En direct
A suivre

Attentat de Gaziantep : la Turquie, une cible à part pour Daesh?

Une foule porte le cercueil d'une des victimes de l'attentat qui a fait 51 morts à Gaziantep. Une foule porte le cercueil d'une des victimes de l'attentat qui a fait 51 morts à Gaziantep. [ILYAS AKENGIN / AFP]

L'attentat qui a tué 51 personnes pendant un mariage kurde à Gaziantep, en Turquie, a «probablement» été perpétré par Daesh, selon Recep Tayyip Erdogan. Mais le groupe terroriste, qui n'a jamais revendiqué d'attaque en Turquie, est une fois encore resté muet. 

Cette absence de revendication a de quoi surprendre de la part de Daesh, toujours prompt à prendre la responsabilité d'attentats commis en son nom, y compris par des personnes qui n'ont parfois jamais mis les pieds en Syrie ou en Irak. Mais alors que les attaques d'Orlando ou de Nice ont fait très rapidement l'objet de communiqués, aucun des nombreux attentats commis sur le sol turc au cours de l'année écoulé n'ont été revendiqués par le groupe jihadiste. 

A lire aussi : Turquie: le kamikaze avait entre 12 et 14 ans selon Erdogan

Un silence qui n'a pas empêché les autorités d'attribuer à Daesh plusieurs attaques, dont le double-attentat suicide qui avait fait 103 victimes devant la gare d'Ankara en octobre 2015, l'attaque qui avait causé la mort de 12 touristes allemands dans le cœur historique d'Istanbul en février dernier, et le triple-attentat kamikaze qui a tué 47 personnes à l'aéroport Atatürk le 28 juin. 

De fait, les modes opératoires employés et les cibles choisies - des touristes, représentants de l'occident honni, et des kurdes, qui combattent Daesh sur le terrain en Syrie et en Irak - laissent peu de doutes quant aux auteurs de ces attaques. Mais pour de nombreux observateurs, les attentats commis en Turquie ne répondent pas à la même logique que ceux perpétrés dans le reste du monde.

La Turquie, un ennemi récent pour Daesh 

Alors que les attaques survenues dans le monde arabe, en Europe et aux États-Unis visent en particulier à assurer la propagande de Daesh par le biais de mises en scènes spectaculaires, celles commises en Turquie seraient plutôt des avertissements à l'égard de l'État turc, qui a longtemps laissé le groupe jihadiste se développer à ses portes sans intervenir, avant un récent retournement de position. 

Au cours de l'année écoulée, Ankara a en effet renforcé sa participation à la coalition militaire menée par les États-Unis contre Daesh, et intensifié la lutte contre le jihadisme sur son propre territoire, avec plus de 3000 arrestations depuis janvier, selon les chiffres du ministère turc de l'Intérieur. Dans ce contexte, les attentats font figure de représailles. 

Éviter la déclaration de guerre

Pour autant, celles-ci doivent rester implicites. Malgré son positionnement récent contre Daesh, la Turquie demeure un effet une zone stratégique pour de nombreux jihadistes, comme l'explique la journaliste spécialiste du pays Ariane Bonzon sur Slate.fr. C'est en effet un lieu de passage pour les recrues européennes du groupe, mais également une plaque tournante de tous les trafics qui lui permettent de se financer, ainsi qu'une base arrière où ses combattants peuvent être soignés.

Alors que la plupart des hopitaux syriens sont détruits, de nombreux jihadistes passent en effet la frontière turque afin d'être hospitalisés en tant que réfugiés, avant de repartir.

En revendiquant des attentats en Turquie, Daesh procéderait à une véritable déclaration de guerre contre ce pays. Cela entrainerait, d'une part, une rupture définitive de ces liens qui persistent pour l'instant malgré tout, et poserait au groupe terroristes des problèmes logistiques insolubles. De l'autre, cela risquerait de pousser la Turquie à une intervention militaire beaucoup plus musclée. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités