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Timor oriental : un ancien guérillero élu président

L'ex-guérillero Taur Matan Ruak, ancien chef des forces armées, a été élu président du Timor oriental, au moment crucial où la jeune démocratie meurtrie par des décennies de conflits est appelée à assurer elle-même sa sécurité après le prochain départ des Casques bleus.[AFP]

L'ex-guérillero , ancien chef des forces armées, a été élu président du Timor oriental, au moment crucial où la jeune démocratie meurtrie par des décennies de conflits est appelée à assurer elle-même sa sécurité après le prochain départ des Casques bleus.

Taur Matan Ruak a recueilli 61,23% des suffrages au second tour de la présidentielle organisé lundi, l'emportant largement sur son adversaire, l'ex-président du Parlement Francisco Guterres, dit "Lu Olo", selon des résultats annoncés mardi matin par le secrétariat électoral.

Ces chiffres portent sur la totalité du dépouillement mais ils restent à être confirmés par la Cour d'appel à qui reviendra dans les prochains jours la tâche d'examiner d'éventuels recours.

Le général Taur Matan Ruak devrait ainsi succéder au président sortant, le prix Nobel de la paix José Ramos-Horta, éliminé au premier tour. La passation des pouvoirs est prévue en mai, au moment même où la toute jeune démocratie fêtera ses dix ans d'indépendance.

Les fonctions de président sont largement honorifiques, la couleur du gouvernement dépendant des législatives qui auront lieu le 7 juillet. Mais le chef de l'Etat bénéficie d'un prestige jugé crucial pour assurer la paix, tandis que les Casques bleus préparent leur retrait prévu pour fin 2012. L'ONU est présente depuis 13 ans dans ce confetti d'Asie du Sud-Est, situé sur une moitié d'île au nord de l'Australie et à l'est de l'archipel indonésien.

Comme pour rappeler la fragilité de la situation, une centaine de personnes ont attaqué vendredi à coups de pierres les bureaux d'un candidat à Dili, sans faire de victimes. Mais le scrutin de lundi s'est déroulé sans heurts.

"TMR", comme on le surnomme, a bénéficié du soutien de l'actuel Premier ministre Xanana Gusmao, président du CNRT, une formation de centre-gauche. Ancien instituteur issu d'une famille pauvre, Ruak a passé des décennies dans la jungle luttant avec la guérilla contre les troupes indonésiennes qui avaient envahi le Timor juste après le départ de la puissance coloniale portugaise, en 1975.

Né José Maria Vasconcelos, ses nombreux faits d'armes lui avaient valu d'être rebaptisé Taur Matan Ruak, un nom de guerre qui signifie "Yeux perçants" en tetum, langue vernaculaire du pays. Il avait gravi un à un les échelons de la résistance pour finalement prendre le commandement de la guérilla.

Après 24 ans d'un conflit qui a décimé plus du quart de la population, TMR avait tout naturellement pris la tête des forces armées, un poste qu'il n'a abandonné qu'en 2011. Militaire dans l'âme, c'est en treillis que ce général de 55 ans avait fait campagne pour la présidentielle, promettant d'instaurer le service militaire pour combattre le chômage endémique dont souffre le petit pays (plus de 20% de chômeurs).

Après 2006 et les violences qui avaient plongé le pays au bord de la guerre civile, un rapport de l'ONU avait recommandé son inculpation pour un trafic d'armes présumé qui aurait joué un rôle dans les heurts. Le rapport n'a pas été suivi d'effet.

Outre garantir une paix durable, le nouveau président devra également tenter d'extraire les 1,1 million de Timorais d'une pauvreté parmi les plus élevées en Asie, qui touche la moitié de la population.

La découverte d'un gisement d'hydrocarbures prometteur a fait naître l'espoir d'un développement économique, mais qui reste à concrétiser et qui fait craindre une trop forte dépendance du Timor oriental : plus de 90% des dépenses de l'Etat sont actuellement réglées avec l'argent de l'"or noir" et du gaz.

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