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La Birmanie, hôte gêné d'une réunion sur les Droits de l'Homme

Un soldat birman garde le Centre de convention international birman pour la venue de la 47ème rencontre des pays de l'Asean le 8 août 2014 à Naypyidaw [Nicolas Asfouri / AFP] Un soldat birman garde le Centre de convention international birman pour la venue de la 47ème rencontre des pays de l'Asean le 8 août 2014 à Naypyidaw [Nicolas Asfouri / AFP]

La Birmanie, qui accueille cette semaine une réunion internationale, risque de se retrouver sur le banc des accusés, alors que les violences religieuses et les entorses à la liberté de la presse ternissent le bilan des réformes accomplies depuis trois ans.

Les réformes politiques et économiques lancées par le gouvernement quasi civil depuis la dissolution de la junte en 2011 ont été largement saluées par l'Occident qui a levé la plupart de ses sanctions.

Mais la communauté internationale s'est récemment inquiétée des arrestations de journalistes et de la montée du nationalisme bouddhiste qui a accompagné des émeutes meurtrières entre bouddhistes et musulmans.

Les ministres des Affaires étrangères des dix pays de l'Association des Nations d'Asie du sud-est (Asean) se réuniront vendredi à Naypyidaw, avant des réunions séparées samedi avec la Chine, les Etats-Unis et d'autres partenaires clé du bloc régional, puis une réunion de tous les pays invités dimanche.

Les discussions devraient être dominées par la question des différends territoriaux entre Pékin et plusieurs membres de l'Asean en mer de Chine méridionale.

Le président birman Thein Sein salue ses invités lors de la 47ème rencontre des pays de l'Asean le 8 août 2014 à Naypyidaw [Nicolas Asfouri / AFP]
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Le président birman Thein Sein salue ses invités lors de la 47ème rencontre des pays de l'Asean le 8 août 2014 à Naypyidaw

Mais certains participants devraient également soulever la question des droits de l'Homme dans le pays hôte, notamment le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Il va appeler le gouvernement à protéger toute la population et "à mettre en place de meilleures garanties pour les droits de l'Homme et les libertés fondamentales", a indiqué Danny Russel, secrétaire d'Etat américain adjoint en charge de l'Asie de l'Est et du Pacifique.

"De nombreuses puissances occidentales se sont beaucoup investies pour une transition birmane réussie, et des problèmes comme les violences religieuses et l'érosion de la liberté de la presse mettent en danger la façon de raconter cette histoire", a de son côté souligné Sean Turnell, de l'université australienne Macquarie.

- Encore un long chemin -

Les critiques contre le gouvernement birman seront probablement exprimées à huis clos, mais cela pourrait malgré tout donner à la Chine, qui a perdu sa place d'allié incontournable occupée sous la junte, l'opportunité de jouer à nouveau pour son voisin le rôle de bouclier, a-t-il ajouté.

Depuis la dissolution de la junte, des centaines de prisonniers politiques ont été libérés, la censure a été abolie et l'opposante Aung San Suu Kyi, qui a passé 15 années en résidence surveillée, est devenue députée.

L'ancien Etat paria aiguise également l'appétit d'investisseurs internationaux attirés par d'importantes ressources naturelles et une population de 60 millions d'habitants.

Mais le pays est toujours secoué par des combats sporadiques dans l'extrême nord entre l'armée et les rebelles de la minorité kachin, qui empêchent la conclusion d'un cessez-le-feu au plan national avec toutes les minorités ethniques.

Les violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait plus de 250 morts dans diverses régions du pays depuis 2012 provoquent également l'inquiétude de la communauté internationale.

Tout comme la condamnation en juillet à dix ans de prison avec travaux forcés de cinq journalistes pour un article accusant un complexe militaire de produire des armes chimiques.

Et à l'approche des élections cruciales de 2015 dont le parti de Suu Kyi est largement favori, les médias birmans risquent de subir de plus en plus de pression, selon un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.

"Je pense que Kerry réalise qu'il ne vient pas pour un tour d'honneur, ça va être plutôt difficile", a commenté David Mathieson, de Human Rights Watch.

Soe Thein, ministre attaché au président Thein Sein, a de son côté récemment réclamé de la "compréhension" face à certaines réformes qui ne se déroulent pas comme prévu. "Nous avançons sur le chemin de la démocratie, nous ne ferons pas demi tour", a-t-il promis.

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