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EIIL, le successeur d’al-Qaida ?

Photo prise à partir d'une vidéo de propagande diffusée par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le 11 juin 2014 et montrant un groupe de combattants réunis dans la province de Ninive en Irak[AFP]

La montée en puissance de l’organisation terroriste pourrait en faire la nouvelle menace majeure du terrorisme international. Elle représente désormais une concurrence directe pour al-Qaida.

 

L’annonce a fait l’effet d’une déflagration. En proclamant dimanche la naissance d’un califat situé à cheval sur l’Irak et la Syrie, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui se fait désormais appeler "l’Etat islamique", a envoyé un message dont la portée va bien au-delà du monde musulman.

Le mouvement, dirigé par l’autoproclamé "calife Ibrahim", affiche désormais son ambition de rassembler l’ensemble des mouvements jihadistes de la planète.

De plus en plus puissant, il apparaît comme un rival sérieux pour al-Qaida, qui peine pour sa part à retrouver un second souffle depuis la mort de son leader charismatique, Oussama Ben Laden, en 2011 au Pakistan.

Dans les pays arabes comme dans les chancelleries occidentales, l’émergence d’une nouvelle génération de terroristes inquiète au plus haut point. 

 

Le califat, un symbole inquiétant 

La création de ce califat, si elle reste essentiellement symbolique, apparaît pour "l’Etat islamique" com­me l’aboutissement d’une stratégie amorcée en 2013, lorsque le mouvement s’est affranchi de la tutelle d’al-Qaida et de son chef, Ayman al-Zawahiri. Dans la foulée, il avait lancé une vaste offensive en Irak, s’emparant notamment de Falloudja, la deuxième ville du pays, au mois de janvier.

Fort de plus de 5 000 combattants en Irak, 6 000 en Syrie et soutenu par d’anciens partisans de Saddam Hussein, des groupes salafistes et des tribus, il contrôle désormais une vaste zone qui s’étend de l’ouest de l’Irak à l’est de la Syrie.

"Al-Qaida affichait déjà son intention de créer un califat, mais c’est la première fois que l’on assiste à une telle proclamation dans la région, souligne Karim Pakzad, de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). L’Etat islamique revient aux débuts de l’Islam, lorsque le califat était considéré comme l’Etat de l’ensemble des musulmans le calife étant le successeur du prophète."

 

Une menace pour le monde 

Déjà présent à des degrés divers dans le sud de la Turquie, au Liban, à Gaza et en Indonésie, le mouvement jihadiste pourrait maintenant être tenté d’étendre son champ d’opérations, en lançant par exemple des actions en Jordanie ou en Arabie Saoudite, où il possède aussi des partisans.

Et s’il devrait s’abstenir dans un premier temps de lancer des opérations en Occident, il pourrait à l’avenir prendre la place d’al-Qaida en tant que principal soutien du terrorisme international.

Le scénario est d’autant plus crédible que, pour parvenir à ses fins, le mouvement dispose de moyens financiers importants : il a récemment mis la main sur la banque centrale de Mossoul (Irak), qui abritait plus de 310 millions d’euros en espèces.

"On assiste à l’émergence d’une nouvelle génération de terroristes, plus radicale, plus extrémiste et plus riche, analyse Karim Pakzad. Il faut s’attendre à ce que les ralliements se multiplient." 

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