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Femmes et jeux vidéo : le «gamergate» frappe la Corée du Sud

Les femmes sud-coréennes subissent encore la pression d'une société marquée par le patriarcat[ED JONES / AFP]
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Le «Gamergate», une controverse au sujet de la misogynie supposée de la culture du jeu vidéo, a franchi un nouveau pallier en Corée du Sud. Kim Jaeyon, doubleuse de l'un des personnages de «Closer, l'un des jeux vidéo les plus populaires en Corée du Sud, a été renvoyée par son employeur pour un tee-shirt. 

Sur celui-ci, on pouvait lire «Girls do not need a prince» («les filles n'ont pas besoin d'un prince»). Posté par Kim Jaeyon sur son compte Twitter, le cliché où l'on pouvait voir ce tee-shirt a provoqué l'ire des fans du jeu produit par la compagnie Nexon qui a reçu de très nombreuses plaintes, parfois violentes, et la plupart du temps de nature sexiste, comem l'a rapporté la BBC.

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Nexon a réagi de manière assez brutale, déclarant que Kim Jaeyon serait payée pour son travail mais que sa voix ne serait finalement pas utilisée dans le jeu. Dans un communiqué, la société indique qu'elle a «entendu les préoccupations de la communauté «Closer»», et qu'elle a décidé de «chercher un remplaçant» pour le rôle initialement tenu par Kim Jaeyon.

Un message associé à un groupe féministe

Ce déferlement de violence à l'encontre de l'actrice semble s'expliquer par le fait que le message du tee-shirt est associé à un groupe féministe, Megalian. Ce dernier combat la misogynie et finance des procès intentés par des femmes contre des hommes accusés de les avoir maltraités, cela par l'intermédiaire de la vente de ce tee-shirt. Par ailleurs, Megalian est un groupe controversé et provocateur en Corée du Sud.

Son logo représente l'image d'un pouce et d'un index incliné de manière à représenter la petitesse. Or, ce logo est considéré par certains hommes coréen comme une référence à la taille de leur sexe, ce qui les offusque au plus haut point. Beaucoup n'apprécient pas Megalian et le font savoir par des insultes diffusées en ligne.

Mégalian affirme que le slogan dénonce l'idée masculine selon laquelle les femmes ont besoin des hommes pour les protéger. Alex Song, un activiste proche de Megalian, a déclaré à la BBC qu'une manifestation, qui avait réuni 300 femmes, avait été organisée contre le licenciement de Kim Jaeyon mais qu'un groupe d'hommes avait monté un contre-rassemblement et intimidé les participantes. Selon lui, la société sud-coréenne est encore très marquée par le patriarcat, ce qui explique ces réactions virulentes.

L'affaire a en tout cas relancé le débat sur la mysoginie dans les jeux vidéo, qui avait atteint son paroxysme en 2014 suite au harcèlement dont avait été victime la créatrice de jeux vidéo Zoé Quinn, qui avait eu le malheur d'évoquer le problème de la corruption dans le milieu des journalistes spécialisés dans les jeux vidéo. 

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