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Des débats philosophiques dans des sites antiques grecs

Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP] Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP]

Les hauts lieux de la philosophie antique grecque, l'académie de Platon, le lycée d'Aristote ou la colline du Pnyx près de l'Acropole, inspirent cet été les philosophes du monde entier, venus respirer l'air de Socrate dans la Grèce contemporaine en crise.

"C'est très important de se trouver sur les lieux où la philosophie est née", se réjouit Tanella Boni, docteur en philosophie venue d'Abidjan (Côte d'Ivoire) pour participer à la 23e édition de ce congrès mondial, accueilli tous les cinq ans dans une ville différente, et pour la première fois à Athènes.

Que ce soit dans un amphithéâtre d'université, ou au milieu des lauriers et des pins du site bucolique du Pnyx --sur le lieu des premières assemblées de citoyens qui ont inventé la démocratie-- plus de 2.000 philosophes de 105 pays participent depuis lundi à ce congrès organisé par la Fédération internationale d'Etudes philosophiques (FISP).

Sous les oliviers centenaires, près de l'Acropole, les sagesses antiques et universelles se rencontrent: Un exposé sur "la sagesse pratique" de Confucius suit un cours sur "l'action pratique" de son contemporain Aristote, au 5e siècle avant notre ère.

Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013
 

Les Chinois, qui espèrent organiser chez eux le prochain congrès, sont venus en force, avec une délégation de 300 personnes, au lieu d'une trentaine lors des congrès précédents.

"Je suis très inspiré, non seulement par les lieux, mais surtout par les gens, qui, malgré la situation très difficile, se sont impliqués dans l'organisation du congrès", indique à l'AFP le professeur Tu Weiming, membre de l'Institut international de Philosophie, qui dirige la campagne pour que la Chine accueille le congrès en 2018.

"La philosophie revient à l'idée classique du +connais-toi toi même+ qui n'est pas uniquement occidentale, mais qui parle à chaque être humain", ajoute-t-il.

Outre la valorisation de l'héritage culturel, les congressistes réunis sous le thème général "la philosophie comme questionnement et mode de vie" ont ressenti les difficultés de la Grèce contemporaine, plongée dans la crise financière, et européenne.

Le philosophe allemand Jürgen Habermas, vedette du congrès, a abordé la notion de "Cosmopolitisme" devant ses pairs, et chaussé ses lunettes de théoricien de la sociologie pour mettre en garde l'Europe contre la montée des populismes ... devant la presse.

Durant la semaine, les lieux où enseignaient Socrate et Platon, ou le lycée d'Aristote, où les jeunes grecs étaient éduqués à devenir des citoyens il y a près de 2.500 ans, ont résonné de discours sur la "diversité" et "l'universalité" des idées philosophiques, de l'occident à l'orient.

"Une grande histoire et un héritage"

"La sagesse pratique confucéenne est définie comme action morale dans le sens d'une auto-transformation" alors qu'Aristote privilégiait "la perfection via la rationalité et le savoir", note le professeur Chen Lai de l'université de Tsinghua, en prononçant son discours sur fond de Parthénon.

Le philosophe Alexander Nehamas s'exprime lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Le philosophe Alexander Nehamas s'exprime lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 7 août 2013
 

Évoquant "des parallèles entre pensées grecque, chinoise ou musulmane", Marietta Stepanyants, professeure russe de philosophie comparée, soutient que "l'approche interculturelle permet d'atteindre une compréhension commune des valeurs, comme la démocratie ou la liberté".

"Tenir ce congrès ici en temps de crise est très important, car cela nous rappelle que la Grèce a une grande histoire et un héritage", ajoute-t-elle. "Et particulièrement pour les philosophes, car chaque endroit ici a une signification particulière".

Ainsi sur le site de l'académie de Platon (4e siècle avant J.C.), à deux kilomètres de l'Acropole, l'Italien Enrico Verti de l'Université de Padoue et le Japonais Noburu Notomi de l'Université Kyushu, ont analysé mardi l'apport aristotélicien dans le monde actuel.

Et jeudi, aux bords de l'ancienne rivière d'Ilissos où Socrate traitait de l'Eros, Myrto Dragona de l'Université d'Athènes et Jonathan Lear de Chicago ont examiné "la force stimulante de la psyché et de la pensée qui font de la beauté, de la vérité et de la morale suprême, le désir sublime".

De quoi transcender les problèmes du quotidien.

Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 4 août 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Le public écoute un philosophe lors du 23e congrès mondial de philosophie à Athènes, le 4 août 2013
 

"L'apport de la philosophie consiste à donner une perspective, une vision par-delà des problèmes du quotidien", souligne d'ailleurs l'Américain Scott Forschler, spécialiste de Kant.

Elle "émane de la vie ordinaire et non pas d'un pays particulier", ajoute-t-il.

Tanella Boni admet que la discipline "n'a pas toutes les réponses", notamment à la crise. "Mais elle pose des questions qui aident à clarifier la situation".

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