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Kobané : recul des jihadistes après des frappes

La ville de Kobané, en Syrie, le 7 octobre 2014.[ARIS MESSINIS / AFP]

La pression s'accentue sur les grandes puissances pour empêcher la chute de la ville syrienne kurde de Kobané, où les jihadistes du groupe Etat islamique se sont retirés mercredi de certains quartiers après des frappes de la coalition.

 

La situation dans la 3e cité kurde de Syrie, "terrifiante" selon Washington, a embrasé certaines villes de Turquie, où au moins 14 personnes sont mortes dans des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants kurdes dénonçant l'inaction d'Ankara contre les jihadistes.

L'envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, a appelé à "agir immédiatement" pour sauver la ville des jihadistes. "La communauté internationale a le devoir de la défendre. La communauté internationale ne peut pas tolérer qu'une nouvelle ville tombe aux mains de l'EI" a-t-il lancé depuis Genève.

Les jihadistes sont entrés lundi soir, après près de trois semaines de siège, dans cette ville frontalière de la Turquie, où ils combattent rue par rue les YPG (Unités de protection du peuple kurde), moins nombreuses et moins bien armées mais aidées par les frappes aériennes de la coalition américano-arabe.

"La situation a changé depuis hier (mardi). Les YPG ont repoussé les forces de l'EI", a affirmé à l'AFP Idriss Nahsen, un responsable local, ajoutant que les frappes avaient été "utiles".

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a confirmé le retrait des jihadistes de plusieurs zones de l'est de la ville après des frappes aériennes contre leurs bases arrières qui "ont causé des victimes dans leurs rangs et endommagé au moins quatre de leurs véhicules".

Le président Barack Obama doit rencontrer mercredi les commandants en chefs des forces armées et faire le point sur les frappes aériennes menées par l'armée américaine et les alliés en Irak et en Syrie.

 

- Des rues 'pleines de cadavres' -

 

Le son des obus de mortiers et des tirs nourris était audible depuis la frontière turque mercredi matin, selon une équipe de l'AFP sur place, qui n'a pas fait état de frappes aériennes.

Mustafa Ebdi, militant et journaliste de Kobané, a affirmé sur son compte Facebook que "les rues du quartier de Maqtala", dans le sud-est de la ville, étaient "pleines des cadavres des combattants de Daesh", l'acronyme arabe de l'Etat islamique.

Mais des centaines de civils sont encore dans la ville, ajoute-t-il, ""la situation humanitaire devient difficile car les gens ont besoin de nourriture et de l'eau".

Il est très difficile d'évaluer le nombre de civils encore présents dans la ville, certaines sources faisant état d'une fuite totale de la population, tandis que d'autres, comme M. Ebdi, affirment qu'il reste des habitants.

Dans la nuit, selon Idriss Nahsen, 350 civils sont passés en Turquie, mais les services de renseignement turc les ont interpellés, les soupçonnant de liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ces civils sont pour l'instant retenus dans deux bâtiments dans un village à la frontière, et vont être transférés vers les prisons des villes de Sanliurfa et Diyarbakir.

"S'ils ne sont pas libérés, ils s'immoleront", a ajouté M. Nahsen, précisant qu'ils avaient déjà mis le feu à des couvertures dans la nuit.

 

- Dilemme turc -

 

Si les frappes aériennes ont quelque peu aidé les combattants kurdes à reprendre des positions aux jihadistes, elles ne suffiront pas à sauver la ville, ont mis en garde plusieurs experts. Une intervention de troupes au sol, arabes ou turques, Washington ayant exclu une présence autre qu'aérienne en Syrie, est seule à même de réellement inverser la tendance, souligne-t-on.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a plaidé mardi pour une opération militaire terrestre contre les jihadistes, mais le scepticisme demeure sur la possibilité de voir des troupes turques franchir la frontière.

"Vous croyez que c'est dans leur intérêt?", se demande ainsi une source gouvernementale française, soulignant le conflit non soldé d'Ankara avec sa propre minorité kurde.

Cela pourrait cependant être l'unique solution pour calmer la population kurde de Turquie, qui est descendue massivement dans les rues depuis lundi à l'appel de son principal parti politique. Au moins 14 personnes sont déjà mortes dans ces rassemblements, sévèrement réprimés.

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