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Aymeric Pourbaix : "Le pape François est un exemple de radicalité"

"Ce nouveau pape est inclassable", analyse Aymeric Pourbaix "Ce nouveau pape est inclassable", analyse Aymeric Pourbaix, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Famille Chrétienne[AFP / Osservatore Romano]

Il était encore inconnu du grand public mercredi soir. Il devient désormais possible de mieux cerner qui est Jorge Mario Bergoglio, élu pape sous le nom de François. L’éclairage d’Aymeric Pourbaix, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Famille Chrétienne.

 

Aymeric Pourbaix, directeur de la rédaction de Famille Chrétienne

 

Par rapport à ses prédécesseurs, le pape François s’inscrit-il dans la rupture ou dans la continuité ?

Assurément, le pape François s’inscrit dans une grande continuité. Déjà, lors du conclave de 2005, il aurait réuni une quarantaine de voix sur son nom. Mais au cours d’un repas, il aurait annoncé aux autres cardinaux son intention de voter pour Joseph Ratzinger qu’il voulait voir prendre la tête de l’Église.

Quels sont les éléments de continuité sur le fond ?

Comme Jean-Paul II ou Benoît XVI, le pape François sera très clair sur les questions liées à la morale familiale. Sur l’avortement ou l’euthanasie, par exemple, il a pris des positions très fermes lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires. A tel point que ses relations avec Kristina Kirchner ou le gouvernement étaient notoirement tendues.

Ce conservateur est pourtant un réformateur…

A l’instar de son prédécesseur, le pape François aspire à un profond renouvellement intérieur de l’Église. Et si Benoît XVI avait lancé cette entreprise avec sa culture bénédictine, très savante, le pape François devrait jouer la carte du renouveau par l’exemplarité de ce qu'il vit.

Sa sobriété reconnue par tous en sera le levier ?

Son austérité et son dénuement l’attestent en effet. Le pape François donne déjà un exemple de radicalité évangélique qui tranche avec un certain esprit bourgeois qui peut exister ici et là dans l’Église. On peut parler dans son cas d’une véritable aversion pour la mondanité spirituelle.

Que pensez-vous du choix du prénom François ?

Il est très révélateur. François d’Assise est le fondateur de l’ordre franciscain, un ordre mendiant. Or c’est grâce à ces ordres mendiants que l’Église s’est réformée au XIIIe siècle, quand des religieux se sont affranchis des cloîtres pour aller à la rencontre du peuple dans les villes.

Peut-on déjà dire qu’il y a un « style pape François » ?

C’est la simplicité. Symboliquement, on la repère dans sa manière de se vêtir. On raconte qu’à Buenos Aires, il sortait avec une vieille soutane. Cette simplicité garantit sa liberté qui est celle du missionnaire, indispensable en période de « nouvelle évangélisation ».

Allons-nous vers un pontificat « social » ?

Son origine sud-américaine, son souci des pauvres ne doit pas conduire au contresens. Jorge Mario Bergoglio a été confronté à la théologie de la libération lorsqu’il était provincial des jésuites en Argentine. Il a alors tout fait pour maintenir l’unité dans son ordre et pour préserver son caractère sacerdotal et religieux. Et quand on parle de son souci des pauvres, il serait plus juste de parler d’un souci des plus faibles, ce qui englobe les pauvres mais aussi les enfants à naître ou les vieillards en fin de vie.

On disait que Jean-Paul II était le pape de la morale et Benoît XVI le pape de la théologie. Ces catégories fonctionnent-elles pour le pape François ?

Ce nouveau pape est inclassable. Certes il s’engage dans des combats éthiques, mais toujours dans un but spirituel qu’il a à cœur d’expliquer, de faire comprendre. Il semble avoir une  grande liberté de ton et d'esprit dans tous les domaines.

Du point de vue liturgique, va-t-il suspendre les chantiers entrepris par Benoît XVI ?

Ce n’est pas son sujet premier, mais il ne va certainement pas défaire ce que son prédécesseur avait entrepris, dont le « motu proprio » qui libéralise la forme extraordinaire du rite romain. En revanche, comme Benoît XVI, il aura sans doute le souci de l’unité de l’Église, car c’est un pasteur, un homme de prière et un homme de Dieu.

Ses premiers actes publics laissent une large place à la dévotion mariale. Encore une spécificité ?

C’est ce qui m’a frappé en tout premier lieu : la récitation d’un Ave Maria depuis la loggia, à peine sorti de la Chapelle Sixtine. Tout comme la consécration ce matin du diocèse de Rome à la Vierge. C’est encore le signe que nous avons affaire à une figure très religieuse, qui aura une approche de la prière très parlante, d'une autre manière que Benoît XVI qui avait pour lui le génie de faire entrer dans l'intelligence de la foi.

Comment expliquer qu’une fois encore, tous leurs pronostics des médias se soient révélés faux ?

Nous faisons clairement face à un problème d’inculture religieuse. A quelques exceptions près, il n’y a plus de chroniqueurs religieux dans les médias. Mais cela n’explique pas tout. Un conclave est un processus très mystérieux. Tous, médias chrétiens ou non, nous avons été surpris. L’Esprit Saint n’entre pas dans les catégories du monde !

 

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