En direct
A suivre

Cuba prend les rênes de la Celac

Photo transmise par la présidence chilienne, via l'agance Uno, du président cubain Raul Castro lors d'un sommet à Santiago du Chili [Nadia Perez / Agencia Uno/AFP] Photo transmise par la présidence chilienne, via l'agance Uno, du président cubain Raul Castro lors d'un sommet à Santiago du Chili [Nadia Perez / Agencia Uno/AFP]

Cuba prend lundi les rênes de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac), entérinant la réintégration de l’île communiste au niveau régional, une reconnaissance diplomatique sans précédent à laquelle le président vénézuélien Hugo Chavez a apporté son soutien depuis son lit d'hôpital à La Havane.

"Nous savons que parmi nous, il y a des opinions diverses, et même des différences, mais la Celac a surgi sur un socle commun de 200 ans de lutte pour l'indépendance", a déclaré le président cubain Raul Castro, 81 ans, qui occupera officiellement la présidence de l'organisation régionale pour un an à l'issue du sommet lundi.

"La Celac n'est pas une succession de simples réunions ni de coïncidences pragmatiques sinon une vision commune de notre grande patrie" latino-américaine, a-t-il dit.

La Celac, contrairement à l'Organisation des Etats américains (OEA), ne comprend pas les Etats-Unis et le Canada.

L'entité régionale de 33 pays a été fondée lors d'un sommet à Caracas en décembre 2011 sous l'impulsion du président Chavez qui se remet d'une quatrième opération du cancer à La Havane.

Depuis son lit d'hôpital, M. Chavez a envoyé un message à ses homologues, lu par son vice-président Nicolas Maduro à Santiago.

Le président vénézuélien, hospitalisé depuis le 10 décembre, écrit notamment dans une lettre signée à l'encre rouge que "l'Amérique latine et les Caraïbes disent aux Etats-Unis d'une seule voix que toutes les tentatives pour isoler Cuba ont échoué et échoueront".

"Nous nous sommes engagés à donner tout notre soutien à Cuba qui occupe à partir de ce sommet de Santiago la présidence tournante de la communauté, c'est un acte de justice après plus de 50 ans de résistance au blocus criminel de l'empire" américain, a poursuivi M. Chavez.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff était également la grande absente du sommet, rentrée précipitamment dans son pays en raison de l'incendie catastrophique d'une discothèque.

La Celac est "un projet d'intégration ample, un processus de convergence politique, économique et sociale", a déclaré pour sa part le président chilien Sebastian Piñera, hôte de la rencontre et président sortant de l'organisation.

Ouvrant le sommet, M. Piñera a rendu "un hommage sincère et mérité" à trois personnalités politiques de la région, les ex-présidents brésilien et mexicain, Luis Inacio Lula da Silva et Felipe Calderon, et Hugo Chavez.

"Leur vision et leur leadership mais aussi leur ténacité et engagement ont joué un rôle déterminant" dans la création de la Celac, a-t-il assuré.

Pour sa part, la présidente argentine Cristina Kirchner a salué avec enthousiasme ce qu'elle a qualifié de "changement d'époque" en Amérique latine.

"Que Sebastian Piñera, président du Chili, transmette la présidence (de la Celac) à Raul Castro, président de Cuba, reflète les temps qui courent", a-t-elle assuré.

Le président uruguayen José Mujica, un ancien guérillero qui a passé 13 ans en prison, a célébré quant à lui "ce climat que nous sommes en train de vivre, entre gens qui pensent de manière très différente et cependant découvrent qu'ils doivent marcher ensemble".

"Jamais nous n'avons vu cela dans notre Amérique", s'est-il exclamé.

Cuba est soumis depuis 50 ans à un embargo américain, régulièrement rejeté lors des sommets ibéro-américains et à l'ONU qui a voté sa condamnation dans vingt résolutions successives de l'Assemblée générale.

Des gouvernements de la gauche démocratique latino-américaine, avec des orientations différentes, certains modérés comme le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Salvador, et d'autres aux accents plus radicaux comme le Venezuela, la Bolivie, l'Équateur et le Nicaragua, ont contribué ces dernières années à l'élan fondateur de la Celac.

Mais des gouvernements conservateurs comme ceux de Juan Manuel Santos en Colombie, de Felipe Calderon au Mexique et de M. Piñera ont également favorisé sa formation.

La page du passé n'est toutefois pas complètement tournée dans la région.

Le président cubain a fait ainsi l'objet au Chili d'une intense polémique attisée par une frange de la droite chilienne. Celle-ci accuse Cuba de "donner refuge" à des Chiliens soupçonnés d'avoir assassiné un sénateur et idéologue de la droite chilienne, Jaime Guzman, criblé de balles en 1991, après le retour du pays à la démocratie.

Le sommet de la Celac a suivi le sommet Union Européenne/Celac qui a réuni samedi et dimanche une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement de 60 pays des deux blocs.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités