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Le Royaume-Uni privé de fruits et légumes à cause du Brexit ?

Les fruits et légumes pourraient être parmi les premières victimes du Brexit.[JUSTIN TALLIS / AFP]

De nombreux producteurs de fruits et légumes s’inquiètent des conséquences du Brexit. Pour eux, il faut un régime adapté pour les travailleurs saisonniers, au risque de voir de nombreux produits de saison disparaître des étalages. 

Et pour cause, en cas d’activation de l’article 50 qui enclencherait le processus de sortie de l’Union Européenne, les travailleurs saisonniers, étrangers pour l’immense majorité, ne seront plus en mesure de venir au Royaume-Uni. Pour les principaux producteurs de primeurs, le risque est dès lors de voir de nombreuses productions se tourner vers l’étranger.

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«L’industrie risque de fermer»

Selon les chiffres communiqués par le Guardian, 90% des fruits et légumes britanniques sont cueillis, triés et emballés par 60 à 70.000 travailleurs venus de l’étranger, notamment d’Europe de l’Est. «Si nous n’avons pas la liberté de circulation, et qu’ils ne mettent pas en place un système de permis, alors l’industrie risque de fermer au Royaume-Uni», a notamment déclaré John Shropshire, président de G’s, l’un des principaux producteurs nationaux de légume, qui emploie notamment 2.500 travailleurs saisonniers. 

Pour John Shropshire, «aucun Britannique ne veut d’un emploi saisonnier dans les champs. Ils veulent des contrats longs, et un travail moins exigeant physiquement». À ses yeux «le gouvernement britannique doit décider s’il veut que nous puissions produire des denrées alimentaires ou pas». 

«Vous voulez que tous les produits frais viennent de l’étranger ?»

Angus Davison, président d’Haygrove une société productrice de cerise et qui emploie chaque année 800 travailleurs saisonniers, le risque est de devoir désormais importer les denrées alimentaires en masse. «Vous voulez que tous les produits frais viennent de l’étranger ? Il y aurait plus de risques autour de l’aspect sanitaire, la sécurité alimentaire de la nation ne serait plus assurée». En l’état, le Royaume-Uni importe déjà près de 50% des produits frais qu’il consomme. 

Le gouvernement semble être conscient du problème, mais entend respecter la demande du peuple de mieux contrôler l’immigration, comme l’a déclaré un porte-parole : «Rien ne change du jour au lendemain. La liberté de mouvement reste en place tant que nous sommes dans l’UE. Le peuple nous a clairement demandé le contrôle de l’immigration dans le référendum sur l’UE, et nous devons le respecter. Il y aura évidemment des défis à relever dans nos négociations pour quitter l’UE, mais ‘Brexit’ signifie ‘Brexit’, et nous allons en fait un succès». 

«On ne peut survivre sans leur apport»

Pourtant, les fruits et légumes ne sont pas les seules victimes possibles du Brexit. Le directeur général de la «National Federation of Meat & Food Traders» estime que l’industrie britannique de la viande est, elle aussi, tributaire des travailleurs saisonniers. «On ne peut survivre sans leur apport. Allez dans n’importe quel abattoir, ou dans n’importe quelle usine de transformation, vous verrez que les travailleurs saisonniers polonais ou portugais aident les abatteurs et font le sale travail, comme l’éviscération». 

La «Food and Drink Federation» affirme pour sa part que ses 7.000 entreprises membres emploient 130.000 travailleurs venus d’Europe de l’Est, soit plus d’un quart de leurs effectifs. «Si nous voulons rester compétitifs, nous devons rapidement rassurer les ressortissants de l’UE et leur assurer que ceux qui travaillent dans le secteur de l’alimentation et de la fabrication de boissons pourront toujours avoir accès au Royaume-Uni pour y travailler», a notamment déclaré son directeur général, Ian Wright.  

«Comprendre ce que nous allons perdre si rien n’est fait»

Laurence Olins, présidente du groupe industriel «British summer fruits» a pour sa part choisi d’alerter le gouvernement d’une façon assez originale. Elle a ainsi envoyé à Andrea Leadsom (Secrétaire d’État à l’environnement, à l’alimentation et aux affaires rurales) et à Amber Rudd (Secrétaire d’État à l’Intérieur) un grand plateau de fraises, de framboises et d’autres baies accompagné d’une lettre. «Je leur ai envoyé ce plateau pour qu’elles puissent comprendre ce que nous allons perdre si rien n’est fait». 

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