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Le scrutin en Ukraine loin d'être assuré

Le candidat indépendant à la présidentielle ukrainienne Petro Poroshenko lors d'un rassemblement de campagne à Konotop le 15 mai 2014 [Mykola Lazarenko / POROSHENKO PRESS SERVICE/AFP] Le candidat indépendant à la présidentielle ukrainienne Petro Poroshenko lors d'un rassemblement de campagne à Konotop le 15 mai 2014 [Mykola Lazarenko / POROSHENKO PRESS SERVICE/AFP]

La Commission électorale a appelé samedi les autorités de Kiev à agir au plus vite pour reprendre le contrôle de l'Est aux mains des séparatistes prorusses, à une semaine d'une présidentielle vitale pour l'avenir du pays mais où deux millions d'électeurs de l'Est pourraient être privés de scrutin.

Incapables de reprendre militairement le contrôle des régions de Donetsk et de Lougansk (est) malgré une opération militaire lancée le 13 avril, le gouvernement, né sur les barricades du mouvement de contestation de Maïdan en février, tente depuis peu une nouvelle approche en organisant des "tables rondes" pour renouer les fils du dialogue avec les Ukrainiens de l'Est.

Après une première table ronde mercredi à Kiev qui a vite tourné au dialogue de sourds, les principaux ministres du gouvernement, deux ex-présidents ukrainiens, des parlementaires et des dignitaires religieux, se rencontrent samedi à Kharkiv, un centre important de l'est de l'Ukraine.

Des Ukrainiens lisent des informations sur l'organisation du référendum à Lougansk le 10 mai 2014 [Dimitar Dilkoff / AFP/Archives]
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Des Ukrainiens lisent des informations sur l'organisation du référendum à Lougansk le 10 mai 2014

Pas plus qu'à Kiev, les séparatistes armés n'y seront toutefois représentés. Des personnalités politiques qui prônent une collaboration étroite avec Moscou seront certes présents mais leur voix ne porte pas jusqu'à Donetsk et Lougansk où ils sont souvent considérés par les séparatistes les plus convaincus comme des "traîtres".

La veille, les présidents Barack Obama et François Hollande ont menacé le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, de nouvelles sanctions. "La Russie devra faire face à des coûts supplémentaires importants si elle maintient son attitude provocatrice et déstabilisatrice", ont averti les présidents américain et français.

Washington et Bruxelles ont déjà pris des sanctions diplomatiques et économiques sans précédent contre des sociétés russes et des dizaines de personnalités russes dans le bras de fer diplomatique le plus intense entre Occidentaux et Russes depuis la chute de l'URSS.

 

- Menaces contre les commissions électorales -

 

Mais alors que la date du scrutin approche, la Commission centrale électorale a tiré la sonnette d'alarme. Dans un communiqué, l'institution se dit incapable de préparer et d'organiser le scrutin dans de nombreuses parties des régions de Donetsk et de Lougansk qui ont proclamé le 13 mai leur "souveraineté" après des référendums d'indépendance.

La Commission cite plusieurs cas d'antennes locales où la sécurité de ses fonctionnnaires n'est pas assurée et fait état de cas de "menaces et de pressions physiques contre les membres des commissions électorales".

Au total, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres officiels d'électeurs enregistrés dans ces commissions, près de deux millions d'électeurs, sur les 36 millions du corps électoral ukrainien, pourraient être empêchés de voter.

Selon un sondage récent, un tiers seulement des électeurs de l'Est se dit prêt à voter.

La Commission fustige "le refus ou l'absence de réaction" de la police et des services de sécurité quand des fonctionnaires viennent se plaindre des actions des séparatistes et a appelé le président par intérim Olexandre Tourtchinov à prendre des "mesures pour assurer la sécurité".

Vendredi, l'ONU avait dressé un tableau inquiétant de la "détérioration" de la situation des droits de l'Homme dans l'Est, énumérant les cas de torture, meutres, enlèvements et intimidations visant hommes politiques locaux et journalistes.

La haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, avait appelé les personnes disposant d’une influence sur les groupes armés "à faire tout leur possible pour freiner ces hommes qui semblent déterminés à déchirer le pays" dans une claire allusion à la Russie.

Selon le secrétaire général adjoint de l'ONU, Ivan Simonovic, 127 personnes, militaires ukrainiens, séparatistes prorusses, civils, sont mortes dans les "violents affrontements" entre les séparatistes et l'armée qui cherche en vain depuis un mois à reprendre le contrôle des régions.

Le rapport de l'ONU avait été fustigé par Moscou qui a accusé ses auteurs de remplir "une commande politique pour +blanchir+ les autorités autoproclamées de Kiev".

L'opération menée depuis un mois par l'armée ukrainienne pour reprendre le contrôle de l'Est a des objectifs précis: désarmer les groupes rebelles prorusses, libérer les bâtiments occupés (mairies, sièges de l'administration régionale, locaux de police et des services secrets) et rétablir l'autorité de Kiev dans ces régions où vivent quelque 7 millions d'habitants.

Mais pour l'instant, l'opération est un échec et les séparatistes continuent d'étendre leur contrôle.

Dernière preuve de l'impuissance de Kiev: des hommes armés ont pris vendredi soir sans faire usage de la force le contrôle du quartier général de forces spéciales du ministère de l'Intérieur de Donetsk.

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