Pour gagner l’Europe en évitant la mortelle Méditerranée, les migrants ont découvert une nouvelle voie et une méthode inédite : passer la frontière russo-norvégienne à vélo.
La ligne de démarcation, située au delà du cercle arctique à Storskog, s’avère être la plus au nord du territoire européen. Pour les migrants, le problème réside dans le fait qu’il leur est impossible de la traverser à pied, puisque cela est interdit par les autorités russes, ou escorté par un chauffeur, car la loi norvégienne empêche les conducteurs de transporter des personnes entre les deux frontières sans les papiers appropriés.
Pour faire face à cette problématique, les demandeurs d’asile ont pourtant trouvé la solution : ils passent la centaine de mètres séparant les deux territoires en utilisant un vélo, qu'ils achètent pour quelques dizaines d'euros. À leur arrivée en Europe – symbolisée par des poteaux rouges et verts et une barrière jaune -, ils laissent leur deux-roues derrière eux. Ils sont ensuite accompagnés par les autorités vers la ville de Kirkenes, à quelques kilomètres de là, où un refuge les attend.
Cette stratégie fonctionne tant et si bien qu'en Russie, le commerce de bicyclettes prospère. Ainsi, rien que pour le mois d’octobre plus de 1 100 personnes, venant de Syrie, d'Algérie ou encore d'Afghanistan, ont expérimenté la technique. En conséquence, à la frontière, près du poste de douane, les vélos, la plupart conçus pour les enfants, s’entassent. S'ils ils sont enlevés chaque jour pour partir à la déchetterie, d'autres les remplacent inlassablement.