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Le Parlement danois adopte une réforme pour saisir les biens des migrants

La réforme prévoit notamment de confisquer aux migrants leurs biens et liquidités dépassant les 1 340 euros. La réforme prévoit notamment de confisquer aux migrants leurs biens et liquidités dépassant les 1 340 euros. [JOHAN NILSSON / TT NEWS AGENCY / AFP]

Le Parlement danois a adopté mardi à une écrasante majorité une réforme décriée du droit d'asile qui vise, selon ses détracteurs, à dissuader les migrants de chercher refuge dans le pays nordique.

Accusé par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) de nourrir "la peur et la xénophobie", la réforme prévoit de confisquer les effets de valeur des migrants, de diminuer leurs droits sociaux et d'allonger les délais de regroupement familial.

Or, le vote a tourné au plébiscite : après quatre heures de débat et des mois de polémique, le texte présenté par le gouvernement minoritaire du Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen a recueilli 81 voix sur 109, soit près de 75% des suffrages exprimés. "Tant que le monde ne s'unira pas et ne trouvera pas une solution commune, le Danemark doit agir", a justifié le député Jakob Ellemann-Jensen, au nom du parti au pouvoir.

Vingt-sept élus de gauche ont voté contre la réforme, dont trois sociaux-démocrates qui ont refusé de suivre la ligne fixée par leur parti. Un parlementaire représentant le Groenland s'est abstenu, et 70 élus n'ont pas participé au scrutin. Les parlementaires écologistes et d'extrême gauche ont de leur côté livré un baroud d'honneur en multipliant les interventions.

"Dans les limites des conventions"

"Nous nous tenons dans les limites des conventions" signées par le Danemark, a assuré la ministre en charge des questions d'immigration, Inger Støjberg, "faucon" du gouvernement Rasmussen et bête noire des ONG. Réprouvé par les Nations unies, l'Union européenne, l'OSCE et les organisations humanitaires, mais fort du soutien de son opinion publique, le gouvernement n'a pas plié, estimant n'avoir plus les moyens d'accueillir davantage de migrants après avoir enregistré 21 000 demandes d'asile en 2015.

"À ceux qui nous critiquent, ma question est la suivante: quelle est votre alternative? L'alternative, c'est que nous continuions à être le pays le plus attractif d'Europe, et finir comme la Suède", a lancé le social-démocrate Dan Jørgensen. Copenhague pointe souvent du doigt son voisin suédois qui, en laissant sa porte grande ouverte jusque récemment, a créé un énorme appel d'air. 163 000 réfugiés  ont ainsi déposé une demande d'asile en Suède l'an dernier, soit cinq fois plus qu'au Danemark rapporté à leur population respective.

Bijoux confisqués, regroupement familial restreint

Si le Danemark durcit sa politique d'accueil des migrants, à l'instar de certains Etats de l'Union européenne, la polémique s'est surtout concentrée sur la confiscation des liquidités et des effets personnels des migrants, aux fins de financer le coût de leur séjour pendant l'examen de leur demande d'asile. Toute somme dépassant 10 000 couronnes (1 340 euros) et tout bijou valant plus devront ainsi être confisqués. Une disposition comparée par le Washington Post à la spoliation des juifs par les Nazis.

Les organisations internationales déplorent également les restrictions au regroupement familial : les demandes ne pourront désormais se faire qu’après trois ans (contre un an aujourd'hui). Une mesure qui risque d'inciter les réfugiés à emmener leurs enfants sur la route périlleuse de l'exil et surtout contrevient selon elles aux engagements internationaux du Danemark.

La réforme doit être maintenant soumise à la signature de la reine Margrethe II, pour une entrée en vigueur début février.

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