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Hongrie : pauvreté et malnutrition dans les campagnes du nord-est

Une famille prépare le déjeuner avec les enfants, à Miskolc, en avril 2012 [Peter Kohalmi / AFP/Archives] Une famille prépare le déjeuner avec les enfants, à Miskolc, en avril 2012 [Peter Kohalmi / AFP/Archives]

Les Hongrois vivant dans les campagnes subissent de plein fouet la récession et les mesures d'austérité concomittantes du gouvernement conservateur de Viktor Orban, souvent, ils ne peuvent plus manger à leur faim, alors que toutefois les enfants sont protégés par l'obligation pour leurs écoles de fournir trois repas par jour.

"La proportion des enfants atteints de malnutrition en Hongrie est attristante: 14,1%", a estimé l'Institut national de la santé des enfants (OGYI) lors de la publication d'un rapport fin 2012.

Dans le nord-est du pays, une des régions les plus pauvres de l'Union européenne, la situation est alarmante: la région est la plus touchée par le chômage qui atteint 32% -- contre 11% pour la moyenne nationale -- et peut s'élever jusqu'à 80 ou 100% dans les plus petits villages.

Elle était un centre industriel et agricole, avec la société des chemin de fer MAV, une importante usine métallurgique à Ozd et les nombreuses coopératives agricoles.

Depuis la chute de la dictature communiste en 1989, toutes les usines de la région près du village de Gemzse ont fermé: "Il y a un peu de travail journalier, surtout l'été, avec les champs de tabac. Je peux ainsi gagner sept à huit euros par jour. Mais, l'hiver, il n'y a rien du tout ici", a expliqué à l'AFP Ferenc Balogh, un habitant rom du village. "Nous vivons de l'allocation familiale, mais ça ne suffit pas. Alors nous empruntons aussi de l'argent à des usuriers. Le problème c’est que quand ils nous prêtent 10.000 forints, on doit en rembourser 20.000. C’est malheureusement notre seule solution pour continuer à vivre", a précisé sa femme, Erzsébet.

Pour éviter que les bénéficiaires des aides distribuées par le gouvernement ne les dépensent dans les bars, elles sont distribuées en coupons. Or, une partie des magasins n'acceptent pas ces coupons et les plus démunis -- faute de voiture ou d'argent pour les transports en commun -- n'ont pas les moyens d'y accéder: les usuriers leur achètent leurs coupons à un tiers de leur valeur.

Aujourd'hui, 210.000 familles auraient du mal à se nourrir dans le pays, d'après la banque alimentaire hongroise Elemiszerbank.

Et, principale conséquence de la pauvreté: les enfants ne mangent pas tous à leur faim, ils n'ont accès à des repas chauds qu'à l'école.

Les enfants concernés ne mangent à leur faim que dans les écoles des villages. A Gemzse, l’école de la communauté des frères évangéliques de Hongrie, une branche de l'église méthodiste qui administre six écoles dans la région depuis plus d'un an, fournit ainsi trois repas par jour aux enfants scolarisés.

Une vieille dame assise en face de son petit-fils, en avril 2012 à Miskolc [Peter Kohalmi / AFP/Archives]
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Une vieille dame assise en face de son petit-fils, en avril 2012 à Miskolc
 

Depuis une loi votée en 2011, les enfants scolarisés qui vivent dans des familles où le revenu mensuel par personne n'atteint pas les 37.000 forints (130 euros) reçoivent les repas gratuitement.

"La malnutrition, on s'en rend vraiment compte après les vacances et surtout après les week-ends: on voit à quel point les enfants ont faim. Pendant la première leçon, ils sont incapables de se concentrer. Ils n'attendent que la récréation, quand on leur sert leur premier repas de la journée", a expliqué à l'AFP l'enseignant Istvan Molnar.

Cette situation précaire des campagnes conduit les pauvres à manifester: ainsi, des "marches contre la faim" ont été lancées à travers le pays pour protester contre la réduction des aides sociales décidée par le gouvernement conservateur.

"Si on est pauvre, on n'a plus le droit de vivre en Hongrie. L'Etat fait comme si tout allait bien. Et pourtant, certaines provinces de l'est ou du sud décrochent du reste du pays", a souligné à l'AFP Imre Toth, un des initiateurs fondateur des "marches contre la faim".

Mi-février, un millier de manifestants, souhaitant alerter le gouvernement sur les problèmes de pauvreté en Hongrie, sont arrivés à Budapest après une marche de près de 300 km en deux semaines.

Coupes dans les budgets sociaux, loi punissant les sans-logis... les mesures d'austérité frappent les plus pauvres. Avec une économie en récession (recul du Produit intérieur brut de 1,7% en 2012) et une dette publique qui se monte à plus de 80% du PIB, l’Etat hongrois cherche à faire des économies. Et les premiers touchés, comme dans d'autres pays, sont d'abord les plus vulnérables.

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