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Irlande : le Premier ministre admet l'échec de la coalition sortante

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny assiste au décompte des voix à Castlebar,le 27 février 2016 [PAUL FAITH / AFP] Le Premier ministre irlandais Enda Kenny assiste au décompte des voix à Castlebar,le 27 février 2016 [PAUL FAITH / AFP]

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny a reconnu samedi soir l'échec de la coalition gouvernementale sortante aux législatives, ouvrant la voie à de longues négociations pour la formation d'un gouvernement alors que les résultats définitifs n'étaient pas encore connus.

"Clairement le Fine Gael (le parti de centre droit de M. Kenny, ndlr) et le Labour ne devraient pas être reconduits et visiblement il va falloir attendre jusqu’à ce que le dépouillement soit terminé à travers le pays pour voir les possibilités qui se présentent", a-t-il dit sur la télévision publique RTE. Quelques minutes plus tôt, son ministre de la Santé avait fait un constat similaire.

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"La population a clairement décidé de ne pas réélire ce gouvernement et a infligé un sérieux revers à mon parti et au parti travailliste", a reconnu Leo Varadkar.

Il a jeté le trouble en affirmant ne "pas croire que l'obligation de former un gouvernement nous revienne automatiquement", laissant entendre que bien que son parti soit tout de même attendu en tête de ces élections, les autres partis peuvent aussi tenter de s'entendre pour former un gouvernement viable.

Selon les sondages de sortie des urnes, le Fine Gael récolterait entre 25 et 26% des suffrages. Le Fianna Fail, son concurrent traditionnel, arriverait en seconde position avec 21,8% ou 22,9% des votes devant le parti de gauche nationaliste Sinn Fein crédité de 14,9% ou 16% des votes.

Les candidats indépendants, les petits partis (Verts, sociaux-démocrates...) et des mouvements opposés à l'austérité verraient leur popularité en nette hausse, avec plus de dix points de mieux par rapport aux élections de 2011.

Ces estimations prévoient aussi que le gouvernement sortant ne rassemble qu'entre 55 et 68 sièges, loin des 80 nécessaires pour obtenir une majorité absolue.

A 22H00 GMT samedi, seuls 47 des 158 députés du Parlement étaient connus, au lendemain d'un scrutin où 3,2 millions d'Irlandais étaient appelés à s'exprimer.

Du fait du système irlandais de vote par préférences, qui nécessite plusieurs décomptes successifs, les résultats définitifs pourraient se faire attendre jusqu'à dimanche.

Coalition des frères ennemis ?

Dès samedi, le Sinn Fein a savouré sa nouvelle place de troisième parti du pays, avec 14,9% ou 16%, en hausse de cinq ou six points.

"Le changement est en marche", a déclaré Gerry Adams samedi, estimant que ce n'était plus qu'une "question de temps" avant l'élection d'un "gouvernement progressiste".

Face au vote morcelé des Irlandais, plusieurs scénarios étaient évoqués pour l'avenir: formation d'un gouvernement de "coalition arc-en-ciel" autour du Fine Gael, du Labour, de personnalités indépendantes et de petits partis. Organisation de nouvelles élections. Ou encore formation d'une coalition historique entre les deux frères ennemis, Fine Gael et Fianna Fail.

Cette dernière option a jusqu'à présent été écartée par les chefs des deux partis, Enda Kenny et Micheal Martin, mais était sur les lèvres de nombreux commentateurs samedi.

"Avec 46 ou même 50 sièges, le Fine Gael ne peut pas bricoler un nombre suffisant de sièges avec les petits partis pour obtenir les 80 dont ils auraient besoin", a estimé sur la RTE Michael Marsh, professeur au Trinity College de Dublin.

Selon lui, "soit il y a une autre élection, soit on les laisse cogiter pendant un mois et peut-être qu'ils peuvent en venir à penser à l'impensable".

Même analyse pour Adrian Kavanagh, de l'université de Maynooth, pour qui "l'option qui semble s'imposer est une coalition Fine Gael-Fianna Fail" car, dit-il à l'AFP, l'écart entre les deux partis "est beaucoup moins grand que prévu", ce qui les met "sur un pied d'égalité".

"Il va y avoir beaucoup de négociations. Si aucun des partis ne trouve un terrain d'entente, une période d'incertitude" débutera avec une possible nouvelle élection "dans deux ou trois mois", selon lui.

Un scénario qui rappelle la situation en Espagne où les socialistes n'arrivent pas à former un gouvernement, plus de dix semaines après les élections qui n'ont débouché sur aucune majorité claire.

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