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Allemagne : visite "historique" d'Angela Merkel au camp de Dachau

La Chancelière allemande Angela Merkel tient un meeting, le 14 août 2013 à Seligenstadt, dans le centre de l'Allemagne [Daniel Roland / AFP/Archives] La Chancelière allemande Angela Merkel tient un meeting, le 14 août 2013 à Seligenstadt, dans le centre de l'Allemagne [Daniel Roland / AFP/Archives]

Angela Merkel, à Dachau mardi pour une réunion électorale à 33 jours des législatives, sera le premier chef de gouvernement allemand à visiter le camp de concentration de cette petite ville bavaroise.

La chancelière, en piste pour un troisième mandat, est attendue à 16H45 GMT dans ce camp proche de Munich où elle doit tenir un bref discours, déposer une gerbe et visiter ce qui reste des installations.

Angela Merkel, 59 ans, sera accompagnée par le président du Comité des anciens prisonniers de Dachau, Max Mannheimer, et par d'autres survivants. Seule une petite partie de la visite devait être ouverte à la presse.

M. Mannheimer, 93 ans, a oeuvré longtemps pour que Mme Merkel fasse ce voyage qu'il qualifie d'"historique". Il y voit un "signe de respect pour les anciens détenus".

Ce déplacement, dans le cadre de la campagne pour les élections régionales bavaroises du 15 septembre et des législatives fédérales une semaine plus tard, rencontrait un écho mitigé en Allemagne.

"C'est de mauvais goût", assénait la chef du groupe parlementaire des Verts (opposition), Renate Künast, dans le quotidien Leipziger Volkszeitung. "On ne fait certainement pas une telle visite en pleine campagne électorale, si l'on veut se recueillir sérieusement dans un tel lieu de l'horreur".

Le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung critiquait une visite "en marge d'un rassemblement électoral, lors d'une fête populaire, dans une tente où l'on boit de la bière". "Certes la chancelière a un agenda chargé. Mais depuis (son arrivée à la chancellerie en) 2005 elle aurait pu trouver le temps, lors de ses nombreuses visites à Munich de se rendre à Dachau", en grande banlieue de la capitale bavaroise.

En revanche, la présidente de la communauté juive de Munich, Charlotte Knobloch, estimait dans le Leipziger Volkszeitung: "Il est louable que la chancelière saisisse l'occasion de sa visite dans la région pour se rendre dans le camp de concentration-mémorial".

Dans son podcast hebdomadaire, samedi, Mme Merkel avait déclaré qu'elle se rendait à Dachau "avec un sentiment de honte et de compassion". "Car ce qui s'est passé dans les camps de concentration est et reste incompréhensible", avait-elle dit.

Une photo du 6 juillet 2013 montre l'ancien camp de concentration nazi de Dachau, dans le sud de l'Allemagne [Odd Andersen / AFP/Archives]
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Une photo du 6 juillet 2013 montre l'ancien camp de concentration nazi de Dachau, dans le sud de l'Allemagne
 

"Nous ne devons jamais nous résoudre à ce que de telles idées (d'extrême droite) aient une place dans notre Europe démocratique", avait-elle ajouté.

Pour Michael Wolffsohn, un historien de l'université de l'armée allemande à Munich, il n'y a pas de raison de penser que la très populaire Angela Merkel tente de capitaliser sur cette visite pour sa réélection.

"Il n'est pas très facile, dans ce pays, de soulever l'enthousiasme avec l'Histoire, en particulier celle du national socialisme", a-t-il expliqué au quotidien berlinois Tagesspiegel lundi.

"Néanmoins, quelque choses a changé ces dernières années, apparemment il n'y a plus de risque (politique) à visiter un camp de concentration nazi en pleine campagne électorale".

"Le choix de Merkel est personnel, et il est également un signe du changement de la relation des Allemands à leur histoire, qui devient moins crispée", a-t-il ajouté.

Le camp de Dachau avait ouvert en mars 1933, peu après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pour des prisonniers politiques. Ce fut le premier des camps nazis, et il servi de modèle.

Plus de 200.000 opposants politiques, homosexuels, juifs, handicapés, tziganes voire prisonniers de guerre y furent internés, dont l'ancien Premier ministre français Léon Blum, qui était juif. Plus de 41.000 d'entre eux y furent tués, ou moururent d'épuisement, de faim ou de maladie avant que le camp soit libéré par les Américains en avril 1945.

Aujourd'hui il reçoit quelque 800.000 visiteurs chaque année.

Selon le directeur des mémoriaux de Bavière, Karl Freller, l'intérêt est plus vif depuis le début, en mai, d'un procès à Munich de néo-nazis accusés de meurtre ou complicité de meurtre.

Mme Merkel a déjà visité d'autres camps de concentration nazis, notamment celui de Buchenwald en avril 2010 avec le président américain Barack Obama.

Et l'ancien président allemand Horst Köhler a assisté aux célébrations du 65e anniversaire de la libération de Dachau il y a trois ans.

Le voyage de Dachau interviendra à deux semaines d'une autre visite historique, celle du président de la République Joachim Gauck à Oradour, village français martyr des nazis.

Il sera le premier chef de l'Etat allemand dans ce village où les SS ont massacré la population, 642 personnes.

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