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Décès de Natalia Gorbanevskaya, figure de la dissidence en URSS

La militante et poète Natalia Gorbanevskaya donne une interview à Prague, le 31 mai 2008 [Michal Cizek / AFP/Archives] La militante et poète Natalia Gorbanevskaya donne une interview à Prague, le 31 mai 2008 [Michal Cizek / AFP/Archives]

L’une des grandes figures de la dissidence soviétique des années 1960 et 1970, le poète Natalia Gorbanevskaya, est décédée vendredi à Paris à l’âge de 77 ans, ont indiqué à l’AFP ses amis à Moscou.

Natalia Gorbanevskaya avait participé à deux événements majeurs de la résistance au régime soviétique: la manifestation de sept dissidents le 25 août 1968 sur la place Rouge pour dénoncer l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie et la création de la Chronique des événements en cours, revue clandestine qui rendait compte des arrestations et condamnations d’opposants.

Arrêtée après la manifestation sur la place Rouge, elle avait été condamnée à l’internement dans un hôpital psychiatrique spécial à Kazan (800 km à l’est de Moscou) où elle avait reçu pendant plus de deux ans un traitement à base d’halopéridol, un neuroleptique utilisé pour lutter contre la schizophrénie qui a des effets secondaires physiques importants.

« Par rapport au camp, la grande différence, c’est qu’il n’y a pas de durée fixe à la détention dans un hôpital psychiatrique. On peut vous garder +jusqu’à la guérison+, jusqu’à ce qu’on considère que vous n’êtes plus dangereux. Chaque jour, on essaye de vérifier qu’on est toujours normal… Je vivais avec la peur de devenir folle», racontait Natalia Gorbanevskaya dans un entretien avec l’AFP en juin dernier à Moscou.

Libérée à la suite d’une intense campagne de soutien en Occident, la dissidente estimait que « de toutes les inventions du pouvoir soviétique, la psychiatrie punitive est l’une des plus odieuses ».

Natalia Gorbanevskaya restera aussi dans l’histoire de la dissidence en URSS comme celle qui a été en 1968 à l’origine de la Chronique des événements en cours, en 1968, la principale revue d’opposition, qui survivra pendant 15 ans, alors que ses rédacteurs successifs étaient systématiquement condamnés à de lourdes de peines de camp ou contraints à l’exil.

« Nous n’étions pas des héros. Tout simplement, à un moment donné, nous avons trouvé la force d’agir en accord avec notre conscience », estimait Natalia Gorbanevskaya qui, contrainte à l’exil, s’était installée à Paris en 1975 où elle a travaillé dans plusieurs organes de l’émigration russe, notamment l’hebdomadaire La Pensée russe et la revue Continent.

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