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Gaza transformée en décharge géante

Un employé palestinien collecte des ordures avec sa charrette tirée par un âne, le 26 novembre 2013 à Gaza  [Mahmud Hams / AFP] Un employé palestinien collecte des ordures avec sa charrette tirée par un âne, le 26 novembre 2013 à Gaza [Mahmud Hams / AFP]

Un enfant de dix ans mène sa charrette tirée par un âne entre les ordures qui s'amoncellent dans les rues de Gaza. Le territoire palestinien en est revenu à la traction animale pour suppléer les véhicules des éboueurs immobilisés par la pénurie de carburant.

Le garçon, Alaa, pieds nus, aide son père, Mahmoud Abou Jabal, 55 ans, à collecter les détritus dans ce quartier huppé de Gaza, où son attelage était jusqu'alors indésirable.

"Au début, nous ramassions les ordures autour de l'hôpital Al-Chifa, mais à présent nous le faisons aussi devant les maisons et les magasins", explique le père.

"Sans cette pénurie de carburant, nous n'aurions pas cette opportunité, ils nous payent 700 shekels (140 euros) par mois ce n'est pas assez pour répondre à nos besoins, mais c'est mieux que rien", raconte Mahmoud Abou Jabal, "je dois nourrir mes 12 enfants et l'âne".

Un employé palestinien collecte des ordures avec sa charrette tirée par un âne, le 26 novembre 2013 à Gaza  [Mahmud Hams / AFP]
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Un employé palestinien collecte des ordures avec sa charrette tirée par un âne, le 26 novembre 2013 à Gaza
 

Le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a mis en garde mercredi contre les conséquences du tarissement du trafic de carburant égyptien par les tunnels de contrebande sous la frontière avec la bande de Gaza, d'environ un million de litres par jour en juin, à entre 10.000 et 20.000 litres par semaine.

Cette pénurie, due à la démolition de centaines de tunnels par l'armée égyptienne, à la suite de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet, a entraîné l'arrêt le 1er novembre de l'unique centrale électrique de Gaza, où les coupures de courant atteignent désormais 16 heures par jour.

"Le secteur le plus touché est celui de l'eau et de l'hygiène", précise l'Ocha, soulignant que, faute d'électricité, l'une des principales stations de traitement des eaux de Gaza a cessé de fonctionner le 13 novembre, et plus de 35.000 m3 d'eaux d'égout ont débordé dans les rues d'un quartier de la ville.

"Nuées de mouches"

Le ministre des Municipalités du gouvernement du Hamas, au pouvoir à Gaza, a annoncé dimanche l'arrêt, faute de carburant, du ramassage des ordures par les véhicules des éboueurs, qui collectaient 1.700 tonnes par jour.

Les autorités ont retenu une partie des salaires de leurs fonctionnaires pour "employer 430 véhicules à traction animale", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse devant une décharge publique à proximité d'un stade du centre ville, remarquant les risques sanitaires de la situation.

Des eaux usées s'écoulent directement dans la mer, le 27 novembre 2013 à Gaza [Marco Longari / AFP]
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Des eaux usées s'écoulent directement dans la mer, le 27 novembre 2013 à Gaza
 

Le directeur général de la santé et de l'environnement de la municipalité de Gaza, Abderrahim Abou al-Qoumbaz, s'alarme du fait que "des centaines de milliers de tonnes de déchets s'entassent maintenant dans les rues de Gaza, attirant des nuées de mouches comme on n'en a jamais vu".

Une institutrice, Rim Abou Safia, doit empêcher ses élèves de s'approcher des déchets qui s'entassent près de son école "par crainte des maladies".

L'ONU prévient que d'autres stations de pompage des eaux usées dans le nord et le centre du territoire palestinien risquent de s'arrêter à leur tour, aggravant la situation.

En outre, le blocus israélien, qui affecte l'approvisionnement en pièces de rechange de matériaux de construction, menace la capacité des municipalités à entretenir les générateurs, de plus en plus sollicités depuis l'arrêt de la centrale, explique-t-elle.

Après la capture en juin 2006 d'un de ses soldats - libéré en 2011 - Israël a imposé un blocus à Gaza, renforcé en juin 2007 lors de la prise de contrôle de l'enclave par le Hamas.

"Nous supportons la pression du travail, aussi forte soit-elle, pour pouvoir vivre", soupire Mohammad Taramsa, 21 ans du camp de réfugiés de Chati, qui nourrit son âne avec les légumes trouvés dans les ordures, pendant que le contenu de sa charrette est vidé dans un grand container à côté d'une école.

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