Roux-Séguéla. Sept ans plus tard, il réalise sa première affiche politique pour le Parti socialiste et François Mitterrand. 
 
1980. Durant cette décennie, il signera les campagnes de François Mitterrand en 1981 et 1988. 
 
1990. Signe notamment pour Alain Afflelou le slogan On est fou d’Afflelou qui, trente-cinq ans après, perdure. 
 
2000. Après dix-neuf campagnes présidentielles victorieuses dans le monde, sa vingtième en 2002, pour Lionel Jospin, ne touche pas sa cible. 

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