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Après la sortie de route des dirigeants de l'UE, Juncker aux manettes

Le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker arrive au siège de l'Union européenne à Bruxelles le 16 juillet 2014 [Georges Gobet / AFP] Le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker arrive au siège de l'Union européenne à Bruxelles le 16 juillet 2014 [Georges Gobet / AFP]

Les dirigeants européens ayant été incapables de s'entendre sur les nominations à la tête de l'UE, Jean-Claude Juncker prend les manettes pour constituer sa Commission et permettre de compléter le puzzle à la fin du mois d'août.

Les chefs d'Etat et de gouvernement se sont séparés dans la nuit de mercredi à jeudi sans accord sur les noms du futur chef de la diplomatie, pour remplacer la Britannique Catherine Ashton, et du président du Conseil pour succéder au Belge Herman Van Rompuy.

Après la désignation fin juin du chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission qui doit entrer en fonction début novembre, ils avaient prévu de régler la question de ces deux autres hauts postes, avant que M. Juncker ne compose l'ensemble de son équipe au cours de l'été.

Mais la complexité de l'exercice a fait voler en éclat ce schéma, qui a été inversé. Il y a cinq ans, Mme Ashton et M. Van Rompuy étaient sortis du chapeau au tout dernier moment, mi-novembre, après le rejet de la candidature de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair pour la présidence de l'UE.

Cette année, l'échec a été dû en grande partie à l'intransigeance du nouveau chef du gouvernement italien Matteo Renzi, qui voulait imposer au poste de chef de la diplomatie sa jeune ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini.

Fort de son succès aux élections européennes, M. Renzi a tenté de passer en force. Mais il s'est heurté à un mur, notamment de plusieurs pays de l'Est, qui ne digèrent pas la position jugée trop conciliante de Rome vis-à-vis de Moscou dans la crise ukrainienne. "Il n'avait pas de plan B, pas de position de repli", a commenté une source européenne.

Les "nouveaux membres" font aussi monter les enchères. Ils étaient peu visibles dans les institutions formées en 2009, cinq ans seulement après leur entrée dans l'UE, et sont décidés cette année à gagner en influence, selon plusieurs sources européennes.

- Pas de plan B -

Outre la dimension géographique, les nominations doivent aussi respecter un équilibre entre droite et gauche, grands et petits pays, hommes et femmes, et même pour certains entre jeunes et vieux.

Autant d'exigences quasiment impossibles à satisfaire avec une poignée de postes. D'où l'idée de nombreux dirigeants d'intégrer la prochaine Commission dans le marchandage, avec la volonté d'obtenir les plus gros portefeuilles.

Mais M. Juncker, en vieux routier de la politique européenne, n'a pas voulu entrer dans ce jeu. L'ancien Premier ministre du Luxembourg veut garder la main sur sa future équipe. Il entend traiter en direct avec chaque Etat, à la fois sur le nom et sur les attributions des commissaires.

Chaque capitale va désigner son candidat d'ici la fin du mois de juillet. Près de la moitié l'ont déjà fait, notamment l'Allemagne et la Grande-Bretagne. La France devrait nommer l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, a confirmé une source proche de l'Elysée. "Notre candidat, il est pré-désigné, vous le connaissez", a indiqué cette source.

C'est en fonction des équilibres atteints au sein de l'équipe Juncker que se dénoueront les deux postes restés en suspens.

Tout le monde semble d'accord pour que la diplomatie revienne aux socialistes et même, selon le président François Hollande, à une femme. Mme Mogherini semble donc très bien partie pour finalement succéder à Mme Ashton. "Il n'y a pas beaucoup d'autre choix possible", souligne une source européenne. "Renzi en a la quasi-garantie", ajoute une autre.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk le 17 juillet 2014 à Bruxelles [John Thys / AFP]
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Le Premier ministre polonais Donald Tusk le 17 juillet 2014 à Bruxelles

Pour le Conseil, le jeu reste en revanche extrêmement ouvert. Plusieurs chefs de gouvernement ont été approchés, dont le Polonais Donald Tusk, mais personne ne semble pour le moment faire l'unanimité. La chancelière allemande Angela Merkel a assuré que la personne choisie devait avant tout avoir la capacité "à nous unir", "quel que soit son appartenance politique". "Il faut une personnalité" qui "rassemble", a renchéri François Hollande.

Les chefs d'Etat et de gouvernement se sont donnés l'été pour se concerter discrètement. Ils se retrouveront le samedi 30 août à Bruxelles.

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