En direct
A suivre

Espagne : enquête sur un meutre par un commando d'extrême-droite

Asier Gonzalez, le frère de Yolanda Gonzalez, le 8 mars 2013 à Madrid [Javier Soriano / AFP] Asier Gonzalez, le frère de Yolanda Gonzalez, le 8 mars 2013 à Madrid [Javier Soriano / AFP]

Les proches d'une étudiante dont l'assassinat par un commando d'extrême droite, en 1980, avait secoué l'Espagne en pleine transition post-franquiste, ont réclamé vendredi au gouvernement l'ouverture d'une enquête, après la révélation que l'assassin a pu travailler comme conseiller pour la police.

Étudiante, militante au Parti socialiste des travailleurs, Yolanda Gonzalez avait été tuée à 19 ans de deux balles dans la tête, le 1er février 1980, par un commando d'extrême droite qui la soupçonnait d'être membre du groupe armé séparatiste basque ETA.

Ce meurtre, l'un des plus brutaux de la transition démocratique après la fin de la dictature franquiste en 1975, avait ému toute l'Espagne.

Plus de trente ans après la condamnation, en 1982, de l'assassin, les proches de la victime, dont son frère, Asier Gonzalez, et sa soeur, Amaia Hethener, ont raconté avoir découvert "avec une grande douleur", lors de la parution d'un récent article dans le quotidien El Pais, que l'homme, sorti de prison en 1996, menait une nouvelle vie et avait même été employé par les services de police espagnols.

Vendredi, ils ont été reçus à Madrid par le chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, pour demander à savoir "à quelles enquêtes a participé" l'ancien détenu, a déclaré à la presse Asier Gonzalez. "Nous voulons que cela ne se reproduise jamais", a-t-il dit, ajoutant que les responsables du ministère "se sont montrés disposés à enquêter".

"Nous leur avons demandé qu'une enquête officielle soit ouverte", a-t-il précisé, ajoutant que le ministère avait pour l'instant simplement "demandé des informations à la police".

Les proches de Yolanda Gonzalez avaient réclamé cette entrevue après les révélations faites par El Pais, le 24 février, sur la nouvelle vie d'Emilio Hellin Moro, condamné en 1982 à 43 ans de prison pour l'assassinat de la jeune fille, non loin de Madrid.

Selon le journal, après avoir purgé 14 ans de prison et bénéficié d'une remise de peine, l'ancien militant du groupe d'extrême droite Fuerza Nueva, âgé de 63 ans, a changé de prénom.

La famille de Yolanda Gonzalez, le 8 mars 2013 à Madrid [Javier Soriano / AFP]
Photo
ci-dessus
La famille de Yolanda Gonzalez, le 8 mars 2013 à Madrid
 

Il s'appelle désormais Luis Enrique Hellin, a "pendant plusieurs années conseillé ou organisé des cours de formation pour les forces de sécurité de l'Etat et semble avoir participé à des enquêtes judiciaires", a affirmé Asier Gonzalez.

"Il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la même personne", a-t-il ajouté.

El Pais avait affirmé que Luis Enrique Hellin est "actuellement" conseiller en affaires criminelles de la Garde civile et participe à des enquêtes de police sur des affaires de terrorisme et de crime organisé.

Dès le 25 février, le ministère de l'Intérieur avait admis que Luis Enrique Hellin avait pu travailler dans ses services entre 2006 et 2011, via une entreprise de sous-traitance.

"Bien évidemment nous allons enquêter mais il semble qu'il s'agisse d'une embauche tout à fait ordinaire", avait déclaré le secrétaire d'Etat à la sécurité, Francisco Martinez.

"Nous avons ressenti une immense douleur en apprenant" que l'homme menait une nouvelle vie, a témoigné vendredi Amaia Hethener, qui vit en Charente, en France, depuis onze ans.

"Cela a ravivé toutes nos souffrances", a-t-elle ajouté. "Les souffrances vécues après son assassinat mais aussi lorsqu'il s'est échappé au Paraguay car ce fut aussi un moment très douloureux de voir que la personne qui avait tué notre sœur seulement sept ans auparavant, avait obtenu d'un juge un permis de sortie de six jours".

Les proches de Yolanda Gonzalez ont raconté qu'en 1987, Emilio Hellin avait profité de cette permission pour fuir, en utilisant un faux passeport, au Paraguay où il était resté trois ans. Il avait été retrouvé et ramené en prison en 1990, avant d'être finalement libéré en 1996.

Lors de la rencontre au ministère de l'Intérieur, les deux frère et sœur étaient accompagnés par le petit-ami de Yolanda Gonzalez à l'époque, Alejandro Arizkun, et son ancienne colocataire, Mar Noguerol.

Alejandro Arizkun a déclaré à l'AFP s'être senti "surpris et indigné" en découvrant la nouvelle vie d'Emilio Hellin.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités